La rentrée qui agace

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Par Philippe Bapt Modifié le 5 septembre 2018 à 13h27
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6 138 €Agnès Saal se serait selon Mediapart vue gratifier d'un avancement qui lui permettrait d'atteindre jusqu'à 6 138 euros par mois.

C’est extraordinaire ces jours-ci. En cette période de reprise, pour certains c’est la rentrée des classes pour nos politiques, il s’agit d’une rentrée sur terrain glissant. Pas une journée depuis plus de dix jours sans que je ne repousse la version finale de cet éditorial.

Quand ce ne sont pas les opposants : Laurent Wauquiez ou Jean-Luc Mélenchon qui se jettent à corps perdu dans la surenchère verbale pour passer en premier au 20 heures télévisuel, c’est de l’exécutif que viennent les blagues politiques les meilleures. Du coup de menton verbal de notre président au sujet des « gaulois réfractaires » à la démission surprise pour tous de Nicolas Hulot jusqu’aux atermoiements concernant l’imposition à la source….quelle semaine dernière !

Et à peine sorti du week-end, et cela repart de plus belle. Hier soir, le premier ministre a annoncé le nouveau casting du gouvernement juste après avoir appris que Laura Flessel rendait les armes. Je ne sais même plus s’il est utile d’écrire maintenant tant l’actualité politique regorge de rebondissements !

La rentrée des crasses

La mélasse politicienne sortie de la promiscuité des oppositions lors des commissions d’audition durant l’été, affaire Benalla oblige, ne fera pas oublier, côté « insoumis », la nouvelle définition du bénévolat : 130 000 euros par an, pour Sophia Chikirou ex directrice du Média ; ce sont les socios qui sont ravis. Sans oublier les leçons de morale distribuées du maître à penser : Gérard Miller qui est allé se faire engager chez un des médias « dominant » : LCI… Ne lui jetons pas la pierre, Raquel Garrido n’avait-elle pas dès 2017 inauguré ce grand écart idéolo-médiatique en signant chez C8? Bref, le (petit) père (du peuple) Mélenchon a toujours autant de programme au sujet de l’Europe qu’en 2005 : à l’époque c’était « le plan B » dont 13 ans après on ne sait toujours rien ; pour 2019, il présente comme programme un vigoureux « referendum contre Macron » ! Arrêtez la pluie d’idées !

Les Républicains, eux, n’en finissent pas de se déchirer mais pas trop ! Sus à Laurent Wauquiez, mais personne veut ni envie sa place. Derrière sa demande à Emmanuel Macron de "rendre l'argent" aux Français, bien après la sortie de Guillaume Larrivé sur l'existence d'une "milice parallèle"…. tout populisme en avant, les Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, forts de la présidence de leur région respective, affutent une entente politique….Mai 2019 et les élections européennes ne sont plus loin.

Chez les socialistes, il n’était pas question d’être en reste côté petit coup médiatique ! Le sexagénaire toujours à l’heure « baron noir » Julien Dray s’est déclaré pour être tête de liste aux élections européennes ! Voilà la fraîcheur qui manquait au PS ! Ils pensent vraiment que le parlement européen est une annexe du sénat ? Les socialistes y recycleraient les vieux éléphants ? Il faut dire qu’en termes de vieux, un autre poids lourd (mode poids mort) Marie-Noëlle Lienemann s’est exprimé pour se rapprocher du chef des « insoumis ». Courage fuyons ! Enfin….si des postes sont à continuer d’occuper.

A l’extrême droite, fini le crawl à un bras. Compte-tenu des démêlés judiciaires du printemps 2018, l’entreprise familiale a décidé de faire profil bas et sortir le tuba. Intronisée par la députée Danièle Obono comme coéquipière d’opposition, la visibilité de l’extrême droite et de son nationalisme tend à se faire remplacer par le néo concept de l’extrême gauche : « le discours d’indépendance »…

Pour information, un des groupes en Europe qui ne se présente pas comme un parti politique, milite pour stimuler une forme de démocratie directe, par opposition aux formes de démocraties représentatives est le mouvement « cinq étoiles » en Italie. En 2018, ce mouvement enclin aux problématiques sociétales et écologistes a montré de quoi ce type de fourre-tout politique était capable : s’allier avec la Ligue du Nord pour gouverner !

