Guerre en Ukraine : Moscou réarme le missile R-37M avec une ogive nucléaire

Il peut aller à 7 400 km/h. Détruire un avion avant même d’être repéré. Et désormais, selon Washington, embarquer une tête nucléaire. Le R-37M n’est plus juste un missile. Il devient une menace stratégique.

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By Grégoire Hernandez Published on 26 mai 2025 10h30
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Guerre en Ukraine : Moscou réarme le missile R-37M avec une ogive nucléaire - © PolitiqueMatin

R-37M : un missile qui ressurgit dans les airs

Selon un rapport publié le 11 mai 2025 par l’Agence de renseignement de la Défense du Pentagone, intitulé Évaluation de la menace mondiale, Moscou travaillerait sur « de nouvelles capacités », dont une version nucléaire du missile air-air R-37M. The War Zone, qui a pu consulter le rapport, identifie cet engin comme une déclinaison du R-37M, le « missile air-air le plus rapide du monde ». Mach 6, soit environ 7 400 km/h. Produit par l’entreprise Vympel, le missile pèse près de 500 kg pour 4 mètres de long, avec une portée revendiquée de 400 kilomètres.
Jusqu’ici, il transportait 60 kg d’explosif à fragmentation. Mais cette fois, la donne change. Le missile pourrait embarquer une ogive nucléaire. Un retour aux pratiques de la guerre froide. Sauf qu’à l’époque, ces armes avaient été abandonnées. Trop instables. Trop risquées. Trop enclines à provoquer une escalade incontrôlable. Si la Russie va au bout de son projet, elle serait seule, avec un missile soviétique, le R-33, à disposer aujourd’hui d’un missile air-air nucléaire opérationnel.

Officiellement, le R-37M est déjà en service depuis 2018. Utilisé notamment sur les chasseurs russes MiG-31, Su-30SM ou encore Su-35S, il est devenu l’une des bêtes noires de l’aviation ukrainienne. Capable d’atteindre des tankers, des chasseurs ennemis ou des dispositifs de brouillage à très longue distance, il frappe avant même d’être vu.
Un pilote ukrainien, interrogé en 2023 par The War Zone, était sans détour : « Si vous n’êtes pas au courant du lancement d’un missile, vous êtes mort ». Le missile limite même les capacités de manœuvre en vol. « Nous ne sommes pas en mesure d’effectuer une frappe aérienne ou autre, donc la situation reste très, très, très difficile dans les airs et très, très risquée. »

Retour à la dissuasion aérienne

Ce n’est pas un hasard si le Kremlin s’intéresse de nouveau à ce type de missile. Pendant la guerre froide, les missiles air-air nucléaires servaient à contrer des formations de bombardiers. Une forme de dissuasion aérienne. Mais leur instabilité tactique les avait conduits à être mis au rebut. La Russie semble vouloir revenir sur ses propres décisions. Revenir à l’ancienne logique : une arme nucléaire embarquée sur des appareils en vol, capable d’éliminer des escadres entières, tout en déjouant les systèmes anti-missiles les plus avancés.
Pour Hans Kristensen, directeur du programme nucléaire au sein du Federation of American Scientists, cette évolution représente un basculement stratégique. Il explique dans The War Zone que cette nouvelle version du R-37M, aussi appelée AA-13 Axehead par l’OTAN, « pourrait contenir une ogive nucléaire ». Et ce « pourrait » pèse très lourd dans la balance.

En pleine guerre en Ukraine, Moscou affine sa stratégie technologique. Le R-37M n’est pas un missile comme les autres. C’est une réponse aux nouveaux champs de bataille : brouillage électronique, essaims de drones, frappes furtives à très haute altitude. Grâce à sa navigation inertielle et ses mises à jour de trajectoire en vol, il est capable de s’adapter en temps réel.

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