Manuel Valls va t-il se renier pour rassembler la Gauche ?

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Par Daniel Moinier Publié le 8 décembre 2016 à 5h00
Manuel Valls Election Presidentielle Gauche

Il faut rappeler que Manuel Valls, lors des primaires de 2012, avançait un programme en partie semblable à celui de François Fillon : Suppression de l’ISF, mise en place d’une TVA Sociale, augmentation de la durée du travail vers 40 heures semaine. Comment pourra t-il rassembler la gauche sans renier ses convictions ? Est-ce qu’il pourra se montrer crédible s’il supprime de son nouveau programme, le socle de ses propositions énoncées ci-dessus ?

Est-ce que les mentalités ont changé ? Il faut se rappeler qu’à ces primaires de 2012, Manuel Valls ne s’est placé qu’en 5ème position avec seulement 5,63% des voix, alors que Martine Aubry 2ème, avait 30,42%. Il a même failli être renié du parti, la mère des 35 heures avait été très virulente envers lui dès qu’il s’est attaqué à son sacro-saint. Son choix va se montrer cornélien, pour concilier la gauche plus libérale, réformiste, de la gauche-gauche plus conservatrice et soi-disant plus sociale. Alors qu’il a voulu changer le nom du PS, remettre en cause son idéologie et contester ses membres, avec leur idéologie et leurs tabous, comment pourra t-il inverser la vapeur en se présentant comme le seul rassembleur potentiel ? Comment concilier ce qu’il a jugé lui-même et distingué : «deux gauches irréconciliables » ?

C’est donc un défi de taille qui l’attend. Suffit-il de changer de discours pour se montrer d’un coup crédible au niveau de tous ? Les nostalgiques de François Hollande estiment que comparer à M.V., c’est encore lui qui aurait été, sur le papier, le mieux placé pour rassembler cette gauche éparpillée et très divisée.

Son nouveau slogan trouvé en catastrophe : « Faire gagner ce qui nous rassemble » Qui-est-ce qui les rassemble au juste ? Son discours ancré à gauche ! Ce discours prononcé à Evry, la ville où il est encore estimé, était certainement un lieu plus propice et accueillant que celui de la Convention Nationale de la Belle Alliance Populaire, dont il a annulé sa participation en tout dernier lieu. Dans son discours, il a voulu se montrer le plus rassembleur possible, en se positionnant comme le défenseur du « modèle social français » contrant le programme de François Fillon jugé trop libéral et irréaliste, en voulant tuer toutes avancées sociales et appauvrir les classes les plus démunies. Il a aussi martelé avec insistance que « nos vies valent mieux que les pronostics » en modifiant son ton trop belliciste (comme aux moments de faire passer ses 49.3) par plus de solennité, de convenance. Et en précisant : « Aujourd’hui, j’ai une responsabilité : rassembler, chacun devra faire un effort, moi le premier. » En prolongeant par « La primaire qui s’ouvre est un formidable moyen pour recréer l’unité », et en lançant un appel « à tous les Français qui refusent l’extrême droite, qui refusent la régression sociale que propose François Fillon »?

Ce qui risque de le pénaliser, c’est son soutien au projet de déchéance de nationalité pour les personnes coupables de terrorisme, mais aussi l’utilisation du 49.3 à deux reprises et ses positions sur le rôle de l’Islam et de la République. Sa tâche se présente donc très difficile, compliquée lorsque l’on se souvient que son parti et ses alliés ont vécu dans un état de crise permanente depuis sa nomination à Matignon en 2011 ! Martine Aubry « ressortie de son trou » est venue affirmer : « Ce n’est pas évident de soutenir la candidature de Manuel Valls, je serai présente pour soutenir un candidat qui représente le cœur des valeurs du Parti Socialiste ». Elle a précisé dans la foulée « il ne s’agit pas de se rallier à des gens qui sont passés ailleurs ou des gens qui n’ont pas envie de gouverner ». Le premier sous désigné semble être, Emmanuel Macron, le deuxième certainement, Jean-Luc Mélenchon !

Jean-Marc Ayrault est aussi sorti de sa mission internationale en affirmant qu’il partage les mêmes valeurs que la maire de Lille qui leurs sont chères, celles de la gauche et que nous ne voulons pas voir disparaître. Je ne me résigne pas non plus à ce que la gauche soit absente du second tour des présidentielles et qu’on contraigne les français à choisir entre une droite ultraréactionnaire, et l’extrême droite. C’est quelque chose de particulièrement préoccupant, la gauche doit se retrouver sur ses valeurs, il faut que la gauche soit capable de rassembler sur l’essentiel…

Alors quelles sont les chances de Manuel Valls. En premier, il faut qu’il gagne la primaire. Ce qui n’est pas forcément évident, sauf si les partisans du parti malgré leurs convictions, pensent qu’il faut absolument un homme qui puisse arriver à la présidentielle avec quelques chances de l’emporter. Et même si Manuel Valls passe le cap de la primaire, si les choses restent en l’état, il devra « se partager la gauche » avec deux autres candidats hors primaires : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Compte tenu d’un score plus qu’honorable annoncé à la candidate de l’extrême droite : Marine Le Pen, il est presque impossible qu’il puisse participer au second tour. Et même si Manuel Valls a pu rassembler la gauche, ce qui n’est pas assuré, devenir Président ne pourrait être qu’un rêve !

Le 29 janvier, après le deuxième tour des primaires de la Gauche, nous aurons déjà une vue plus dégagée pour apprécier quel candidat de la gauche se présentera dans les meilleures conditions à la présidentielle !

www.daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C.Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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