Répondre aux attentes informulées du corps électoral

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Par Dominique Michaut Publié le 24 novembre 2016 à 5h00
France Elections Attentes Electeurs Economie

Le corps électoral fera un usage différent de ses pouvoirs lorsque les réponses enfin exactes à quelques questions économiques de fond lui auront été fournies.

Du point de vue du spectateur impartial de la scène économique, la question la plus fondamentale est-elle celle de la répartition des revenus ? Extirpons d’abord trois verrues du contexte dans laquelle nous nous le demandons. Primo, c’est faire un procès d’intention au suffrage universel que de le penser incapable de tenir de plus en plus compte du point de vue du spectateur impartial. Secundo, les revenus proprement dits sont ceux du travail et de placements, avant prélèvements fiscaux et hors allocations de toute espèce. Tertio, l’inégalité croissante des revenus du travail ayant pour conséquence l’inégalité elle-même croissante des patrimoines, les analyses et préconisations trop focalisées sur cette dernière inégalité mettent la charrue avant les bœufs.

Avant la redistribution, il y a la distribution

Dans une société qui ne fuit pas à tire d’ailes l’objectivité économique la plus élémentaire, les économistes et les politiques ont le devoir de rappeler à leurs concitoyens qu’en amont de la redistribution se trouve la distribution, ou répartition, des revenus. Dans les raisons pour lesquelles ils ne le font pas, je crois que la plus décisive est la suivante.

Nos élus et leurs conseils sont persuadés qu’en économie de marché, surtout ouverte aux flux et reflux du commerce international et de la spéculation financière sans frontières, la croissance des inégalités de revenus est naturelle, logique, inhérente. Le système a pour effet, ne cesse-t-on de tenir pour empiriquement éprouvé et théoriquement prouvé, la maximisation de ce que rapporte « le capital », sous contrainte d’un niveau moyen de rémunération du travail pas trop bas. Au demeurant, dans quelles familles et quelles écoles se refuse-t-on à inculquer qu’une entreprise privée normalement constituée a pour but le maximum de profit ? Dans ces conditions, ne faut-il pas avoir l’esprit dérangé pour douter que la redistribution par voie fiscale soit indispensable à la viabilité sociale de la liberté économique ?

Si c’est vrai faisons avec, si c’est faux voyons-le

Trouver ce qu’il en est en vérité semble à première vue herculéen. Bercés par les chants des sirènes du relativisme absolu, nos esprits ont été de plus en plus détournés de l’observation de réalités macroéconomiques essentielles.

N’en évoquons ici qu’une. Elle part du constat, de plus en plus négligé, que même au sein de la zone euro depuis sa création et tant qu’elle existera, pays par pays le revenu global reste imperturbablement réparti par une clé de répartition inviolable. Conjointement à cette répartition, une autre porte sur le seul revenu total du travail. Là ce sont les égalités et les inégalités de salaires qui constituent la clé de répartition (salaires au sens le plus justement économique de ce mot, repéré par Schumpeter : toutes les rémunérations du travail quelles que soient leurs dénominations).

Quand les nations le sauront, elles applaudiront

Concernant cette seconde répartition, personne ne pourra jamais prouver qu’une loi économique certaine, ou qu’un ensemble de lois économiques certaines, rend impossible qu’en tout pays la subjectivité collective assume consciemment la seconde des deux répartitions qui viennent d’être évoquées. Mieux encore pour ceux qui pressentent que les égalités et inégalités de rémunération du travail doivent devenir consciemment gérées de cette façon, la preuve pourra leur être fourni que c’est déroger à une authentique loi économique que de vouloir qu’il en aille autrement.

Liberticide dans son principe et aussi peu efficace que le traitement social du chômage, la logique économique du partage du temps de travail n’est qu’apparente. Libératrice d’erreurs conceptuelles en même temps que réparatrice d’une injustice sociale, la loi de partage du revenu total du travail est économiquement logique. Or voici que cette loi, au sens de ce mot en science, est absente de nos manuels et des débats publics. Le corps électoral est tacitement prié de ne pas attendre qu’il en aille autrement, fermez le ban.

Les principales autres attentes

L’observation placide de la pratique des échanges de services et de biens conjointement à celle des transferts de termes de ces échanges conduit à se poser huit questions principales.

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Dominique Michaut a été directeur des études du Centre consulaire de formation de Metz puis conseiller de gestion, principalement auprès d’entreprises. Depuis 2014, il administre le site L’économie demain, dédié à la publication d’un précis d’économie objective (préface de Jacques Bichot).

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