Cinq ans après le Brexit, Londres revient petit à petit dans le jeu européen

Le Premier ministre britannique Keir Starmer avait promis un tournant. Il l’a mis en scène sur la Tamise, au pied du HMS Belfast. Et c’est peut-être là, sur ce bout de ferraille hérité de la Seconde Guerre mondiale, que le Royaume-Uni a réellement commencé à sortir du Brexit.

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By Grégoire Hernandez Published on 21 mai 2025 14h30
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Cinq ans après le Brexit, Londres revient petit à petit dans le jeu européen - © PolitiqueMatin

Cinq ans après le Brexit, un virage assumé de Londres

Ce lundi 19 mai 2025, le Royaume-Uni a signé avec l’Union européenne ce que Keir Starmer a appelé un « nouveau partenariat stratégique ». Défense, commerce, pêche, énergie, agroalimentaire : l’accord balaie large. Et surtout, il marque une rupture avec la ligne des précédents gouvernements conservateurs.
Après les annonces, Starmer, von der Leyen (la présidente de la Commission européenne) et Costa (président du Conseil européen) sont allés déjeuner sur la frégate HMS Sutherland, amarrée à côté du HMS Belfast. Le symbole est évident : Londres n’a pas seulement invité Bruxelles à dîner, elle l’a fait sur un navire de guerre.
Depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024, Starmer avait promis de « relancer » les relations avec l’UE. C’est désormais chose faite. L’accord tombe aussi dans un contexte géopolitique tendu, entre guerre en Ukraine et incertitudes américaines avec l'imprévisible Donald Trump, qui pousse Londres à réintégrer les cercles européens, en particulier sur la sécurité.

C’est peut-être le volet le plus symbolique de ce rapprochement. Le Royaume-Uni pourra désormais participer à certaines réunions ministérielles de l’UE en matière de défense. Il aura aussi la possibilité de rejoindre certaines missions militaires européennes.
Plus stratégique encore : Londres espère intégrer le futur programme européen d’armement, doté de 150 milliards d’euros. Cela suppose un accord complémentaire, et une contribution financière non négligeable. Mais sur le papier, c’est un retour dans le jeu. Starmer parle d’un accord « gagnant-gagnant ». Ursula von der Leyen, elle, salue un « moment historique ».

Commerce, pêche, agroalimentaire : des compromis calculés

Sur le commerce, le Royaume-Uni a obtenu un allègement des formalités douanières sur la « grande majorité » des produits agricoles et alimentaires. En échange, Londres accepte un « alignement dynamique » sur les normes sanitaires européennes. Traduction : retour partiel à des règles européennes, même si Starmer refuse de parler de réintégration au marché unique.
Autre point sensible : la pêche. Le compromis permet aux pêcheurs européens de continuer à accéder aux eaux britanniques jusqu’en 2038, contre 2026 auparavant. La France, très impliquée sur ce sujet, a salué l’accord. En retour, les Britanniques gagnent en fluidité pour leurs exportations alimentaires.
Côté chiffres, Downing Street évalue à 10,7 milliards d’euros les gains économiques pour le Royaume-Uni d’ici à 2040.

Starmer l’a répété : pas question de revenir dans le marché commun ni dans l’union douanière. Et surtout, aucune libre circulation. Le dossier des visas jeunes reste en suspens. Un projet Erasmus bis est envisagé, mais rien n’est encore signé.
Ces restrictions sont aussi dictées par le contexte politique intérieur. Le parti europhobe Reform UK de Nigel Farage monte dans les sondages. Sa vice-présidente, Richard Tice, a parlé de « capitulation ». Kemi Badenoch, cheffe de l’opposition conservatrice, dénonce un Royaume-Uni « soumis aux règles de Bruxelles ».

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