À l’occasion d’une interview accordée au JT de TF1, ce mercredi 16 avril 2025, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a annoncé vouloir supprimer une part ciblée des niches fiscales en vigueur, dans l’espoir d’alléger le budget de l’État sans relever le niveau d’imposition.
Budget 2026 : les niches fiscales dans le collimateur du gouvernement

Si cette annonce vise à répondre à la gravité soulignée par le Premier ministre François Bayrou — qui a reconnu la veille, lors d’une grande conférence, « l’état d’urgence budgétaire » de la France —, cette piste de réflexion pour le budget 2026 interroge quant à son application, et, par conséquent, sur sa portée réelle dans le redressement des comptes publics.
Des suppressions (floues) des certaines niches fiscales
Le cœur de la proposition d'Amélie de Montchalin tient en une promesse : faire le tri parmi les 467 niches fiscales que compte le système fiscal français, pour supprimer celles jugées « inutiles » ou « obsolètes ». Ces mécanismes, qui prennent la forme de réductions, d’exonérations ou de crédits d’impôt, représentent 85 milliards d’euros de dépenses annuelles pour l’État. Dans cette optique, la ministre chargée des Comptes publics avance un objectif de suppression de 10 %, soit environ 8 milliards d’euros d’économies attendues pour le budget 2026.
Amélie de Montchalin appuie sa proposition sur le fait que certains de ces dispositifs ne bénéficient qu’à « une dizaine ou moins de cent contribuables ». « Ce que je veux, c'est baisser les impôts pour tout le monde plutôt que d'avoir des niches fiscales pour quelques-uns », a-t-elle tenu à affirmer. Du reste, la ministre s’est bien gardée de dresser la liste des dispositifs susceptibles d’être concernés, tout en se voulant rassurante : elle a affirmé que certaines niches fiscales à caractère social — notamment celles liées aux services à la personne et à la garde d’enfants — seraient exclues de ladite révision. Autrement dit, les dispositifs les plus répandus seraient épargnés, ce qui donne l’impression d’un effet d’annonce plutôt que celui d'une orientation budgétaire concrète.
🗣️ "On préfère avoir des impôts potentiellement plus bas pour tout le monde, plutôt que des impôts élevés avec certains qui eux, ont de très fortes réductions d'impôts. Et si on supprime beaucoup de niches... on fera des baisses d'impôts pour tout le monde" : @AdeMontchalin pic.twitter.com/3NO8f9ikh1
— TF1Info (@TF1Info) April 16, 2025
Du vent, toujours du vent
La proposition d'Amélie de Montchalin ne tombe pas par hasard. Elle survient au lendemain de la grande conférence organisée par le Premier ministre François Bayrou, au cours de laquelle il a reconnu « l’état d’urgence budgétaire » de la France : la dette publique a franchi les 3 300 milliards d’euros, soit l’équivalent de 113 % du produit intérieur brut. Quant au déficit public, l’objectif affiché pour 2026 — le ramener à 4,6 % du PIB, contre 5,4 % en 2025 — impose de dégager au moins 40 milliards d’euros d’économies (de plus que prévu). Pourtant, malgré ce diagnostic posé par François Bayrou lors de sa conférence— que les Français n’ont pas attendu pour en avoir connaissance —, aucune mesure concrète n’a été annoncée à cette occasion pour l’élaboration du budget 2026. Le Premier ministre s’est contenté d’évoquer le lancement d’une grande consultation — une de plus — et la présentation d’un (premier) plan d’action d’ici le 14 juillet 2025.
De fait, la suppression de quelques niches fiscales apparaît aussi symbolique qu’elle fait figure d'un coup d'épée dans l'eau destine à calmer les critiques à l'endroit de Matignon. Que penser en effet de cette initiative — qui reste très floue quant à son application — en pilier de la stratégie budgétaire pour 2026, alors qu’aucune réforme d’envergure, ni sur les dépenses ni sur les recettes, n’a pour l’heure été amorcée ?
Le gouvernement, confronté à une majorité instable et vivant sous la menace permanente d’une motion de censure, opte pour une communication d’intention, sans réforme structurelle — ce qui confirme une nouvelle fois, si besoin était, l’immobilisme dans lequel les gouvernements se confortent depuis quarante ans.