Donald Trump a-t-il volé l’invention de la fission nucléaire à la Nouvelle-Zélande ?

Lors de son discours d’investiture, Donald Trump a donné bien du grain à moudre aux différents médias. La Nouvelle-Zélande lui reproche ainsi d’attribuer aux Etats-Unis l’invention de la fission nucléaire, alors qu’elle revient à un chercheur néozélandais du début du XXe siècle.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 22 janvier 2025 à 15h02
Donald Trump Election Etats Unis

Le 20 janvier 2025, Donald Trump, fraîchement réinvesti 47e président des États-Unis, a prononcé un discours depuis la rotonde du Capitole. Lors de cet éloge des réalisations américaines, il a déclaré : « Les Américains […] ont traversé des déserts, escaladé des montagnes, bravé des dangers incalculables, conquis le Far West, mis fin à l'esclavage, sauvé des millions de personnes de la tyrannie, sorti des millions de personnes de la pauvreté, maîtrisé l'électricité, scindé l'atome. » Une phrase qui, au-delà de l’exaltation nationale, a suscité des réactions outrées en Nouvelle-Zélande, terre natale d’Ernest Rutherford, le scientifique considéré comme le père de la physique nucléaire.

Un discours d'investiture peu apprécié

Lors de son discours inaugural, Donald Trump a dressé un tableau lyrique des accomplissements américains : conquête du Far West, abolition de l’esclavage, électrification, et enfin, scission de l’atome. Selon les médias locaux, cette dernière affirmation, bien qu’enthousiaste, manquait de précision scientifique. Pourtant, le président ne semblait pas revendiquer que les États-Unis avaient été les premiers à réaliser cet exploit, mais plutôt mettre en avant les progrès nucléaires actuels du pays.

Cependant, cette nuance n’a pas retenu l’attention des critiques. Nick Smith, maire de Nelson (Nouvelle-Zélande), a rapidement publié une réponse sur Facebook : « Les recherches révolutionnaires de Rutherford [...] ont été réalisées bien avant que les États-Unis ne s’intéressent à ces domaines. »

Nouvelle-Zélande : une fierté nationale mise à mal

Ernest Rutherford, né à Nelson en 1871, est une figure emblématique en Nouvelle-Zélande. Ses travaux sur la structure atomique, réalisés dans les universités de Cambridge et Manchester, lui ont valu le prix Nobel de chimie en 1908. Son influence est telle que son portrait figure sur les billets de 100 dollars néo-zélandais, et son nom orne de nombreuses rues et bâtiments du pays.

Face aux propos de Donald Trump, les réactions néo-zélandaises ont pris un ton patriotique, mêlé d’humour. Sur le réseau X (anciennement Twitter), Ben Uffindell, rédacteur en chef du site satirique The Civilian, s’est insurgé : « Trump vient d’affirmer que l’Amérique a divisé l’atome. C’est LA SEULE CHOSE QUE NOUS AVONS FAITE. » Ces réactions montrent à quel point cet héritage scientifique est une source de fierté pour la Nouvelle-Zélande.

La cabale contre Donald Trump est-elle justifiée ?

La déclaration de Donald Trump a été analysée sous toutes les coutures par les médias internationaux. Cependant, cette polémique pourrait être symptomatique d’un acharnement constant à dépeindre le président américain sous un jour négatif. Rien n’indique qu’il voulait ignorer l’importance des découvertes étrangères. Il semble plutôt avoir mis en lumière les progrès nucléaires récents des États-Unis.

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump est critiqué pour ses envolées verbales. L’attention disproportionnée portée à ses discours révèle une tendance des médias à exploiter la moindre erreur pour alimenter un récit critique. Loin d’être un débat purement scientifique, cette controverse illustre le climat hyperpolitisé entourant le président, d'autant que ses décisions vont la plupart du temps à l'encontre des opinions majoritaires.

Les médias face à Donald Trump : un acharnement récurrent

Depuis son premier mandat, Donald Trump a été une cible de choix pour les médias internationaux, qui se sont appliqués à examiner à la loupe chaque écart réel ou supposé de ses discours et de ses actions. Cette tendance s'est amplifiée pendant la dernière campagne présidentielle, où chaque phrase controversée ou approximation historique a fait les gros titres.

Un élément nouveau renforce ce climat de confrontation : Donald Trump a intégré dans son gouvernement Elon Musk, patron de X (anciennement Twitter) et figure emblématique de l’innovation technologique. Elon Musk, connu pour ses prises de position audacieuses, a déclaré que les réseaux sociaux étaient désormais les nouveaux médias. Il répète fréquemment : « You are the media now » (Maintenant, c'est vous les médias), une phrase qui résume sa vision d’un monde où les citoyens peuvent contrecarrer les récits traditionnels grâce à leurs propres canaux d’expression.

L’influence croissante des réseaux sociaux dans la diffusion de l’information, combinée à la proximité d’Elon Musk avec l’administration Trump, a exacerbé les tensions entre les médias traditionnels et le gouvernement. Les journalistes traditionnels voient dans cette évolution une menace pour leur rôle de gardiens de la vérité. Certains y perçoivent même une tentative de saper leur crédibilité, renforçant un ressentiment palpable dans leur couverture de l’administration Trump.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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