La croissance française fait du sur-place et la France n’a toujours pas de budget !

Les derniers chiffres de l’Insee sont sans appel : après un sursaut estival porté par les Jeux Olympiques, l’économie française s’est contractée de 0,1 % au quatrième trimestre 2024.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 30 janvier 2025 à 10h30
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Croissance française : un coup de frein après le sursaut olympique

À l’été 2024, les Jeux Olympiques de Paris avaient permis un rebond temporaire de l’activité. Dopé par cet événement mondial qui a été une franche réussite, le PIB français avait enregistré une progression de 0,4 % au troisième trimestre. Mais dès la fin de l’année, cette dynamique s’est essoufflée. L’Insee a confirmé une contraction de 0,1 % du PIB entre octobre et décembre 2024, une contre-performance en deçà des attentes initiales qui tablaient sur une stagnation.
Ce repli s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, la consommation des ménages, qui avait soutenu la croissance l’été dernier, marque le pas. Elle progresse seulement de 0,4 % au quatrième trimestre, contre 0,6 % précédemment. D’autre part, le commerce extérieur pèse sur la croissance, avec une contribution négative de -0,2 point au dernier trimestre. Autrement dit, la hausse des importations et la baisse des exportations grèvent l’activité globale.

Le ralentissement économique français ne peut être dissocié des tensions politiques qui minent la stabilité du pays. La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 a plongé la France dans une incertitude prolongée, avec aucun parti politique n'ayant une majorité permettant de pouvoir gouverner le pays avec un véritable projet. À ce jour, le pays n’a toujours pas de budget pour 2025, conséquence directe de la chute du gouvernement de Michel Barnier en décembre 2024.
Cette crise politique, voire institutionnelle pour certains, pèse lourdement sur la confiance des ménages et des entreprises. Depuis octobre 2024, les enquêtes de conjoncture révèlent un moral en berne. Le climat des affaires se détériore et les entreprises hésitent à investir dans un environnement aussi incertain. Les chiffres l’attestent : les investissements ont reculé de 0,1 % au quatrième trimestre, après une baisse de 0,3 % durant l’été. Pour les ménages, la contraction est encore plus marquée, avec une diminution de 0,3 % des investissements résidentiels.

Des perspectives pour 2025 peu rassurantes

Si l’année 2024 s’est achevée sur une croissance annuelle de 1,1 %, comme prévu par le gouvernement et l’Insee, les perspectives pour 2025 s’assombrissent. Initialement fixée à 1,1 %, la prévision de croissance a été révisée à 0,9 % par l’exécutif. Pourtant, le Haut Conseil des finances publiques juge cette estimation optimiste, évoquant un consensus des économistes proche de 0,7 %.
Les premiers mois de 2025 s’annoncent difficiles. L’Insee prévoit une croissance limitée à 0,2 % au premier et au deuxième trimestre. Une prévision prudente qui reflète un environnement marqué par un attentisme général. Comme l’explique à Les Échos Maxime Darmet, économiste chez Allianz Trade :

« Au premier semestre, l'économie française va continuer de patiner. On va rester sur une dynamique proche de zéro. »

Le principal défi réside dans l’adoption du budget 2025, qui pourrait conditionner le retour de la confiance et, par extension, une reprise de l’activité. Mais pour l’heure, les incertitudes restent nombreuses.

Plus qu’un simple ralentissement, certains analystes s’inquiètent d’un affaiblissement plus durable du moteur économique français. Les signaux d’alerte se multiplient : difficultés dans les secteurs du bâtiment et de l’automobile, multiplication des plans sociaux, hausse du chômage. L’économie hexagonale semble manquer de leviers pour enclencher une relance robuste.
À cela s’ajoute un contexte international peu porteur. Le ralentissement de la zone euro, la politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne et les tensions géopolitiques pèsent sur les échanges commerciaux et la dynamique économique globale.
Face à ces éléments, la France est-elle simplement en pause, ou au bord d’une période de stagnation durable ? Si la situation ne se redresse pas rapidement, la perspective d’une croissance anémique en 2025 pourrait se concrétiser, mettant à l’épreuve la résilience du pays.

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