Le vent tourne pour les Soulèvements de la Terre. Dans un revirement juridique, le Conseil d’État a suspendu la dissolution du mouvement décidée en juin par Gérald Darmanin pour incitation à la violence.
Darmanin contre les Soulèvements de la Terre : la dissolution suspendue
La suspension de la dissolution, un coup d'arrêt pour le gouvernement
Le Conseil d'État, plus haute juridiction administrative de France, a suspendu en référé la dissolution des Soulèvements de la Terre. Cette décision intervient après que le gouvernement, sous l'impulsion de Gérald Darmanin, ait prononcé la dissolution du mouvement le 21 juin. Considérant que cette décision plaçait les membres du collectif en situation d'urgence, le Conseil d'Etat a décidé de suspendre la dissolution, remettant sa décision finale à l'automne.
Les Soulèvements de la Terre est un mouvement écologiste militant pour la défense du climat et la préservation de la biodiversité. Ils se sont fait connaître par leurs actions directes visant à sensibiliser le public et les pouvoirs publics à l'urgence écologique, notamment par la destruction de lieux considérés comme non-écologiques, à l'instar du cimentier Lafargue ou encore de serres, à Nantes, quinze jours avant leur dissolution. On trouve également sur leur site la rediffusion d'une tribune parue dans Libération et justifiant les violences dans le monde agricole en expliquant que « le combat pour le partage des terres s'inscrit dans une longue tradition de luttes paysannes ».
Dissolution et suspension : quand la politique se mêle de justice
La suspension de la dissolution s'appuie sur plusieurs motifs. D'une part, le Conseil d'État a estimé que la dissolution pourrait porter une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d'association, un droit fondamental en France. D'autre part, des voix s'élèvent contre la décision initiale du gouvernement, la jugeant disproportionnée. Plusieurs avocats et personnalités politiques ont exprimé leur soutien au mouvement.
Pour le gouvernement, les Soulèvements de la Terre est un mouvement dangereux pour la sécurité des personnes et des biens, ce qui justifie sa dissolution dans le cadre de la loi séparatisme de 2021. Sur le site du collectif, on peut lire « Nous nous soulevons, chacun.e depuis notre endroit, chacun.e à notre manière. [...] On ne dissout pas un mouvement, on ne dissout pas une révolte. Nous appelons toutes et tous à nous rejoindre pour rendre caduque cette tentative d’étouffement. » On comprend qu'il n'est pas question de se dédouaner d'actes violents, mais aussi que le mouvement ne prévoit pas d'obéir à la décision de dissolution si elle devait être maintenue.
Cette décision intervient quelques jours après la dissolution du mouvement catholique Civitas. Il est donc possible que ses membres y voient une porte de sortie à leur propre situation.