Marine Le Pen veut-elle vraiment gagner l’élection présidentielle?

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 24 avril 2017 à 10h19
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L’image était frappante hier soir. Le discours de Marine Le Pen commentant les résultats avait quelque chose de glacé, de triste, de mécanique dans lequel on ne percevait pas l’envie d’être présidente. Quelques minutes plus tard, Emmanuel Macron prononçait des mots triomphalistes, posait ses mots: « Je souhaite devenir votre Président ». D’un côté, la défense, de l’autre, l’attaque.

Faut-il en déduire que l’envie se trouve dans un camp et pas dans l’autre?

La campagne en demi-teinte de Marine Le Pen

Rétrospectivement, certains ne manqueront pas de souligner le faible enthousiasme de la campagne menée par Marine Le Pen. L’obsession de la dédiabolisation a été portée jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à nier le projet de sortir de l’euro, et jusqu’à arrondir beaucoup d’angles sur les questions identitaires. Dans la pratique, l’essentiel de la posture nationaliste a consisté à dénoncer l’européisme et le mondialisme des autres candidats, sans véritablement porter le fer.

Faute de propositions concrètes qui marquent l’opinion, la campagne de Marine Le Pen a donc essentiellement consisté à surfer sur une victoire promise, dont les résultats finaux montrent les limites: non seulement le Front National est loin des 30% annoncés, mais la candidate du Front ne termine qu’en seconde position. Certes, elle a réuni plus de 7,6 millions de voix, mais… avec une campagne plus « nerveuse », elle aurait sans doute pu faire bien mieux.

Le front républicain, certes, mais l’envie…

En écoutant Marine Le Pen, hier soir, on entendait déjà le discours dénonçant le front républicain qui devrait théoriquement faire perdre Marine Le Pen au second tour. Le Front National annonce sa défaite, ou l’intériorise avant qu’elle n’ait lieu. La question est de savoir si, sans front républicain, Marine Le Pen remporterait l’élection.

Rien n’est en réalité moins sûr. Pour gagner au second tour, il ne suffit pas d’une arithmétique complexe. Il faut aussi une envie, et une rencontre avec le peuple français. Marine Le Pen n’a ni clairement exprimé la première, ni connu la seconde. Elle dispose désormais de quinze jours pour tenter cette alchimie dont elle aurait besoin même si la totalité des forces politiques ne cherchait pas à la faire perdre.

Qui a une vision claire de la société proposée par le Front National

Sur le fond, le Front National a probablement réussi une part de sa dédiabolisation, mais il n’a pas encore expliqué quelle société il voulait. En dehors d’une rupture (floutée par Marine Le Pen) avec l’Union Européenne, et de quelques mesures ponctuelles, en dehors d’un durcissement des règles en matière d’immigration et de nationalité, on peine à saisir « l’identité » du projet frontiste. Paradoxalement, la grande faiblesse du programme du Front National est de ne pas être enracinée dans la société française.

C’est le travail qui reste à mener, d’une certaine façon: celui de l’enracinement d’un programme dans l’opinion publique.

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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