Alors que l’Union européenne s’efforce d’accélérer la transition énergétique, certains de ses États membres prennent des décisions à contre-courant. C’est le cas de la Slovaquie qui, comme le rapporte Euractiv, vient d’annoncer un revirement concernant sa politique énergétique. Un nouveau revers pour Bruxelles qui fragilise encore davantage les ambitions de la Commission européenne.
Énergie : fin des subventions annoncée pour les énergies renouvelables pour ce pays de l’UE

La Slovaquie arrêtera progressivement ses subventions à destinations des producteurs d'énergie renouvelables d'ici à 2026.
La Slovaquie tourne le dos aux énergies renouvelables
Derrière ce changement de cap se trouve le patron de l'autorité de régulation de l'énergie slovaque lui-même : Jozef Holjenčík. Celui-ci a justifié cette mesure en dénonçant ce qu’il qualifie de développement « chaotique » des énergies renouvelables en Slovaquie, mais aussi la forte dépendance du solaire et de l’éolien aux conditions climatiques qui compromet leur fiabilité.
La fin des subventions concernera en particulier les tarifs de rachat, jusqu’ici financés par les consommateurs via leur facture d’électricité. Les producteurs pourront néanmoins conserver leur accès prioritaire au réseau électrique, ce qui leur permettra de vendre leur production sur le marché, précise Euractiv. Revers donc pour Bruxelles puisque ce changement de stratégie de la politique énergétique de la Slovaquie remet en cause la voie tracée – imposée – par la directive européenne qui plaide pour une montée en puissance rapide des énergies renouvelables. La Commission européenne s’étant en effet fixé l'objectif que la consommation énergétique de ses pays membres soit de 42,5 % d'origine renouvelable d'ici à 2030 – une ambition qui est même portée à 45 % dans le cadre du plan REPowerEU qui vise à accélérer la transition énergétique du Vieux Continent, tout en réduisant sa dépendance aux importations russes.
Le nucléaire fait son retour sur le devant de la scène
La suppression des subventions slovaques intervient alors que la France est en cours d'adopter sa loi de programmation pluriannuelle de l'énergie portée par le Premier ministre, François Bayrou – jugée irréaliste et trop vague tant du point de vue de ses objectifs que des moyens par plus de 160 sénateurs – l’Union européenne s’efforce de renforcer sa politique climatique. Bruxelles vise à ce que 42,5 % de la consommation énergétique des États membres provienne de sources renouvelables d’ici 2030. L’objectif est même d'atteindre 45 % dans le cadre du plan REPowerEU, élaboré pour accélérer la sortie de la dépendance des pays de l'UE aux importations d’énergie russe.
Pour autant, plusieurs pays tendent, comme la Slovaquie, à privilégier les sources de production électrique reconnues plus fiables, dont en tête le nucléaire qui représentait près de 60 % de la production d'électricité (59,2 %) slovaque en 2022, soit 15,92 TWh sur un total de 26,67 TWh. Le choix de Bratislava s'inscrit également dans une tendance mondiale. Comme l'estime en effet l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), la capacité nucléaire mondiale pourrait atteindre 873 gigawatts d’ici 2050 dans son scénario le plus réaliste, et jusqu'à 950 gigawatts dans une hypothèse plus optimiste, soit plus du double qu'en 2023 (371 gigawatts) en raison du développement de l'intelligence artificielle et des centres de données, et plus largement, de la numérisation de la société.