Mozambique : la riposte s’organise mais l’instabilité demeure

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Par Louise Tavares Modifié le 7 juin 2021 à 10h01
Mozambique

Depuis 2017, la région du Cabo Delgado, située au nord du Mozambique, est un lieu d’attaques récurrentes violentes de la part de groupes islamistes qui se désignent sous le nom d’al-Shabab et qui sont affiliés à l’État islamique.

Le contrôle de la région par l’État mozambicain est essentiel du fait de la présence de ressources gazières considérables dans la région.

Une situation sécuritaire préoccupante

Depuis l’attaque djihadiste menée par 200 hommes dans la ville de Palma le 24 mars 2021, la situation sécuritaire et humanitaire demeure critique dans le nord du Mozambique, avec des incidents réguliers qui conduisent les habitants du Cabo Delgado à fuir à pied ou en bateau. L’attaque de Palma aurait provoqué l’exil de 7 000 à 10 000 personnes, notamment vers la ville portuaire de Pemba.

À cette date, des groupes armés avaient mené une attaque, près du site gazier de Total, à l’issue de laquelle plusieurs dizaines de morts avaient été enregistrées.

Les combats entre ces groupes et l’armée du pays s’étaient poursuivis jusqu’au moins à la mi- avril, n’aboutissant pas à une situation de paix stable, malgré les déclarations des autorités mozambicaines qui assurent que la situation est désormais sous contrôle.

La suspension du projet gazier de Total

Fin avril, en réaction à l’attaque, Total avait annoncé la suspension de son projet gazier, pour cause de « force majeure ». Son personnel avait été évacué quelques jours avant.

S’il ne devrait s’agir que d’une suspension temporaire, Total n’a pas encore communiqué sur le calendrier de reprise potentielle de ses activités.

Le 18 mai 2021, le président du Mozambique Filipe Nyusi s’est rendu en France pour rencontrer le président Macron dans le cadre du sommet de Paris consacré à la relance des économies africaines. Les deux hommes ont saisi l’occasion pour discuter du dossier du Cabo Delgado. À l’issue de la rencontre, Filipe Nyusi a annoncé qu’un accord de coopération dans les domaines humanitaire et de formation militaire serait signé prochainement entre les deux pays.

Le 29 mai, en visite en Afrique du Sud, Emmanuel Macron a déclaré que la France était prête à apporter un soutien militaire aux pays d’Afrique australe s’ils décidaient d’intervenir contre les groupes djihadistes au Mozambique.

Les États-Unis et le Portugal ont également promis de prêter main forte au Mozambique dans sa lutte contre le terrorisme djihadiste, notamment sous la forme de formations militaires.

Pour l’heure, il n’est pas encore question que les armées étrangères se battent face aux djihadistes présents dans le Cabo Delgado, le gouvernement du Mozambique s’étant contenté jusque-là de l’appui de sociétés militaires privées comme Dyck Advisory Group et Wagner.

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Louise Tavares : chercheuse en sciences politiques, spécialisée sur les pays d'Afrique lusophone.

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