Promesses internationales, sommets à répétition, accords historiques en cascade… Pourtant, face aux chiffres bruts des émissions mondiales, une réalité s’impose : l’architecture politique censée piloter la lutte contre le changement climatique est en train de sombrer.
2050 : pourquoi la baisse des émissions mondiales semble hors d’atteinte

Derrière les slogans et les objectifs affichés, la machine internationale patine. Et ce sont les émissions qui continuent de tracer leur route, loin des discours.
La mécanique bien huilée des sommets… pour rien
Depuis trois décennies, la communauté internationale enchaîne les grandes messes climatiques : Rio en 1992, Kyoto en 1997, Paris en 2015. À chaque fois, l’objectif est clair : limiter le réchauffement à 1,5 °C ou 2 °C maximum par rapport à l’ère préindustrielle. Mais en 2025, le constat est brutal : « sans rupture franche des tendances engagées, l’écart avec les trajectoires 1,5°C et 2°C du GIEC ne fera que se creuser », selon Rexecode.
La planète a-t-elle changé de cap ? À en croire les données, non. En 1990, Europe et États-Unis concentraient près de 35 % des émissions mondiales. Aujourd’hui, ils n’en représentent plus que 19 %. Non pas parce que les émissions mondiales ont baissé, mais parce que d’autres régions ont pris le relais. La Chine est passée de 12 % à 30 % du total annuel pour prendre le parfait exemple. Quant au reste du monde, il ne montre aucun signe d'inflexion.
Le problème est structurel. L'accord de Paris, souvent présenté comme un succès historique, repose entièrement sur des engagements volontaires. Aucun mécanisme contraignant. Aucune sanction en cas de non-respect. Chacun promet ce qu’il veut, sans rendre de comptes.
Le résultat ? Malgré les « progrès notables de l’UE » et les « inflexions observées aux États-Unis », la dynamique mondiale reste celle d'une hausse continue. Selon Rexecode, « les émissions mondiales de GES pourraient encore augmenter d’environ 11% d’ici 2050 ». À l’opposé des objectifs du GIEC, qui exigeraient une chute d'au moins 60 % sur la même période.
Émissions de carbone : chacun pour soi
Dans un monde aussi fragmenté actuellement, la lutte contre les émissions devient une variable d’ajustement politique. L’Europe pousse ses normes vertes, mais au prix d'une désindustrialisation rampante. Les États-Unis oscillent entre engagement et repli, au gré des changements d’administration tous les quatre ans. La Chine avance à son rythme, protégeant avant tout ses intérêts stratégiques.
Quant aux pays émergents, ils continuent d’augmenter leurs émissions pour soutenir leur croissance, sans que personne n'ose réellement leur demander de choisir entre développement économique et réduction carbone.
La vérité, brutale, est là : il n’existe aujourd’hui aucune autorité politique capable d’imposer un changement global. Les mécanismes actuels se contentent d’incantations, d’annonces spectaculaires et de déclarations de bonne volonté.
Et pendant que les gouvernements s’auto-congratulent dans les sommets internationaux, les courbes d’émissions, elles, continuent de grimper. Lentement, mais inexorablement. Jusqu’à rendre les seuils de 1,5 °C et 2 °C tout simplement hors d’atteinte.