Thierry Breton décortique la présidence de Donald Trump et défend la crédibilité de l'Europe sur Sud Radio
Dans un entretien accordé à Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, l'ancien commissaire européen Thierry Breton aborde la politique mondiale de Donald Trump et appelle à une Europe plus réactive. Il critique également la situation budgétaire de la France et plaide pour une réforme en profondeur de son modèle social.
Les 100 premiers jours de Donald Trump : un tsunami Mondial
Face aux interrogations de Jean-Jacques Bourdin, Thierry Breton n'a pas hésité à critiquer les premiers pas de Donald Trump à la Maison-Blanche. "C’est un tsunami mondial. C’est assez inédit dans l’histoire économique", a dénoncé Breton, pointant du doigt les décisions unilatérales de Trump, telles que la forte hausse des droits de douane. "Donald Trump vient de créer un impôt sur ses citoyens. Un impôt direct, notamment pour les plus démunis", a-t-il affirmé, critiquant également la promesse non tenue d’une baisse de l’inflation.
Selon Breton, les réactions européennes face à la politique de Trump sont insuffisantes : "L’Europe, face à Donald Trump, est trop mutique". L'ancien commissaire européen appelle à une réaction européenne plus ferme, en particulier concernant les négociations commerciales à venir. "On ne touche pas à notre démocratie. On ne touche pas à notre intégrité territoriale", a-t-il martelé, jugeant inacceptable les tentatives de Trump d’échanger des baisses de droits de douane contre des reculs réglementaires.
La dette publique française : un facteur d’affaiblissement diplomatique
Thierry Breton a également abordé la question de la dette publique française lors de son entrevue radio. Selon lui, cette dernière nuit à l'influence de la France dans les institutions européennes. "Quand on ne montre pas l’exemple, on est moins influents. C’est la règle du jeu à 27", a-t-il prévenu, soulignant l'importance de la crédibilité budgétaire. Il considère que la situation actuelle, avec un déficit de 150 milliards d'euros par an, est "insoutenable" et appelle à un rétablissement rapide de la confiance.
Face aux difficultés que rencontre le gouvernement pour boucler son budget 2026, l'ancien ministre a appelé à réaliser des économies. Selon lui, "La France fonctionne en dépensant 1.600 milliards d’euros par an. Et on ne trouverait pas 40 milliards d’économies ? Allons, soyons sérieux !"
Réformer le modèle social français : une urgence pour Thierry Breton
Lors de son entrevue, Thierry Breton a également appelé à une réforme de fond du modèle social français. Il a critiqué l'augmentation constante des prélèvements et certaines propositions récentes comme la suppression partielle de l’abattement fiscal sur les retraites ou la remise en cause de certaines niches fiscales. Pour lui, il est impératif de "garder ce modèle social, mais en utilisant toutes les techniques et technologies pour produire de la productivité".
En outre, Thierry Breton a pointé l'origine du mal budgétaire français à l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Selon lui, c'est à ce moment que "la dette a été inventée en France pour financer un modèle social auquel nous sommes très attachés, mais que notre économie ne peut pas financer".
Crise en Ukraine : l’Union européenne doit imposer sa présence
S'agissant de la crise ukrainienne, Thierry Breton a salué les avancées diplomatiques récentes, mais a insisté sur l'importance d'une position commune de l'Europe. "Maintenant, enfin, nous sommes d’accord avec les États-Unis et l’Ukraine. L’Europe doit s’imposer pour être à la table des discussions", a-t-il plaidé, appelant également la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à prendre part plus activement aux discussions.
Enfin, à propos de son rôle politique futur, Thierry Breton a évité de donner une réponse claire, mais n’a pas pour autant écarté un retour en politique : "Il y a une chose que j’ai apprise dans la vie, l’avenir de personne n’est pas inscrite".
L'entretien complet est à réécouter sur Sud Radio