Monsieur Juppé, 39 heures c?est bien, mais 40 heures c’est nettement mieux !

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Par Daniel Moinier Publié le 21 octobre 2016 à 5h00
Primaire Droite Temps Travail Reforme

Presque tous les candidats à la primaire de la droite proposent de supprimer les 35 heures. Chacun aborde ce sujet très différemment. Mais que veut dire « supprimer » dans la bouche de ces candidats.

Pour Jean-Frédéric Poisson, les 35 heures et le temps de travail, ce n’est pas une priorité. Il a d’ailleurs annoncé, qu’il se méfie des attaques frontales sur les organisations syndicales et a même ajouté qu’elles signent 80% des accords d’entreprises qui leurs sont présentés.

Pour NKM (Nathalie Kosciusko Morizet), la négociation du temps de travail avec les entreprises est nécessaire, mais il faut accompagner les créateurs et se pencher sur le problème des travailleurs indépendants.

Pour Jean-François Copé, c’est la mise en place d’un référendum général mais aussi des référendums d’entreprises qui permettront d’éviter le blocage les négociations.

Pour Bruno Le Maire, il faut lancer des négociations au sein des entreprises en tenant compte de la diversité des situations économiques de chacune, car les 35 heures ont fait perdre le sens du travail en France. Mais pas brutalement comme les socialistes ont instauré les 35 heures dans notre pays. Ils l’ont fait par la loi en traitant tout le monde de la même façon.

Pour François Fillon, la priorité c’est la suppression de la durée du travail en laissant la liberté aux entreprises de négocier via les syndicats ou même par un référendum. Tout en prônant la liberté complète, il souhaite que les accords arrivent à atteindre assez rapidement les 39 heures. Pour faciliter cet objectif, il pense qu’en passant en premier les fonctionnaires à 39 heures, la voie soit toute tracée pour le privé.

Pour Nicolas Sarkozy, il ne souhaite pas être la Martine Aubry de droite. Il veut libéraliser les 35 heures sans en faire une obsession. Il veut la liberté, chaque entreprise pourra choisir la durée de son travail. Son « dada » ; le référendum sitôt après l’élection. Mais il ne veut pas des horaires au rabais, si c’est 37 heures, ce sera 37 heures payées 37 heures. Dès que les entreprises auront opté pour une durée hebdomadaire, il prévoit de remettre les heures supplémentaires défiscalisées. Par contre, il propose de supprimer le scandaleux monopole de la CGT.

Pour Alain Juppé, il veut régler le « problème des 35 heures en deux temps ». En premier, faire confiance aux partenaires sociaux en leur laissant la liberté de négociation. Par contre, si dans les deux ans l’entreprise n’a pas fait évoluer ses horaires ou pas suffisamment, le but à atteindre sera les 39 heures. Il souhaite également régénérer la vie syndicale en faisant en sorte que le syndicaliste passe au minimum 50% de son temps dans son activité de salarié.

Mr Juppé et même Mr Fillon, pourquoi s’arrêter aux 39 heures ? Cet horaire bâtard inventé par François Mitterrand en 1982 (Ordonnance du 16 janvier 1982 avec la 5ème semaine de congés), a été un véritable casse-tête pour beaucoup d’entreprises.

Le pire, ce sont les entreprises qui ont des postes en 3 X 8, 4 x 8, 5 x 8 et surtout en feux continu. Que faire de cette heure en moins ? Il n’est pas possible d’embaucher une personne pour faire une heure à chaque cycle de 3 x 8 ! Les entreprises à cette époque ont tout de même trouvé la solution, mais en compliquant les tournées et les calculs de temps de travail et même les heures supplémentaires. Que dire lorsque les 35 heures sont arrivées ?

Dans beaucoup d’entreprises pour résoudre le problème, des salariés ont accepté de travailler le week-end en 2 x 12, soit 24 heures payées 35 ou 39 heures suivant leur statut antérieur. L’horaire de 12 heures n’étant pas légal, il faut l’autorisation de l’inspecteur du travail. Autre retombée négative, le coût horaire très supérieur pour l’entreprise; 46% de plus sur la base de 35h et 63% de plus sur la base de 39h. Si l’on ajoute les charges, cela explose les coûts !!!

Il n’y a pas que les entreprises industrielles qui ont été perturbées, mais toutes les organisations qui travaillent en 3 x 8. Beaucoup de services y compris dans la fonction publique, le summum a été atteint dans la fonction hospitalière. Les heures supplémentaires et RTT n’ayant pas été payées depuis des lustres !

Pour la fonction publique, les 39h (Fillon) ou les 40 heures ne doivent surtout pas être mises en place de suite. Les finances de l’état ne pourraient le supporter. Le supplément à trouver serait de l’ordre d’environs 20 milliards par année. Le plan idéal serait d’attendre que les 40 heures du privé aient résorbé le déficit. Même mieux, être en positif pour avoir assez de cash pour mettre en place les 40 heures dans le public, sans avoir recours à l’endettement ou à l’emprunt, comme c’est le cas actuellement pour « boucher le trou ».

Si l’on reprend l’heure en moins de 39h à 40h, hormis les questions d’organisation du temps de travail, elle fait perdre à l’état, la Sécurité Sociale, les Caisses de retraites, la caisse Assedic et toutes les cotisations annexes, des rentrées considérables. S’il est rajouté la perte de consommation, c’est toute l’économie qui perd en consommation supplémentaires ; en TVA et autres taxes.

Une heure des salariés du privé en poste, hors cadres, hors fonctionnaires représente dans l’économie par année :
- 10 milliards de salaires
- 3,5 milliards de charges
- 1 milliards d’impôts
- 1,5 milliards de TVA
TOTAL : 16 milliards par année de gagné si 40h et 16 milliards de perdus si 39h.

Alors Madame, Messieurs les postulants aux 39 heures, poussez à 40 heures. Une heure de plus, ce n’est pas négligeable, quelques petits 16 milliards dans l’économie, cela vaut « bien le coup » d’arrondir les comptes. Tout le monde s’y retrouvera. Pour un salarié au Smic, passer de 35h à 40h, c’est 200€ de plus par mois. C’est 3 à 13% d’augmentation de la marge entreprise. C’est des RTT en moins. C’est des heures supplémentaires en moins pour les entreprises qui font plus de 35 heures. C’est le sauvetage immédiat des Caisses de Sécurité Sociale, des Retraites, de l’Assedic. C’est surtout remonter le niveau de la France par le bas. Madame, Messieurs les prétendants, prenez quelques risques, allez-y, un peu de courage, les électeurs vous serons ensuite reconnaissants !!!

Une consigne : Surtout ne pas oublier de bien expliquer à nos concitoyens pourquoi la France est en dette et ce qu’ils vont y gagner ainsi que notre pays, en établissant les 40 heures.

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C.Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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