Monsieur le Président, nos habitants ne supportent plus de vivre en Absurdistan !

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Par Nicolas Dainville Publié le 14 janvier 2022 à 6h08
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50%Plus de 50% des cas de Covid-19 sont liés au variant Omicron en France.

OPINION

« Trop c’est trop ! » : voilà ce que me disent quotidiennement nombre de mes concitoyens de La Verrière, ville yvelinoise de 6000 habitants.

Certes, je ne suis pas un énième « expert » es crise sanitaire, simplement le Maire d’une petite ville populaire. Et aujourd’hui, je me permets de tirer la sonnette d’alarme. Oui, beaucoup de mes administrés sont à bout : exaspérés par des décisions déconnectées du réel et inefficaces ; fatigués par la multiplication de mesures d’exception sans fin ; inquiets du climat délétère qui gangrène notre société…

Elu de terrain, je peux témoigner de la grande générosité et du grand sens des responsabilités de mes concitoyens depuis le début la pandémie. Mais aujourd’hui, beaucoup perdent patience face aux incohérences des décisions nationales. Car si la guerre sanitaire n’est pas encore gagnée, une chose est sûre : la palme du concours Lépine des mesures absurdes a d’ores et déjà été remportée par l’Etat !

Petit florilège, hélas nos exhaustif… Certains pouvaient entrer en France « sans papier », mais il fallait une attestation « auto-signée » pour promener son chien ! Le masque a d’abord été jugé inutile – voire « dangereux » ! - avant de devenir obligatoire… à l’extérieur ! La bouteille de vodka était « essentielle » quand le livre, lui,ne l’était pas ! Descendre les pistes en ski était autorisé quand les remontées mécaniques, elles, demeuraient fermées ! Sans oublier le protocole sanitaire dans nos écoles qui est tout simplement impraticable sur le terrain !

Mais quand nos apprentis sorciers bureaucratiques arrêteront-ils leur ingéniosité normative totalement loufoque ? Car la folie administrative est malheureusement toujours en marche : il est désormais interdit de boire son café debout… ou de manger des chips dans un train sauf « nécessité » ! Cette infantilisation stérile est de plus en plus mal supportée par nos concitoyens… qui ont parfois l’impression de ne plus vivre en France, mais en Absurdistan ! Notre gouvernement serait-il devenu expert « en normalisation de la folie », comme le dit si justement Alexandre Jardin ?

Sans oublier les contradictions du « pass vaccinal » qui permettra à une personne vaccinée mais contaminée (donc contagieuse) de rentrer dans un restaurant… alors qu’un autre individu disposant d’un test négatif (donc quasi-indemne de toute contagiosité) mais non vaccinée en serait empêché… Allez comprendre ! Certes, les jeunes non vaccinés - qui sortent le plus - seront effectivement « emmerdés » dans leur vie quotidienne. Mais la vaccination du million de personnes fragiles et non vaccinées ne sera pas pour autant améliorée !

À ce jour, 92% des Français de plus de 12 ans sont vaccinés ; on a donc beaucoup travaillé en quantité. Mais pour protéger efficacement nos hôpitaux et soulager enfin nos soignants - remarquables de dévouement -, il faut en effet mieux cibler nos efforts de vaccination sur les personnes les plus fragiles, âgées et à risque de comorbidité, non vaccinées. Rappelons que 93% des patients en réanimation ont plus de 65 ans et que la médiane d’âge des décès est de 85 ans…

Monsieur le Président, je souhaite également vous relayer la crainte d’un grand nombre de nos concitoyens face à ces mesures d’exception… qui se transformeraient en règle durable. Car, si chacun est prêt à accepter des restrictions de liberté, c’est à condition qu’elles soient nécessaires, efficaces et momentanées.

Or, beaucoup craignent un basculement insidieux vers une société du soupçon et du contrôle permanent, plutôt que de la responsabilité et de la confiance. Non, la France ne doit pas emprunter la voie du « modèle chinois » avec ses sinistres « crédits sociaux » qui tracent le quotidien de chacune et chacun et distinguent arbitrairement les bons citoyens des mauvais individus ! Dans nos villes, le droit interdit à nos policiers municipaux de contrôler nos identités, pour préserver nos vies privées, mais un garçon de café peut aujourd’hui demander notre passeport pour nous servir un Coca cola… Où cela s’arrêtera-t-il ?

Enfin, Monsieur le Président, un grand nombre de mes concitoyens regrettent votre stratégie de stigmatisation. Et particulièrement, dans nos quartiers populaires, où beaucoup ont été en première ligne dès le début de la crise sanitaire et dont certains se voient aujourd’hui mis à l’index…

Pointer du doigt certains de nos compatriotes (qui n’ont, rappelons-le, enfreint aucune loi !), alors que vous êtes tenu de les représenter tous, n’aidera en rien à résoudre la crise et ne peut - au contraire - qu’ajouter à la tension.

Dans cette mécanique du bouc émissaire, « un seul d’entre eux est responsable de tout », écrivait René Girard. Or, toutes les personnes qui arrivent en réanimation ont comme point commun d’être fragiles, qu’elles soient ou non vaccinées. Elles ne doivent pas être culpabilisées, et encore moins désignées comme responsables d’une crise hospitalière, dont bien des dirigeants actuels sont, eux, comptables. Il est injuste de faire reposer l’engorgement des hôpitaux sur la faute d’une minorité non vaccinée, quand on sait que près de 18 000 lits ont fermé depuis 2017 et qu’aucune réforme concrète n’a été menée depuis le début de la crise sanitaire.

De même, est-il nécessaire de monter les uns contre les autres et de créer une catégorie de sous-citoyens, symboliquement déchus de leurs droits, dans un pays déjà tellement fracturé, à l’image de cet « archipel français » décrit par Jérôme Fourquet ?

« Il faut voir comme on nous parle », chantait Alain Souchon… Un État fort face aux faibles et faible face aux forts, ce n’est pas de l’autorité, mais de l’autoritarisme. Et jeter dans le camp des « obscurantistes » ceux qui ne partagent pas votre avis, c’est de la malhonnêteté intellectuelle, voire du populisme malsain.

Durant la crise, nous, élus locaux, aurons été au plus près de nos concitoyens, le plus souvent pour pallier les insuffisances de l’État. Ecoutez-nous enfin, Monsieur le Président : nos concitoyens ont accepté un nombre croissant de sacrifices, ils méritent davantage de respect.

La guerre sanitaire, oui. La guerre civile, jamais.

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Nicolas DAINVILLE, diplômé d’HEC et de Sciences Po, est Maire de La Verrière, ancien bastion communiste (Yvelines), Vice-Président de Saint-Quentin-en-Yvelines (emploi et insertion) et Vice-Président du Conseil départemental des Yvelines (enseignement supérieur).

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