Arnaud Montebourg, dégoûté de la politique, juge sévèrement l’action du gouvernement

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Par Laure De Charette Modifié le 2 avril 2015 à 11h22
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L’ex-ténor du made in France, limogé manu militari par François Hollande il y a quelques mois, parle aux Echos. Arnaud Montebourg, ex-ministre du Redressement productif, tacle sévèrement la politique du chef de l’Etat. Pour lui, "François Hollande mène une politique qui étouffe l’économie". Ironie de l’histoire, Manuel Valls lui-même vient de reconnaître que les hausses d’impôts successives, pratiquées par la droite, mais aussi par ses soins, ont "étouffé l’économie française".

Des dirigeants impuissants ?

Au sujet des résultats des élections départementales, il estime que c’est "le sentiment d’impuissance économique des dirigeants politiques" qui fait aujourd’hui la force du FN.

Pour lui, le gouvernement fait fausse route. "C’est tout le programme d’austérité fiscale commencé par la droite et poursuivi par la gauche qui est au cœur du grand désaccord national. On est loin des promesses de 2012. Voilà pourquoi une partie de l’électorat de gauche ne va plus voter et une autre passe au FN".

De là à penser qu’il juge la politique de François Hollande pire que celle de Nicolas Sarkozy, il n’y a qu’un pas. Mais il rectifie : "Non, elle est en matière économique la même. Je n’ai eu de cesse de faire des notes au président de la République _ et j’ai publié ces archives _ proposant une autre stratégie économique et budgétaire, qui n’ont donné lieu ni à débat ni à réponse. D’où mon départ".

Des mots très durs

Au sujet de la politique gouvernementale, il parle d’"erreurs", d’"entêtement", de "dogmatisme", d’"hémorragie du chômage", de "politiques absurdes", d’une "politique qui étouffe l’économie et porte la responsabilité de l’augmentation du chômage".

Celui qui dit n’avoir ni revu, ni parlé au président de la République depuis son éviction du gouvernement voit d’un œil sombre l’avenir économique de la France, et de l’Europe, empêtrée dans l’austérité. "Si on ne parvient pas à diminuer rapidement et fortement le chômage, l’Europe s’enfoncera dans la crise politique".

Il redoute ainsi "l’exaspération et la colère des peuples européens".

Interrogé sur son bilan, il énumère : "J’ai écrit il y a 15 ans le projet de VIe République, j’ai été le premier à m’attaquer aux paradis fiscaux, j’ai imaginé les primaires ouvertes du PS en 2009, j’ai importé en Europe le concept de dé-mondialisation et j’ai fait du Made in France une cause nationale de défense de l’appareil productif".

Après avoir suivi un séminaire de formation au leadership à l’Insead, et alors qu’il vient d’être nommé vice-président d’Habitat, il explique qu’il a le projet de créer sa propre entreprise. De son passage à l'Insead, il a retenu ceci : "le monde politique n’a pas de règles et peu de sanctions ; dans l’entreprise, il y a beaucoup de règles et des sanctions".

Au sujet de la politique, il évoque "un système néfaste et dangereux" et des "débats qui n’en valent pas la peine". Rien de moins !

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique.Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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