Annexion du Groenland : le Danemark hausse le ton face à Trump

Alors que les États-Unis évoquent à nouveau le Groenland comme territoire stratégique, la cheffe du gouvernement danois, en déplacement sur l’île arctique, oppose une fin de non-recevoir ferme et directe. Les tensions s’intensifient entre alliés de l’OTAN.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 4 avril 2025 14h29
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annexion-groenland-danemark-ton-face-a-trump - © PolitiqueMatin

Le 3 avril 2025, Mette Frederiksen, première ministre du Danemark, s’est rendue au Groenland pour rappeler la souveraineté danoise sur ce territoire autonome. Face aux déclarations récentes de Donald Trump et de son entourage visant à remettre en question ce statu, elle a tenu un discours sans ambiguïté.

Le Groenland, cible des ambitions américaines

Devant la presse, depuis un navire de la marine danoise, la première ministre a dénoncé sans détour les intentions américaines. « Vous ne pouvez annexer un autre pays », a-t-elle déclaré en anglais, s’adressant explicitement au gouvernement américain. Une formule directe, presque brutale, pour rappeler que le Groenland, bien que géographiquement isolé, ne saurait devenir un enjeu de marchandage diplomatique.

Dans le contexte de la présidence Trump, le Groenland fait l’objet d’un regain d’intérêt stratégique. Selon le Washington Post, la Maison Blanche aurait lancé une évaluation des coûts et bénéfices potentiels d’un contrôle accru sur le territoire, notamment via l’exploitation de ses ressources naturelles encore largement inexplorées.

Mais Copenhague n’entend pas rester passive. « Le Groenland fait partie de l’OTAN et, depuis 75 ans, nous avons avec vous [les États-Unis] un accord de défense qui vous donne un large accès à ce territoire », a rappelé Frederiksen. « Si vous souhaitez être davantage présent au Groenland, le Groenland et le Danemark sont prêts », a-t-elle ajouté. Un rappel à l’ordre qui renvoie Washington à ses obligations dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord.

L’Europe silencieuse, Copenhague monte au front

Alors que l’OTAN, en tant qu’institution, ne s’est pas encore exprimée, la diplomatie danoise s’active. Le ministre des affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen a rencontré le secrétaire d’État américain Marco Rubio à Bruxelles, à l’occasion d’une réunion des ministres de l’Alliance atlantique. Il a déclaré à la presse : « Ces déclarations continues du président américain sur l’ambition de prendre le Groenland ne sont en aucun cas acceptables. Cela a pris une ampleur qui n’est pas conforme au droit international et qui remet en question notre souveraineté ».

Cette fermeté danoise contraste avec le silence relatif de nombreux partenaires européens, prudents face à la ligne dure de Washington. Le Groenland se retrouve ainsi au cœur d’un affrontement indirect entre des visions divergentes de la souveraineté dans l’espace nord-atlantique.

Du côté américain, le vice-président J. D. Vance a ouvertement critiqué la gestion danoise de l’île, affirmant : « Le Danemark a vraiment sous-investi dans les infrastructures et la sécurité du Groenland ». Sur Newsmax, il a même avancé que « les habitants du Groenland veulent devenir indépendants du Danemark », insinuant qu’un partenariat direct avec les États-Unis pourrait se dessiner à l’avenir. Un scénario que Copenhague considère comme une ligne rouge.

Une réaffirmation de la présence danoise dans l’Arctique

Sur le terrain, la réaction danoise ne se limite pas aux mots. Frederiksen a profité de son déplacement pour annoncer le renforcement des moyens de surveillance et de présence dans l’Arctique. Des navires polaires supplémentaires, des drones longue distance et des capacités satellitaires accrues viendront compléter le dispositif existant. « Nous respectons nos engagements et d’autres suivront », a-t-elle déclaré, insistant sur le fait que la sécurité de la région « a toujours été une tâche commune ».

Elle a également rencontré des chefs d’entreprise groenlandais, mettant en avant la coopération économique entre Nuuk et Copenhague. L’objectif est clair : renforcer les liens avec la population locale face à une pression extérieure croissante.

Mikaela Engell, ancienne représentante du Danemark au Groenland, a salué cette visite : « C’est très, très important et très rassurant pour les Groenlandais de voir une cheffe du gouvernement danois au Groenland ». Elle rappelle qu’en janvier, « le gouvernement danois était presque invisible », semblant hésiter entre les exigences américaines et le respect de sa propre souveraineté.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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