L’opposition de principe des écologistes aux grands projets

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Par Philippe Get Modifié le 26 octobre 2021 à 9h49
Opposition Principe Ecologistes Grands Projets

Depuis plusieurs années, les représentants et élus du parti Europe Écologie les Verts semblent manifester une opposition systématique aux grands projets d’infrastructure. De l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes à la liaison ferroviaire Lyon-Turin en passant par la réhabilitation de la gare d’Austerlitz, les enjeux sociaux et environnementaux semblent systématiquement relégués au second plan, derrière les approches idéologiques et politiciennes.

Les écologistes, qu’il s’agisse d’Europe Ecologie Les Verts ou du monde associatif, se sont fait une spécialité ces dernières années dans l’opposition systématique aux projets d’infrastructures que les décideurs politiques de droite comme de gauche souhaitent mettre en œuvre, que ce soit à l’échelle nationale ou locale. Des combats idéologiques qui ne sont pas dénués d’arrière-pensées politiciennes et électorales.

Notre-Dame-des-Landes : la démocratie locale bafouée

Commençons par une victoire de la mobilisation écologiste, celle qui a vu le projet d’aéroport du Grand Ouest, dans la commune de Notre-Dame-des-Landes, être abandonné. C’est Edouard Philippe qui entérine l’abandon du projet en 2018, après une opposition de plus de 50 ans – le projet ayant été conçu dès 1963.

L’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes avait notamment été soutenu par Julien Bayou, l’une des figures montantes d’EELV, et ce malgré la tenue d’un referendum local en 2016 qui avait vu une victoire assez nette du « Oui » en faveur de l’aéroport (plus de 55% des voix). Un déni de démocratie qui avait symbolisé la puissance de la minorité agissante écologiste.

En 2013, le vice-président de la Loire-Atlantique Christophe Clergeau affirmait que les travaux de construction allaient générer plus de 3 500 emplois directs – une donnée qui a eu peu d’impact dans la vision des élus écologistes qui ont apporté leur soutien aux mouvements zadistes locaux. Un prisme qui peut notamment s’appréhender par la sociologie électorale du mouvement écologiste dans le milieu des années 2010 – les cadres supérieurs (10%) et professions intermédiaires (9%) étant à cette époque les principales cohortes d’électeurs du mouvement, selon une enquête Ipsos réalisée à la suite du premier tour des élections régionales de 2015.

Réhabilitation de la gare d’Austerlitz : quand les jeux politiciens prennent le pas sur l’intérêt collectif

Quelques années plus tard, c’est au sujet de la réhabilitation de la gare d’Austerlitz que l’on retrouve Julien Bayou. Là aussi, le projet a été validé par voie démocratique, avec trois votes favorables en Conseil municipal entre les années 2015 et juillet 2019. Sur le plan environnemental, le vaste projet de rénovation du quartier de la gare prévoit l’implantation de 20 000 m² carrés d’espaces verts – un point qui ne semble pas non plus avoir été du goût du conseiller régional. Le projet est également structurant sur le plan social, puisque près de 10 millions de Franciliens empruntent chaque année les transports ferroviaires qui transitent par la gare. Le projet de réhabilitation prévoit en effet une amélioration de l’intermodalité entre les différents modes de transports, avec notamment la création de 2000 emplacements de stationnement pour les vélos et trottinettes et d’un parking public sous-terrain de 515 places qui permet de redonner aux piétons et à la nature les emprises en surface et dans la gare jusqu’à maintenant réservées au stationnement des mêmes voitures.

Une approche sociale et écologiste qui ne semble pas avoir porté auprès des cadres franciliens d’EELV. En effet, à l’approche des régionales du mois de juin dernier, les élus écologistes de la mairie de Paris d’EELV adoptent une stratégie de rupture vis-à-vis de la maire socialiste Hidalgo – bien qu’étant membres de la majorité municipale depuis près de dix ans – les élus régionaux EELV leur emboîtant le pas.

Les fils du manège écolo dévoilés sur la liaison ferroviaire Lyon-Turin

Pour bien comprendre les ressorts de l’opposition de principe des écologistes à tout projet d’infrastructure, il suffit de regarder du côté des instances dirigeantes d’Europe Ecologie Les Verts. A ce titre, la publication (puis la dépublication) au printemps dernier d’un rapport de la commission transports du parti, constitue, elle aussi, un cas d’école.

En mai dernier, les experts d’EELV sur les questions de transport ont rendu leur rapport sur la liaison ferroviaire Lyon-Turin, préconisant sa finalisation au regard de son impact écologique et environnemental positif (la liaison ferroviaire détournerait une partie du trafic routier). Une approche de bon sens pour un parti écologiste… qui a toutefois fait long feu.

Quelques jours après la publication de ce rapport, intitulé « Faire les bons choix pour développer le fret ferroviaire : le cas des liaisons transfrontalières alpines et pyrénéennes », il était dépublié par les Verts – un revirement qui révélait, selon la journaliste à L’Opinion Emmanuelle Ducros, des « tensions internes » et « plus motivé par la dénonciation idéologique d’un grand projet […] que par un réel souci d’amélioration écologique ».

L’opposition aux grands projets structurants – fussent-ils écologistes – semble donc être une ligne systématique, depuis des années, des représentants d’EELV. Une ligne qui pose forcément la question des intentions réelles des tenants du mouvement écologiste.

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