Loi Macron : vers une gouvernance micron ?

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 18 février 2015 à 10h20
Loi Macron Vote Assemblee Nationale

La loi Macron a cristallisé les passions, avec ses deux cents pages de micro-mesures.

Ce paradoxe d’être un catalogue qui relève plus de la boîte à outils que de la vision législative ne manque pas de surprendre : il trahit bien l’impuissance grandissante d’une gouvernance confrontée à un monde de plus en plus complexe.

La loi Macron, un catalogue interminable de micro-mesures

Dans sa version initiale, la loi Macron regorgeait déjà d’articles hétéroclites, allant de la concurrence entre rail et autocars jusqu’aux conditions de licenciement collectif en passant par l’épargne salariale. Le jeu parlementaire n’a cessé de l’enrichir et de la complexifier, jusqu’à produire un texte qui compte désormais deux cents pages.

On touche ici au dilemme de l’exercice. Cette loi qui s’attaque aux rentes (et c’est un bien) ajoute de nouvelles couches de complexité aux dispositions existantes. On veut simplifier, mais on complique forcément. Lorsque le gouvernement a fait le choix de procéder par adaptations ponctuelles, par frappes juridico-chirurgicales, il a assumé le risque de cette complexité.

Le choix de la boîte à outils

François Hollande ne s’en était pas caché il y a près de deux ans : il voulait doter la France d’une boîte à outils pour lutter contre le chômage. La loi Macron traduit bien cette orientation : foin des grandes lois ambitieuses, la France est entrée dans l’ère de Super-Mario, avec ses petits mouvements de vis et ses resserrements de boulons ou d’écrous. Au fond, la gouvernance à la François Hollande, c’est le règne de la mesurette et des petits pas, qui peuvent aller dans un sens comme dans l’autre.

La loi Macron ou l’ère de la gouvernance micron

Ce passage à la boîte à outils n’est pas qu’un accident. Il est un signe des temps. Face à un millefeuille législatif et réglementaire d’une complexité incontrôlable, l’Etat doit renoncer aux mesures spectaculaires. Il doit se contenter d’entrer dans la tuyauterie de la machine étatique pour procéder à des réparations ponctuelles, difficiles à expliquer au grand public et d’un effet très lent et très circonscrit. L’Etat est en crise, et la loi Macron propose, au fond, une gouvernance micron pour la surmonter. Une dernière tentative avant le dérapage final ?

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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