Le Kazakhstan s’impose comme un acteur incontournable de la mondialisation

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Par Maxime Filandrov Modifié le 25 mars 2021 à 16h03
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179,3 MILLIARDS $Le PIB du Kazakhstan était, en 2018, de 179,3 milliards de dollars.

Courtisé par la Chine, la Russie et les pays européens, le Kazakhstan continue son développement à la faveur du passage sur son territoire des nouvelles « routes de la soie ». Si Paris a bien signé un partenariat avec Nur-Sultan, la France aurait tout à gagner à intensifier ses relations avec ce grand pays au positionnement stratégique pour les échanges entre l’Europe et l’Asie.

Le Kazakhstan deviendrait-il l’une des principales plaques tournantes du commerce international ? L'immense pays d'Asie centrale s'impose déjà comme un point de passage privilégié des nouvelles routes de la soie (« Belt and Road Initiative », en anglais - BRI), ce pharaonique projet chinois – à la fois politique, diplomatique, économique et logistique – devant faciliter le transit de marchandises depuis l'Empire du Milieu vers l'Europe. A ce titre, ce n'est pas un hasard si Xi Jinping a choisi, en 2013, de dévoiler les premiers contours de cette nouvelle stratégie chinoise au Kazakhstan, pays qui s'est, depuis, hissé au premier rang des priorités de Pékin en matière d'investissements.

Un emplacement stratégique

Le Kazakhstan est ainsi devenu le leader du transit des produits chinois vers le Vieux continent. En témoigne l'augmentation ininterrompue du nombre de conteneurs internationaux passant par le territoire kazakhstanais. En 2019, 664 600 équivalents vingt pieds (EVP, une unité de mesure de conteneurs) ont ainsi transité par le pays, soit un volume en hausse de 25% par rapport à l'année précédente. Grâce à d'importants investissements dans ses infrastructures routières et ferroviaires, le Kazakhstan fait figure d'itinéraire privilégié pour les marchandises chinoises, et ce, au détriment des autres routes centrasiatiques.

Idéalement situé entre la Chine, la Russie et l'Europe, le pays profite donc à plein de cet emplacement stratégique, certains n'hésitant pas à réactiver à son propos le concept d' « Heartland », inventé par le géographe britannique Halford John Mackinder en 1904. A l'image de Pascal Lorot, représentant spécial du ministre français des Affaires étrangères pour la diplomatie économique en Asie centrale, selon qui « le cœur de l'Eurasie, le fameux heartland si cher à Mackinder, se situe en Asie centrale, une région carrefour dont l'importance stratégique ne cesse de se renforcer avec les nouvelles routes de la soie ».

Un pays dynamique s’ouvrant au monde

Signé en 2008 et ratifié deux ans plus tard, un partenariat stratégique lie désormais la France au Kazakhstan. Mais, regrette le chercheur Barthélémy Courmont dans une tribune, « alors que le Kazakhstan s'affirme de plus en plus sur la scène internationale et se fait courtiser par la Chine, la Russie, la Turquie, mais également par nos partenaires allemands, britanniques ou outre-Atlantique décrochant des projets succulents, Paris se contente d’observer des opportunités qui lui glissent entre les mains ». La France a donc tout intérêt à intensifier ses relations avec le Kazakhstan si elle ne veut pas se laisser distancer par ses concurrents, alors même que le pays annonce vouloir s’engager sur la voix d’une libéralisation tant attendue.

En effet, contrairement à certains de ses voisins centrasiatiques, le Kazakhstan a entamé une progressive mais résolue transition politique. Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, le nouveau président Kassym-Jomart Tokayev, a ainsi fait de la « confiance » et d'un « Etat à l'écoute de ses citoyens » les piliers de son mandat. Des concepts qui resteraient creux s'ils ne se traduisaient concrètement dans la vie politique et institutionnelle du pays : meilleure représentation des jeunes et des femmes au Parlement ; création d'un Conseil national de la confiance publique ; abaissement du seuil pour créer un nouveau parti politique ; renforcement de la présence de l'opposition parlementaire ; etc. Ces progrès méritent une attention bienveillante des partenaires européens pour bâtir une relation de qualité inscrite dans la durée.

C’est dans ce contexte prometteur que BpiFrance et le fonds souverain du Kazakhstan, Samruk-Kazyna, ont annoncé le 30 octobre dernier le lancement d’un partenariat de co-investissement de 100 millions d’euros, dédié aux PME et ETI françaises et kazakhstanaises afin de contribuer au développement des relations d’affaires entre les deux pays. Espérons que cette initiative soit suivie d’investissements public et privé plus importants encore, y compris dans des domaines où la France excelle, comme la gestion de l’eau ou l’empreinte environnementale des grands projets en cours.

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consultant en coopération industrielle et commerciale, précédemment directeur corporatif de Carrefour en Russie, expert de l’OSCE et représentant de la Commission européenne à St-Pétersbourg.

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