A quand des listes anti Macron aux couleurs « anti système » à la française ?

Mais le tour d’horizon ne serait pas complet sans les multiples pédalages dans la semoule du président de la République ou de son gouvernement :

La rentrée des farces

Si au premier tiers de l’été, juste au lendemain du titre de champions du monde de football, la présidence jupitérienne fut emportée par le tsunami de verre d’eau nommé Alexandre Benalla : le jeune pied nickelé de l’Elysée, la rentrée 2018 n’est pas moins empreinte d’hésitations, de retournement de situation et de tergiversations.

Le premier coup de massue vient de Nicolas Hulot. Sa seule et réelle disruption aura été de ne prévenir personne de sa démission. Cet éternel adolescent est parti sur un coup de tête ! Alors, tel le héros de l’écologie que sa storytelling médiatique met en scène depuis fort longtemps, on lui a trouvé toutes les excuses possibles. Lui dont l’empreinte carbone équivaut à elle seule celle de toute un village français sur les cinq dernières années ! En 2017 il déclarait : Outre un bateau, un scooter électrique et une moto BMW, six voitures (une BMW i3, une Citroën 2CV, un fourgon Peugeot Boxer, un Land Rover !)

On lui trouve peu d’expérience politique... mais qui est rompu aux joutes et bassesses politiques depuis 2012 et les primaires bâclées et perdues chez les verts, si ce n’est Nicolas Hulot !

Bref, son ego n’a pas survécu qu’importe l’intérêt des français. Sa sortie en est une preuve !

Laura Flessel s’en est, elle, allée dignement. La double médaillée d’or olympique était une très bonne ministre. Cela jusqu’au bout de son ministère. En effet, si elle confie vouloir « retrouver des engagements passés, justement tournés vers l'humain, la solidarité et la coopération internationale, que je prends aujourd'hui la décision de poursuivre mon action par d'autres voies », si elle reste « une coéquipière fidèle du Président de la République et du Premier Ministre dont j'admire la détermination, et partage totalement les valeurs et le patriotisme », on peut penser que d’autres raisons fiscales ou plus politiques viennent s’ajouter à celles données. La guêpe n’a cependant pas piqué elle !

François de Rugy et Roxana Maracineanu viennent d’être intronisés. La prochaine tribune y sera consacrée.

Farce and furious

Enfin, comment passer sous silence la nomination exceptionnelle du consul à Los Angeles de l’écrivain et ami du président de la République Philippe Besson. Qu’il soit un VRP culturel de choix dans la ville des anges personne n’en doute, mais que ce soit le principal hagiographe d’Emmanuel Macron choque et à juste titre. Tout mérite objectif de cette nomination est de fait balayé. Triste !

Enfin, alors que le gel du point d’indice pour les fonctionnaires sera gelé en 2019, on apprend qu’une condamnée et mise à pied, Agnès Saal, ancienne patronne de l’INA et du centre Beaubourg vient d’obtenir une double promotion financière et de changement de statut. Parfois, je me demande pourquoi je n’essaie pas de piquer 50 000 euros. Si je sais, je ne connais pas assez de taxis ! Juste une question : cette dame est-elle à ce point exceptionnelle qu’aucun(e) autre fonctionnaire ne pourrait être nommé « haut(e) fonctionnaire à l'égalité et à la diversité » ?

Il est savoureux et quelque peu comique ce titre en regard de l’énoncé de la condamnation de la lauréate : détournement de fonds publics !

Et comme si ce n’était pas suffisant, cette personne qui à elle seule a jeté un certain discrédit sur l’ensemble des fonctionnaires se voit gratifier d’un avancement qui lui permettrait je cite : d’« atteindre jusqu'à 6 138 euros par mois, indemnité de résidence à Paris comprise, soit au total près de 74 000 euros de traitement par an, c'est-à-dire + 10 % environ », selon Médiapart.

Mais... les frais de taxis ne sont pas précisés, ni pour elle ni pour son fils !

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets.Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines.Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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