#Penelopegate : peut-on sauver le soldat Fillon ?

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 3 février 2017 à 16h55
Penelopegate Fillon Sortie Crise

Dix jours. Depuis le mercredi 25 janvier 2017, jour de l'explosion du scandale désormais baptisé pour toujours Penelopegate, François Fillon affronte une tempête dont l'ampleur et la force vont crescendo, attisée par les petites phrases et les nouvelles révélations.

Peut-il s'en sortir ? Oui, mais la fenêtre de tir est étroite.

D'abord, il est un fait certain : ne pas avoir jeté l'éponge après dix jours de tentatives de mise à mort, va bientôt devenir un atout pour François Fillon. Il plie, mais ne rompt pas. Si le vainqueur de la primaire de la droite et du centre réussit à passer le week-end - alors que des rumeurs insistantes prétendent que des amis bienveillants, à commencer par Gérard Larcher, le président du Sénat, deuxième personnage de l'Etat, devraient lui demander dimanche de renoncer -, son entêtement deviendra alors signe de forte capacité de résistance et de résilience.

Mais le soldat Fillon peut aussi tenter de se sauver lui-même, en changeant de ligne de défense. Si, jeudi dernier, lors de son intervention sur TF1, il avait préféré l'acte de contrition et l'aveu au déni et au combat chevaleresque pour défendre l'honneur de Pénélope, il aurait peut-être pu éteindre, au moins partiellement, l'incendie. Il aurait surtout rendu les nouvelles révélations moins croquignolesques, puisqu'en reconnaissant la faute (morale, mais pas légale), il coupait l'herbe sous le pied de ses détracteurs moralisateurs.

Fillon : il n'est pas trop tard pour demander pardon et reprendre la main

Et oui ! Lorsque l'on confesse une faute, et que l'on demande pardon, la révélation de nouvelles fautes, ou de la même, mais de plus grande ampleur, est rendue moins spectaculaire par l'aveu et ladite demande de pardon. Mieux encore : à la révélation de nouvelles turpitudes, l'on peut raisonnablement opposer non seulement le même aveu initial, et la demande de pardon déja formulée en amont, mais aussi demander, voire exiger, que le harcèlement cesse. La répétition des accusations transforme rapidement le lanceur d'alerte, le moralisateur, en bourreau, et l'accusé contrit, en victime.

Mais ce n'est pas la ligne de défense choisie par François Fillon jusqu'ici. De mon point de vue, fort d'une expérience de gestion de situations de crise (réelles ou simulées), il est encore possible pour François FIllon d'en changer, de choisir de reconnaître publiquement la faute morale et de demander pardon aux Français et à tous ceux qui lui ont fait confiance. Tout en continuant à affirmer que les emplois de son épouse et de ses enfants étaient parfaitement légaux...

Demander pardon, un geste de "faible" ? Certainement pas. Il faut au contraire beaucoup prendre sur soi pour reconnaître une faute, des fautes, les confesser publiquement et assurer dans la foulée que l'on a appris la leçon. Car c'est d'ailleurs ça, la deuxième partie du plan de sauvetage du soldat Fillon. Transformer la faute en opportunité de renverser la table. Qui mieux que celui qui a utilisé les failles ou les incohérences du système, "comme les autres", pour décider d'y mettre fin ? Quand on a payé le prix fort, pour une faute morale que bien d'autres hommes politiques (tous ou presque ?) ont commises ou commettent encore, on est légitime pour lancer l'opération "mains propres" !

Attentat du Louvre, tempête, peuvent éclipser le Penelopegate

Ce plan de sauvetage du soldat Fillon, dix jours après le début de la tempête, peut être renforcé par deux autres paramêtres, que personne, en gestion de crise, ne peut décemment ignorer.

L'attentat du Louvre, commis vendredi matin par un djihadiste présumé, que l'on n'appelle plus désormais déséquilibré, a immédiatement éclipsé le Penelopegate des chaînes d'information continue et des journaux et flashes radios. Nul doute que samedi matin, les quotidiens nationaux feront la Une sur ce nouvel attentat et sur la menace terroriste qui continue à planer sur la France. Reléguant en pages intérieures les derniers "rebondissements" de l'affaire Fillon !

Un deuxième paramêtre exogène pourrait contribuer par ailleurs à détourner un peu plus encore les projecteurs de François Fillon, et donc, cesser d'attiser la colère des Français. La tempête qui commence à frapper le sud-ouest, et à l'heure ou je publie ces lignes, le nord-ouest également, avant de balayer le pays samedi avec des vents pouvant parfois dépasser les 120 kilomètres-heure, va bien évidemment provoquer des dégâts. Et donner aux médias audiovisuels de quoi diffuser des tas d'images impressionnantes ou catastrophiques selon la violence des vents, et leurs conséquences sur les infrastructures !

Or, les médias obéissent à deux règles : la nouveauté chasse toujours l'ancien, même quand l'ancien bouge. Et le sensationnel, en particulier le catastrophisme, chasse toujours tous les autres sujets.

Oui, le soldat Fillon peut-être sauvé : question d'audace

Il y a donc bel et bien une fenêtre de tir pour sauver le soldat Fillon. S'il décide, par exemple, lors d'un meeting, donc, sans avoir à subir le feu roulant de questions, en ayant la possibilité de choisir très précisément ses mots sans être interrompu, relancé ou détourné, alors il peut transformer la colère des Français en compassion, transformer sa faute en opportunité de faire une grande lessive. Et si l'actualité, tentative d'attentat et tempête, occupent comme c'est prévisible l'essentiel du temps d'antenne sur les radios et les télés pendant le week-end, et font la une des journaux, alors, François Fillon peut s'en sortir.

Comment conclure ? Je ne prends pas d'énormes risques en proposant ce plan de sortie de crise, à part celui d'avoir eu raison. Rendez-vous lundi.

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Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin. Il est également intervieweur économique sur RTL dans RTL Grand Soir (en semaine, 22h17) depuis 2016.Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time. En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007.Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an.En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier. Il a également été éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018. Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont notamment "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ainsi que "le Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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