Stop à la Loi burkini !

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Par Bertrand de Kermel Publié le 1 septembre 2016 à 5h00
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Nous sommes en guerre. Elle va durer. Europol vient de le confirmer. Nous ne connaissons pas notre ennemi, pourtant omniprésent par ses attentats et ses provocations. Parallèlement, la France est au bord de l’implosion.

Dans ce contexte, une «Loi burkini» votée dans la précipitation, (alors que les plages se vident …) pour des raisons électorales évidentes, n’est pas la réponse à ce problème.

En réalité, le vrai sujet est double :

D’abord déjouer la stratégie de Daech qui tente de déclencher une guerre civile en France.

Ensuite gagner cette guerre.

A mes yeux, la seule réponse possible est de définir une vraie stratégie française d’intégration, d’immigration et de laïcité, au sein de laquelle prendra place une Loi soigneusement pensée et réfléchie, qui adaptera et élargira l’ensemble du dispositif légal existant aujourd’hui. Cette Loi devra ensuite s’appliquer calmement, mais sans faiblesse.

Cette stratégie et cette Loi ne réussiront que si elles s’inscrivent dans un processus d’élaboration serein, et si elles respectent certaines règles évoquées à la fin de cet article. Sinon, l’échec est garanti. Un processus d’élaboration serein. Rappelons que selon le Haut Conseil à l’Intégration, « si la France n'a pas abandonné son modèle républicain, elle l'a fragilisé en donnant une dimension excessive à la notion de diversité culturelle, au détriment de l'intégration ». Ce constat (qui critique les politiques antérieures à 2012, donc de droite), est resté sans suite avec la gauche. Voilà pourquoi droite et gauche ne peuvent pas s’accuser mutuellement. Elles ont ensemble une responsabilité écrasante. Elles doivent donc réparer les dégâts ensemble et tout de suite, sans attendre les présidentielles.

Reconnaissons qu’aujourd’hui, c’est tout et n’importe quoi, sans aucun fil directeur : les piscines, le sport à l’école, la viande, les cantines, le voile, la burqua, le sexe du médecin qui soigne des musulmanes, ce qui rend la vie impossible aux internes et aux médecins urgentistes, la charia devenant quasiment la règle dans certains quartiers pauvres, les prières dans la rue, les dérapages dans les prêches de certains Imams, le burkini, les salles d’auto écoles réservés aux femmes, le scandale des aides sociales versées aux familles polygames. Les réponses sont toutes partielles, sans cohérence d’ensemble, et souvent mauvaises. Les populations pauvres en subissent les conséquences de plein fouet. Nous ne gagnerons jamais la guerre dans ce contexte.

La toute première action à conduire est d’organiser « l’union sacrée » au sein de la classe politique. C’est cette union sacrée qui définira la politique de la France sur l’ensemble du sujet. Comme en 1914, c’est une sorte de mobilisation générale qui est ici proposée, mais sous une forme adaptée à ce nouveau type de guerre. Les responsables politiques qui refuseront cet effort ou qui se limiteront à faire semblant de coopérer, porteront une immense responsabilité devant l’Histoire. Cette Loi est la priorité des priorités du Parlement et du gouvernement.

Une stratégie définie au sein d’un groupe de parlementaires et de ministres

Pour concrétiser cette « union sacrée », il existe mille options. On peut par exemple créer une commission parlementaire, dans laquelle majorité et opposition actuelle auront le même nombre de voix. Evidemment, il existera également un collège de ministres, dont les voix feront partie du collège de parlementaires de la majorité. Les décisions seront prises au consensus. En cas de blocage insurmontable sur tel ou tel point, on peut imaginer de demander au Président de la République de trancher, très rapidement, en motivant très soigneusement sa décision, sur le modèle des décisions de justice. Cette proposition peut paraître bizarre. En effet, dans une démocratie il faut une majorité et une opposition. La majorité décide après avoir écouté l’opposition.

Sauf que, pour ce sujet, l’expérience de 20 ans nous montre que cela n’a pas fonctionné, et nous allons au chaos. D’où cette proposition. L’idée est de faire en sorte que cette stratégie ne soit pas modifiée juste après l’élection présidentielle. Tout le monde est responsable du problème. Tout le monde doit donc le régler à 50/50, et de manière durable. Au sein de cette commission, toutes les propositions quelles qu’elles soient (elles sont très nombreuses et fréquemment pertinentes), et d’où qu’elles viennent (y compris des extrêmes), devront être étudiées et discutées. Les réunions seront filmées, mais (au moins dans l’immédiat), pas rendues publiques. Inutile de fournir des informations à nos ennemis. Plus largement, la stratégie de communication de la Commission est à définir.

Un travail respectant certaines règles fondamentales

Pour ne pas échouer, Il faut que la Loi qui sera ensuite votée soit rédigée de la façon suivante :

1 – Etre élaborée de telle sorte qu’elle ne comporte aucune formule humiliante.

2 – Etre précédée d’un exposé des motifs contenant deux mesures : une étude d’impact décrivant et mesurant l’effet attendu du projet de Loi et de chaque mesure qu’il contient. Lorsque cette mesure sera impossible, le texte devra en donner la raison. Les critères de mesure qui permettront de vérifier les effets de la loi projetée au regard des objectifs attendus. Ce point est crucial. C’est la seule façon d’éviter des présentations biaisées dans l’avenir.

3 – Faire l’objet d’un bilan annuel, présenté au Parlement en urgence, qui contiendra une analyse de l’ensemble du dispositif et des difficultés rencontrées sur le terrain, et, pour chaque mesure n’ayant pas produit les effets escomptés, pourquoi les résultats n’ont pas été au rendez-vous. De cette façon, chaque année gouvernement et parlement pourront, dans le calme, effectuer des aménagements à la Loi, au vu des problèmes constatées, sans que nul ne « tire la couverture à lui », puisque l’opposition, dans tous les cas, aura été co-auteure du texte à 50%. Seule, cette façon de travailler, exigeante et moderne, qui est inspirée de la rigueur des Chefs d’entreprises pour leurs grands choix stratégiques, nous rendra forts et respectés.

La Fondation pour l’Islam de France présentée il y a quelques jours par Monsieur Cazeneuve gagnerait à être conçue sur une méthode identique. Elle est complémentaire à ce qui précède.

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Bertrand de Kermel est Président du comité Pauvreté et politique. Ancien directeur général d'un syndicat patronal du secteur agroalimentaire, aujourd'hui jeune retraité, il vient de publier « Le scandale de la pauvreté, les causes et les remèdes », paru aux Éditons de l'Oeuvre. 

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