La France perd le contrat du siècle avec l’Australie

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Par Paul Laurent Modifié le 16 septembre 2021 à 15h14
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90 milliards de dollars australiensLe contrat entre l'Australie et la France était chiffré à 90 milliards de dollars australiens

L’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont lancé mercredi 15 septembre 2021 un nouveau partenariat de sécurité menant à la fin du contrat reliant la France à l’Australie pour la vente de sous-marins.

Sous-marins, un contrat de vente à 56 milliards d’euros

Pour faire face à la menace chinoise et pour sécuriser la zone Indo-pacifique, les Etats-Unis ont annoncé un nouveau plan de défense, le plan « AUKUS ». « La première grande initiative de «AUKUS» sera de livrer une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire à l'Australie », a déclaré le premier ministre Australien Scott Morrison, lors d’une visioconférence avec le premier ministre britannique Boris Johnson et le président des Etats-Unis, Joe Biden. Cette annonce inédite a eu pour conséquence la rupture immédiate d’un énorme contrat avec la France pour la vente et la livraison de sous-marins conventionnels.

Le contrat passé en 2016 entre l’Australie et la France était chiffré à 90 milliards de dollars australiens, c’est-à-dire 56 milliards d’euros. Le ministre des Affaires Étrangères, Jean-Yves le Drian, a déclaré que cette nouvelle était « une décision contraire à la lettre et à l'esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l'Australie, fondée sur une relation de confiance », dans un communiqué de presse conjoints des ministères de la Défense et des Affaires Étrangères. « Le choix américain qui conduit à écarter un allié et un partenaire européen comme la France d'un partenariat structurant avec l'Australie, au moment où nous faisons face à des défis sans précédent dans la région Indopacifique marque une absence de cohérence que la France ne peut que constater et regretter », a ajouté le ministre des Affaires Étrangères.

Un revers pour l’industrie de défense française

Le pacte « AUKUS » comprend également une collaboration entre les trois pays en matière de cyberdéfense, de technologies quantiques et d’intelligence artificielle. « La décision que nous avons prise de ne pas continuer avec les sous-marins de classe Attack et de prendre un autre chemin n’est pas un changement d’avis, c’est un changement de besoin », a déclaré Scott Morrison, lors de la déclaration qui a rompu le contrat qui le liait à l’entreprise française de défense maritime, Naval Group. Pour le groupe industriel français, il s’agit d’une « grande déception ». « Le Commonwealth d'Australie n'a pas souhaité engager la phase suivante du programme, ce qui est une grande déception pour Naval Group qui proposait à l'Australie un sous-marin conventionnel de supériorité régionale avec des performances exceptionnelles », a déclaré le groupe dans une déclaration. Celui-ci ne perdra pas d’argent et va négocier des conditions de résiliation avec l’Australie.

Cette décision géopolitique n’a pas plu à tout le monde. La Chine a réagi en qualifiant la création du groupe de défense « AUKUS » liant l'Australie aux Etats-Unis d’une décision complètement irresponsable. De son côté, la Nouvelle-Zélande, qui interdit l’accès à ses eaux territoriales à tout navire à propulsion nucléaire depuis 1985, a indiqué qu’elle ne lèverait pas cette interdiction pour ses voisins australiens.

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