Robert Badinter, qui mit un terme à la peine de mort, nous a quitté

Dans la nuit du jeudi au vendredi 9 février 2024, la France a perdu l’une de ses plus grandes figures de la justice et de la politique, Robert Badinter, décédé à l’âge de 95 ans. Ancien Garde des Sceaux et fervent défenseur des droits de l’homme, Robert Badinter a marqué l’histoire française par son combat acharné pour l’abolition de la peine de mort, réalisée en 1981 sous la présidence de François Mitterrand.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 12 février 2024 à 17h16
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Robert Badinter : l'homme qui a aboli la peine de mort

Né à Paris en 1928, Robert Badinter a grandi dans l'ombre de la Seconde Guerre mondiale, une période qui a profondément marqué sa vie et ses convictions. Son père, arrêté et déporté sous ses yeux, meurt dans le camp de concentration de Sobibor, en Pologne. Après des études de lettres et de droit, Badinter devient avocat, se faisant connaître pour sa brillante éloquence et son engagement sans faille pour la justice.

En 1981, en tant que ministre de la Justice sous la présidence de François Mitterrand, il porte le projet d'abolition de la peine de mort, suite à un procès qui l'a marqué : celui de Roger Bontems et de Patrick Henry, tous les deux condamnés à mort suite à une prise d'otage. S'il n'a pas réussi à sauvé la vie du premier, il l'a fait pour le second. Son action ne se limite pas à cette réforme historique ; il œuvre également pour la dépénalisation de l'homosexualité et met en place un régime d'indemnisation pour les victimes d'accidents de la route. 

Une pluie d'hommages pour Robert Badinter

La disparition de Robert Badinter a suscité une vague d'émotion et de reconnaissance à travers le pays, transcendant les clivages politiques. L'Élysée, dans un communiqué de ce vendredi 9 février 2024, a rendu un vibrant hommage à l'ancien Garde des Sceaux, le qualifiant d'« érudit » et d' « homme des Lumières ». Emmanuel Macron était présent lors de la minute de silence qui a été donné à l'École nationale de la magistrature de Bordeaux, et a salué « une figure du siècle (...) qui a conduit pour notre pays l'abolition (de la peine de mort) mais aussi des réformes importantes, un président du Conseil constitutionnel qui a joué un rôle essentiel dans la vie de notre démocratie (...) C'est un repère, une conscience. La Nation lui doit beaucoup, beaucoup ». Le Président a annoncé qu'un hommage national lui sera prochainement rendu.

À gauche comme à droite, la figure de Robert Badinter semble faire consensus : « homme de droit et de valeurs » (Gabriel Attal, Premier ministre), « garde des sceaux visionnaire et courageux » (Éric Dupond Moretti, ministre de la Justice), « figure emblématique de la justice » (Éric Ciotti, LR), « un repère, une référence » (François Bayrou, MoDem), « un géant de la dignité humaine » (Unesco), « combattant infatigable pour les droits humains » (Manuel Bompard, LFI), « une figure marquante » (Marine Le Pen, RN), etc. L'ensemble de la classe politique a tenu à honorer cette figure française. « Je ne crois pas au destin, je ne crois pas aux choses surnaturelles. Mais Robert Badinter a choisi de partir le jour de la commémoration de la rafle qui a emporté son père », a ainsi tenu à souligner l'avocat Alain Jakubowicz sur LCI, mettant en lumière la dimension symbolique et personnelle de son combat.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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