Les politiques nous prennent-ils vraiment au sérieux ?

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Par Nicolas Perrin Publié le 21 février 2018 à 5h00
France Politique Medias Ras Le Bol

Voici un nouveau tour d’horizon des déclarations et des actes les plus aberrants de nos politiques. Ce sera l’occasion de voir si l’ère Macron débouche sur la « transformation » politique promise. Ou bien si les pratiques que nous avions relevées se perpétuent.

J’ai déjà analysé les travers de la rhétorique politicienne, ce qui nous avait amené à plonger dans un univers parallèle. Nous avions temporairement conclu notre étude en nous demandant si nos dirigeants nous prennent véritablement au sérieux. Comme d’habitude, nous essaierons de partir du plus « anecdotique » (enfin pas tant que ça !) pour finir avec le très très grave (voire bien plus que ça !).

Le relooking pour survivre au dégagisme ?

Chaque quinquennat débute par un slogan censé mieux nous faire avaler les couleuvres de l’époque, pompeusement baptisé « paradigme ». Il faut bien reconnaître que l’élection d’Emmanuel Macron a permis de reléguer aux oubliettes certaines bobines qui occupaient le paysage politique depuis bien trop longtemps. Face à ce dégagisme, certains ont cru bon de revoir leur look. Ils ont ainsi abordé la rentrée parlementaire tout neufs à force de barbes, boucs, lunettes et autres accessoires.

J’imagine qu’une fois qu’ils se sont mis à proférer leurs rengaines habituelles, vous avez pu constater qu’il ne suffit pas de suivre les conseils relooking de Cristina Córdula pour se refaire une virginité politique.

La Quatrième Dimension

Réglementation – L’ordre juridique français est un enchevêtrement de règles tantôt absconses, tantôt invraisemblables, qui prolifèrent comme des lapins. Parmi les dernières pépites en date, si vous pensiez savoir qu’un « bâtiment » est forcément une « propriété bâtie », j’ai le regret de vous informer que cela n’est plus le cas. Depuis quand ? Depuis un arrêt du Conseil d’Etat en date du 8 novembre. Voici en effet ce que titrait la Revue fiduciaire le 15 novembre dernier :

Un petit doliprane ?

Fiscalité – Depuis le mois de décembre, on sait que la France est le pays européen où la pression fiscale est la plus élevée. Vous vous doutez bien qu’on n’arrive pas à ce genre de performance sans quelques prouesses d’inventivité.

Mais pour aller toujours plus loin dans la tonte de l’épargnant-contribuable, notre président a dû innover :

A ce compte-là, pourquoi ne pas pousser la logique à son terme ? D’ailleurs, c’est ce que fait Marc Fiorentino : « les Français pourraient aussi payer plus d’impôts volontairement pour compenser d’éventuelles baisses d’impôts ? »

Budget & Dette – Mi-novembre, Jean-Luc Mélenchon a encore eu une fulgurance. Cette fois, il a remis en cause les fondements de la science économique moderne :

Que n’y avait-on pensé plus tôt ! Malheureusement, les agences de notation sont restées sourdes à la remarque du leader de La France insoumise. Et ils n’ont pas remonté notre note de crédit. Il faudra sans doute patienter jusqu’à l’avènement de la France bolivarienne pour que le pays récupère son triple A. Mais ça ne sera possible qu’après la création d’une agence de notation souveraine, donc indépendante et objective.

Partis politiques – En parlant du leader La France Insoumise, le député Eric Coquerel en a sorti une bonne à son sujet :

Prix de l’humour politique 2017 ? Pas sûr ! En la matière, je vote pour Laurent Wauquiez. Voici ce que le nouveau président des Républicains déclarait dans une interview au Parisien Magazine du 17 novembre.

Si le ridicule tuait, combien de fois Laurent Wauquiez serait-il mort ? On se le demande… On sait maintenant que le président du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes vit dans le monde de Georges Lucas.

Dur, dur de faire de la politique sérieusement

Evidemment, vous m’objecterez que quelques politiques essayent de faire leur métier sérieusement… C’est le cas d’Antoine Baudino, responsable du Front national pour la 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône. En effet, début novembre, il a voulu interpeller notre ministre de l’Education nationale.

Hélène David (@David_Hlne) est bien ministre de l’Enseignement supérieur mais… au Québec. Oui, c’est chaud quand même… Mais au sommet de la pyramide du parti, on doit sans doute faire plus attention ? Pas vraiment ! Le 11 décembre, Marine Le Pen avait rejoint l’Assemblée nationale pour y défendre un amendement dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la réforme du droit des contrats. Et elle s’est quelque peu perdue dans ses fiches. Avec l’aide de la présidente de séance, la députée du Pas-de-Calais est finalement retombée sur ses pattes après une minute de flottement. Et finalement son amendement a été rejeté.

Décidément, Marine Le Pen semble plus à l’aise pour imiter le générique des Envahisseurs que pour défendre des idées avec application. Et ce, même après treize ans en tant que députée au Parlement européen.

Du cirque politique à la télé-poubelle

J’avais déjà évoqué la grande razzia opérée par les émissions qui mêlent politique et divertissement sur les politiciens « dégagés ». Ainsi Raquel Garrido, l’ancienne porte-parole de La France insoumise, s’est-elle reconvertie en chroniqueuse pour une émission de Thierry Ardisson sur C8. Mais l’épouse du député de Seine Saint-Denis Alexis Corbière n’a pas attendu de renoncer à ses activités politiques pour intervenir dans les médias sur des sujets dont elle semble tout ignorer.

On se demande bien où diable l’avocate a-t-elle entendu dire que la crise de 2008, c’est la faute de Jérôme Kerviel ? Si un lecteur charitable est en contact avec madame Garrido, qu’il n’hésite pas à la renvoyer vers Contrepoints. Elle y trouvera des explications alternatives au sujet des racines de la crise. En tout cas, Thierry Ardisson peut dormir tranquille. Lorsqu’il aura besoin de renouveler son panel de chroniqueurs, ce ne seront pas les politiciens de troisième rang qui manqueront !

Pour plus d’informations, c’est ici et c’est gratuit

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Diplômé de l’IEP de Strasbourg, du Collège d’Europe et titulaire d’un Master 2 en Gestion de Patrimoine, Nicolas Perrin a débuté sa carrière en tant que conseiller en gestion de patrimoine. Auteur de l’ouvrage de référence « Investir sur le Marché de l’Or : Comprendre pour Agir », il est désormais rédacteur indépendant. Il s’intéresse au libéralisme, à l’économie et aux marchés financiers, en particulier aux métaux précieux et aux crypto-actifs, sans oublier la gestion de patrimoine. Son Twitter : @Nikookaburra.

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