Donald Trump forme son gouvernement, que faut-il en attendre ?

Avec une approche qui se distingue par des prises de position fortes, notamment en matière de politique étrangère et de questions sociales, l’administration Trump pourrait marquer un tournant dans la politique américaine.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Modifié le 14 novembre 2024 à 11h30
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Une rencontre au sommet entre Biden et Trump

Le 13 novembre 2024, Joe Biden a rencontré son successeur Donald Trump à la Maison-Blanche pour une discussion d’environ deux heures. Selon la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, les échanges, ont été « cordiaux et courtois ». « Nous avons vraiment eu une très bonne réunion, nous avons appris à nous connaître à nouveau », a déclaré Donald Trump au New York Post. Son approche semble marquée par un souci de réévaluer les engagements américains à l’étranger, un point qui alimente les spéculations sur une possible réduction de l’aide militaire à l’Ukraine.

L'ancien et le nouveau présidents ont abordé plusieurs points critiques, notamment la guerre en Ukraine et les relations au Moyen-Orient. Joe Biden a plaidé pour le « soutien continu » des États-Unis à l'Ukraine, arguant que ce soutien est essentiel pour la sécurité nationale des États-Unis.

Toutefois, Trump, en quête d'une politique étrangère plus « pragmatique », a soulevé des interrogations sur la pertinence des dépenses militaires américaines en Ukraine, une position que partage également Marco Rubio, récemment nommé secrétaire d'État, un fervent défenseur d'un recentrage sur l'Indo-Pacifique. « Je pense que l’avenir du XXIe siècle sera défini par ce qui se passe dans l'Indo-Pacifique », a affirmé Marco Rubio, mettant en exergue l'importance de la montée en puissance de la Chine et de Taïwan dans la géopolitique internationale.

Marco Rubio, secrétaire d'État opposé à la Chine

Le cabinet de Trump commence à prendre forme, et plusieurs nominations laissent entrevoir une ligne politique nettement différenciée de celle de l’administration Biden. En nommant Marco Rubio au poste de secrétaire d'État et de chef de la diplomatie américaine, Trump s’entoure d’un partisan de la fermeté envers la Chine et l’Iran. Marco Rubio, fils d'immigrés cubains et fervent opposant au communisme, a exprimé des vues en faveur d'un « pragmatisme » vis-à-vis de la guerre en Ukraine, une position qui pourrait influencer un repositionnement stratégique des États-Unis.

Cette position pourrait impliquer une réévaluation des aides militaires et financières allouées à Kiev, afin de concentrer les efforts américains dans des régions jugées plus stratégiques, telles que l’Indo-Pacifique. Marco Rubio, connu pour ses positions anti-Chine, prévoit également de renforcer les liens militaires avec Taïwan, encourageant des livraisons directes d'armes pour contrer l'influence croissante de Pékin dans la région.

Donald Trump nomme Tulsi Gabbard, anti-OTAN, au renseignement

En parallèle, la nomination de Tulsi Gabbard au poste de directrice du Renseignement national suscite des réactions mitigées. Connue pour ses prises de position critiques à l'égard de l’OTAN, Tulsi Gabbard avait défendu, dès le début du conflit en Ukraine, l’idée selon laquelle l'expansion de l'OTAN était perçue par la Russie comme une menace directe. Sa nomination reflète l’intention de Trump de réorienter les priorités de renseignement en faveur d’une perspective plus nuancée sur la Russie. Cette orientation pourrait marquer un tournant dans les relations entre les États-Unis et leurs alliés européens.

Par ailleurs, Tulsi Gabbard, nommée à la tête du renseignement, envisage de recentrer les missions des agences de renseignement sur des menaces intérieures et une surveillance des zones critiques pour la sécurité nationale. Avec son passé d’opposition à l’OTAN et sa perspective nuancée vis-à-vis de la Russie, elle pourrait influencer une approche moins interventionniste en Europe, laissant aux alliés européens une part plus importante de la gestion de la sécurité régionale. Ce recentrage pourrait avoir des répercussions profondes sur les relations transatlantiques, en particulier si les États-Unis se désengagent des opérations soutenant l'Ukraine.

Donald Trump et son gouvernement nouvellement constitué entreront officiellement en fonction le 20 janvier 2025, lors de la cérémonie d'investiture prévue à Washington D.C. À cette date, Trump prêtera serment pour son second mandat, succédant formellement à Joe Biden dans une transition annoncée comme « historique ». Les yeux du monde seront tournés vers cet événement, qui marquera non seulement le retour de Trump à la Maison-Blanche mais aussi le début d'un programme politique qui pourrait remodeler la politique américaine et influencer les équilibres géopolitiques. Les premiers jours de ce mandat seront cruciaux pour confirmer les orientations et priorités du gouvernement Trump, en particulier concernant l'Ukraine et la posture des États-Unis face aux enjeux mondiaux.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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