Différence d’appartenance politique mais concordance des esprits : la liberté et les profits, c’est mal. Seul l’Etat peut désigner le bien.
Le président l’a bien compris, les Français ont un problème avec leur Etat. Malheureusement, Emmanuel Macron se borne à évoquer un vague « sentiment » et, en parfait technocrate, il refuse d’imaginer qu’une cervelle de citoyen puisse élaborer une critique fondée sur des arguments.
Après tout, la politique ne doit-elle pas en France rester réservée à des professionnels qui feront l’intégralité de leur carrière dans ce domaine ? Pour ce qui est de nos politiciens hexagonaux, il faut bien reconnaître que ces derniers ont quant à eux un « sentiment » très favorable vis-à-vis de l’Etat…
Une question de valeurs
Prenez par exemple Laurent Wauquiez. Le président des Républicains s’est donné la peine à l’automne de rappeler les valeurs qui figurent sur sa boussole politique.
Vous aussi, vous êtes étonné de pas voir la « liberté » ? Deux hypothèses : soit il s’agit d’un malheureux oubli, soit Laurent Wauquiez n’en n’a rien à secouer. Et mon coeur de balancer…
Toujours pour des questions de valeurs, on a récemment eu confirmation du fait que l’exécutif français snobe allègrement le nouveau président brésilien. Début avril, la France n’a en effet daigné envoyer « aucune délégation de haut niveau » au Salon de l’armement de Rio de Janeiro, comme le rapporte La Tribune. Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, les ministres français ont même « jusqu’ici soigneusement évité le Brésil ».
Forcément, Naval Group, Airbus et Thales, présents au Brésil depuis 40 ans, sont quelque peu inquiets.
Visiblement, la bonne conscience d’un ministre français s’accommode mieux de rois saoudiens, d’émirs qatari et autres sultans de Brunei que d’un Jair Bolsonaro élu démocratiquement. Tant pis pour l’intérêt général de la France et pour les entreprises françaises.
D’ailleurs, vu qu’on parle business, vous allez voir que dans l’esprit de notre classe politique, la vision des relations entre l’Etat et les entreprises n’a pas vraiment évolué vers plus de liberté.
Benoît Hamon, intermittent du spectacle politique (passe-temps : entrepreneur)
Commençons avec un homme habitué aux scores électoraux tout petits mais qui voit tout en très très grand, j’ai nommé Benoît Hamon. Comme vous le savez, le leader de Génération.s, c’est ce sémillant quinqua qui a successivement été tout ça :
… mais qui se présente aujourd’hui comme le nouveau Steve Jobs :
Aucune trace de cette société sur la fiche Wikipédia de Benoît Hamon. France Inter a cependant appris de l’entourage de l’ancien socialiste que ce dernier « est le président d’une société nommée ‘BH Horizons’, qui ‘commence doucement’ et via laquelle le candidat aux européennes propose du conseil ‘tourné vers l’économie solidaire’ ». Du coup, il y a peu de chances que cette activité privée – pour laquelle je le félicite au passage – lui rapporte plus que son poste de conseiller régional d’Île-de-France.
L’Etat et les GAFA
Bref, Benoît Hamon, disais-je, voit tout en grand et voudrait donc rien de moins que « démanteler les GAFA ».
Il n’est d’ailleurs pas le seul puisque cette position est un marqueur de l’extrême-gauche française.
Du coup, lorsqu’on lui demande s’il utilise un téléphone Apple, Fabien Roussel est contraint de répondre : « malgré moi… »
Et puis démanteler les GAFA au nom de quoi, d’ailleurs ? Le blogueur québécois Le Minarchiste a traité de cette question en octobre 2018 dans une fiche de lecture sur l’ouvrage de Scott Galloway Le Règne des quatre : la face cachée d’Amazon, Apple, Facebook et Google (2018).
Galloway est en faveur du démantèlement de ces géants en plusieurs entités avec des arguments un peu plus affutés que ceux de messieurs Hamon et Roussel. « Nous sommes des capitalistes et ces quatre entreprises étouffent la concurrence nécessaire au bon fonctionnement du système », résume Le Minarchiste qui embraye :
« Personnellement, je ne suis pas en accord avec la proposition de démanteler ces entreprises. Certes, elles essaient tant que possible de contrer la concurrence avec beaucoup de succès, mais elles ne se comportent pas comme des monopolistes auprès des consommateurs. Au contraire, ces entreprises se sont taillé une place de choix dans l’économie en offrant des produits et des services moins chers que ceux de leurs concurrents, et souvent même gratuits, et dont la qualité s’améliore. Plus vous utilisez Google, plus il devient meilleur et plus le coût par clic diminue. »
Bref, merci à Benoît Hamon et à Fabien Roussel d’attendre que les GAFA nuisent aux consommateurs pour nous reparler de les démanteler. D’ici là, ils ont notamment la possibilité de changer de marque de téléphone et de passer sous une distribution Linux.
L’Etat et le partage du profit
Nous n’en n’avons pas encore terminé avec notre intermittent du spectacle politique, qui n’est décidément jamais en retard d’une proposition absurde.
Voici la dernière, en date du 21 mars :
Evidemment, certains sont venus lui demander s’il souhaitait aussi que les salariés assument les pertes des entreprises. Ca a été le silence radio. Benoît Hamon vit peut-être dans un monde imaginaire où l’Etat ayant vocation à toujours répondre présent pour sauver les canards boiteux de la faillite, les entreprises n’essuient jamais de pertes…
D’autres ont préféré attirer son attention sur le caractère ridicule de son »idée« en prenant l’exemple des employés de la Banque de France :
Mais laissons le dernier mot sur Benoît Hamon à Diane de Fortanier, journaliste à Contexte.
Malheureusement, du côté de ce qu’il est convenu d’appeler « la droite », ça n’est pas plus reluisant. Voici ce que Xavier Bertrand, président du Conseil régional des Hauts-de-France, propose en matière de partage des profits :
Différences de couleur politique mais concordance des esprits, comme le fait remarquer Daniel Tourre ?
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