Mercredi 23 novembre, devant l’Association des journalistes parlementaires, Marion Maréchal-Le Pen a reconnu que François Fillon représentait davantage un danger qu’Alain Juppé pour le Front national.
La percée de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite et du centre a été une surprise pour tout monde, le Front national y compris. Une mauvaise surprise pour le FN à en croire Marion Maréchal-Le Pen. « Fillon nous pose un problème stratégique », a-t-elle reconnu devant l’Association des journalistes parlementaires. « Il est le plus dangereux pour le FN. »
« Avec Juppé, ce serait plus clair », a-t-elle ajouté. Mais la députée FN ne se lamente pas pour autant. Selon elle, les positions fermes de Fillon notamment sur des thèmes chers au FN à l’instar de l’immigration ou de la souveraineté « ne sont que des manœuvres mensongères ». « En réalité, il est pour l’Europe », poursuit-elle. « Il ne remettra pas en cause la loi Taubira et mènera la même politique sur l’immigration que celle qu’il a menée avec Sarkozy. Il y aura donc beaucoup à dire, et beaucoup à redire. Ce sera projet contre projet. »
Un électorat catholique partagé ?
Ce que craint Marion Maréchal-Le Pen c’est que les électeurs tentés par le Front national, par rejet de Nicolas Sarkozy, se tourneront plus facilement vers François Fillon. Cet électorat en commun n’est pas l’électorat de la ligne Philippot, plus étatiste et laïc, mais bien la ligne de la jeune députée plus libérale et conservatrice. « L’électorat de François Fillon est essentiellement composé de CSP+, urbain et plutôt masculin », estime-t-elle pour se rassurer. « Nous, nous parlons aux classes populaires des périphéries urbaines. »
Et de regretter : « Nous aurions dû être alertés par les signaux qu’il a adressés aux catholiques et à la droite hors les murs, à la Manif pour tous en particulier. Nous ne l’avons pas vu, pas plus que les médias au demeurant. »
Il est clair que sur les sujets sociétaux, de nombreux électeurs ont été déçus par le discours de Marine Le Pen, très en retrait notamment à l’occasion des débats autour de la loi Taubira. Mis de côtés les sujets européens, difficile de faire la part des choses entre la ligne Fillon et celle de Marion.