Ce mal-logement qui tue

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Par Bernard Devert Publié le 8 novembre 2018 à 23h20
Effondrement Marseille Mal Logement

Que de patience coupable face au mal-logement !

Dénoncé depuis des décennies, ce « cancer » social fait l’objet seulement de soins palliatifs. Quelle est la volonté d’en finir avec une souffrance qui ronge la Société, jusqu’à créer des fractures. D’un côté, ceux qui bénéficient d’un habitat et de l’autre, d’un abri compromettant l’avenir des occupants.

La colère gronde à Marseille avec l’effondrement de trois immeubles, rue d’Aubagne, ayant entraîné la mort de 5 résidents. 3 autres sont portés disparus ; grande est l’inquiétude. L’insalubrité pourtant était connue mais aucune précipitation pour éloigner du danger les plus vulnérables.

L’affaissement de ces bâtiments crée une légitime émotion ; elle doit être entendue comme un réveil des responsabilités. Arrêtons de jouer avec la vie de ceux qui sont les plus fragiles.

Le mal-logement est cause de morts physiques. Quelle attention portée aux morts de la rue ! Ils ne courent le risque d’aucun effondrement pour être abandonnés sur des trottoirs, par tous les temps, sans que la Nation soit effondrée par une telle injustice.

Nous tenons dans nos mains les linceuls d’une fraternité déchirée pour tolérer l’intolérable, des morts annoncés. Quand réaliserons-nous enfin des programmes en nombre suffisant mettant un terme à un sans-abrisme honteux. Il est le nôtre.

A la va-vite, à chacun des hivers, s’ouvrent des gymnases dans lesquels s’entassent les délaissés et rejetés d’une Société plus attentive au thermomètre qu’à la santé de ses ressortissants bravant les intempéries. Que fait-on de cette obligation juridique et morale d’un logement décent pour tous.

Assez facile de parler du ‘logement d’abord’, il convient d’abord de prendre acte de la nécessité de construire des logements décents, délivrés des marquages sociaux, accessibles à chacun en fonction de ses revenus.

Le mal-logement tue aussi moralement nombre de nos concitoyens oubliés dans des cités anxiogènes. Bon sang ! L’habitat est constitué de fenêtres ; comment accepter que leur ouverture ait pour conséquence d’abîmer des regards. Tristesse du mal vivre de ceux qui, séjournant dans ces lieux, ne se font aucune illusion sur l’intérêt qui leur est témoigné.

Consentir à l’indignité d’un toit, c’est dire à celui qui l’occupe par nécessité : tu ne comptes pas ou si peu.

Ce drame à Marseille intervient au cours de cette semaine de l’économie solidaire. Une forme d’économie qui connaît un certain effondrement, l’Etat lui retirant une part des dispositifs fiscaux. Comment se faire entendre sur la pertinence de leur maintien. Non, ils ne sont pas des avantages, appelés si injustement des niches, mais des soutiens nécessaires pour bâtir plus humain.

Faut-il que la vie disparaisse pour comprendre que l’habitat est un écrin qui l’accueille et la protège, mais pour qui ?

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Bernard Devert est le président d'Habitat et Humanisme. Après des études de droit, il intègre un grand cabinet d'administration d'immeubles de la région Rhône-Alpes. Il y restera 11 ans. Rapidement il crée une société de placements immobiliers, puis à 37 ans, sa propre société de promotion immobilière.Parallèlement, répondant à un appel reçu dans sa jeunesse, Bernard Devert suit un parcours théologique qui le conduira à la prêtrise en 1987. C'est pendant cette période, dans les années 80, qu'il prend conscience des injustices liées au logement et notamment, celles engendrées par la rénovation des centres-villes qui relèguent les classes populaires dans les quartiers périphériques.La création d'Habitat et Humanisme en 1985 est le résultat de ces deux élans : l'esprit d'entreprise, le "génie" immobilier, et la soif de justice.

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