Les gilets jaunes n’existent pas !

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Par Patrick Crasnier Modifié le 4 décembre 2018 à 11h12
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OPINION

Ce mouvement qu’on appelle « gilets jaunes » protéiforme et morcelé n’existe que parce que tout le monde en parle, dans la réalité ce mouvement n’a pas de réelle existence, de là vient une partie du problème.

Au départ nous avons eu une sorte de « révolte » contre le prix des carburants, le gilet jaune détenu obligatoirement dans chaque véhicule, a été le symbole de cette « révolte ». Les automobilistes en colère, la France entière d’accord avec cette colère légitimement partagée. Rappelons quand même que la taxe Carbone est le résultat de la Cop 21, défendue par les écologistes avec Nicolas Hulot à leur tête. Que cette taxe a été mise en place par Ségolène Royal, contre l’écologie punitive mais pour la taxe carbone. Allez comprendre !

Cette mobilisation des automobilistes a cristallisé ensuite l’ensemble des revendications mal ou pas exprimées. Elle a mis dans une sorte de melting pot à la fois les revendications légitimes de ceux qui ont des difficultés financières, les revendications politiques plus ou moins légitimes, pour finir par englober tout ce qui râle.

Elle est loin la revendication pour le prix des carburants, le gouvernement a enfoncé le clou rouillé de « Il faut payer pour sauver l’environnement » ce qui est faux, argument auquel personne n’adhère, même pas ceux qui le défendent. Les gilets jaunes ou appelés comme tels sont restés, plus divisés que jamais, plus incohérents que jamais dans leurs revendications et maintenant de plus en plus « violents ». Bien sûr il fallait s’y attendre, entre les tentatives de récupération politique refusées par l’ensemble des manifestants, les mauvais coups portés par les syndicats qui auraient du être en pointe de certaines revendications, et le mépris de l’état.

Aujourd'hui je crois sincèrement que l’on peut l’affirmer, les gilets jaunes n’existent pas. Bien sur les médias en parlent, mais en les citant ils parlent de qui, de quoi ? Bien sûr les politiques en parlent, du bout des lèvres, mais sans savoir à qui ils s’adressent. Pour couronner le tout, le gouvernement et le président de la république cherchent « un leader » avec qui négocier. Marrant de chercher un leader d’un mouvement inexistant, marrant de vouloir négocier alors qu’aucune demande cohérente ne se concrétise.

Ce qui est remarquable dans cette « révolte » c’est qu’on y rencontre tout et n’importe qui. Cela va des militants de RN présents c’est certain, mais aux côté de militants de FI. On y rencontre des soutiens de Dupont Aignan, de Wauquiez, de Mélenchon ou de Marine Le Pen. Les seuls que l’on ne rencontre pas sont ceux qui soutiennent encore Macron et son grand orchestre. Il est donc facile d'affirmer que 80% des Français sont pour les « gilets jaunes » alors que l’on devrait dire seulement 80% des Français sont contre la politique de Macron.

Une auberge espagnole dans laquelle chacun y apporte ce qui est « son problème » cela ne fait pas un mouvement mais cela fait une énorme déstabilisation d’un pays. En Mai 1968 nous avons d’abord eu une révolte étudiante, un ras le bol de la politique du Général de Gaulle, une volonté d’un nouveau monde, une crise identitaire de la jeunesse. Bien sûr tout ceci était piloté par la gauche et l’extrême gauche, mais cela avait une cohérence. Pas besoin de revêtir un gilet, quelle que soit sa couleur pour « en être » tous se sentaient concernés.

Puis les ouvriers par l’intermédiaires des syndicats sont entrés dans le mouvement, on décrété une grève nationale, ils ont paralysé totalement le pays, cela a duré près de trois semaines. Le gouvernement de l’époque a construit le Grenelle et ses accords, répondant aux revendications syndicales et politiques. Puis De Gaulle a sifflé la fin de la récréation, dissolution de l’assemblée, retour au travail et aux urnes, tout est rentré dans l’ordre.

Aujourd’hui pas de mouvement syndical, pas de grève, les politiques plutôt désorganisés et surtout très opposés. Impossible de créer une rencontre et de donner quelques miettes aux manifestants, l’état est dans une impasse. Il se trouvera sans doute quelques porte-parole de gilets jaunes (appelés aujourd’hui modérés) qui iront porter leurs revendications, elles seront prises comme un plus petit dénominateur commun. Rien ne pourra arrêter cette pieuvre multiforme, avec des oppositions internes continue et importantes. Cette inexistence est aussi la force de Macron et la raison de son immobilisme pour ne pas dire de son mépris.

Nous savons tous qu’une majorité de manifestants sont pacifiques, mais nous savons aussi que les bandes venues des banlieues à Paris et dans les Grandes villes cherchent a en découdre, même si les médias ne veulent pas se prononcer sur les origines des casseurs. Nous voyons aussi une partie du mouvement appelé gilets jaunes se radicaliser et sombrer aussi dans la violence.

Bien malin celui qui pourra dire aujourd’hui comment cela se terminera. Une dissolution de l’assemblée, réclamée par ceux qui y ont intérêt, serait un retour démocratique aux urnes. Quand De Gaulle l’a fait il savait qu’il aurait une majorité encore plus large, Macron lui est certain du contraire.

Un référendum comme le réclament certains, pour quelle question ? Pour quoi faire si ce n’est pour occuper les manifestants. Rien ne peut déboucher d’un référendum sauf si la question posée était celle du maintien du président ou pas. Là encore De Gaulle l’a fait, mais une fois de trop et il a perdu. La seule chose dont tous les observateurs peuvent être certains, c’est qu’il sera nécessaire de faire quelque chose, l’immobilisme et la crispation actuelle ne peuvent apporter qu’une situation qui s’aggrave.

En terminant ce papier, je ne peux faire l’impasse des lycéens ayant terminé leurs contrôles trimestriels, qui commencent les vacances dans la rue. Je ne peux pas non plus faire l’impasse sur l’état d’urgence, évoqué par le ministre de l’intérieur et même demandé par Brice Hortefeu aujourd’hui. Le côté dramatiquement drôle de la demande de l’ancien ministre de l’intérieur c’est qu’il ajoute : Comme cela mes manifestants pourront défiler dans le calme. On disait Castaner inapte à ce poste, on peut constater que certains de ses prédécesseurs ne sont pas mieux achalandés.

Ce mouvement qu’on appelle « gilets jaunes » protéiforme et morcelé n’existe que parce que tout le monde en parle, dans la réalité ce mouvement n’a pas de réelle existence, de là vient une partie du problème.

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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