Exhibition sexuelle, fraude fiscale : où est l’exemplarité ?

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Par Marine Tertrais Modifié le 6 septembre 2016 à 15h37
Cahuzac Fisc Argent Compte Banques

Interpellé en flagrant délit d'exhibition sexuelle dans un magasin de bricolage de banlieue parisienne, le député européen et vice-président du Modem, Robert Rochefort, a dû démissionner du parti. Les Français avaient-ils besoin d’un tel mauvais exemple ?

En train de se masturber à proximité de mineurs

Mercredi 31 août, le vice-président du Modem, Robert Rochefort, a été interpellé après avoir été surpris dans un magasin de bricolage à Vélizy, dans les Yvelines, en train de se masturber à proximité de mineurs. Et un de plus ! Aurait-on envie de dire… Sans tomber dans la facilité intellectuelle qui consiste à penser que nos politiques sont « tous pourris », il n’est pas inintéressant de s’interroger sur la place qu’accordent nos élus à l’exemplarité dans leurs comportements de tous les jours.

François Bayrou a immédiatement demandé à Robert Rochefort de démissionner et a lancé à qui voulait bien l’entendre : « On ne connaît jamais vraiment un homme ». Mais cela semble un peu court. Lundi 5 septembre, le procès de Jérôme Cahuzac s’ouvrait devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Là encore, quand l’affaire a explosé, on a vu le président de la République tomber des nues et jurer n’être au courant de rien. On veut bien le croire mais ce n’est pas suffisant.

Condamné et ministre

Dans un rapport intitulé « l'exemplarité des responsables publics », remis au président de la République en janvier 2015, Jean-Louis Nadal, le président de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, demandait de permettre aux assemblées élues « de destituer certains de leurs membres en cas de manquement grave à l'exemplarité ». Il souhaitait par ailleurs « plus systématiquement écarter de la vie publique » ceux qui se rendent coupable d'infractions pénales en « assurant une meilleure application de la peine d'inéligibilité en cas de condamnation pour atteinte à la probité publique ».

Un an et demi plus tard, qu’a-t-on fait ? Pas grand-chose, il faut bien l’avouer. De nombreux élus condamnés sont encore aux affaires sans que cela ne vienne déranger personne. Quand on sait que Jean-Christophe Cambadélis, le Premier secrétaire du Parti socialiste a été condamné en 2006 pour recel d’abus de confiance à 6 mois de prison avec sursis et 20 000 € d’amende, ou que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault a été condamné en 1997 pour délit de favoritisme dans l’attribution d’un marché public, on ne s’étonne plus trop du silence avec lequel ce genre d’affaires est accueilli dans ce petit monde de la politique.

« Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
»

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Marine Tertrais est journaliste à Economie Matin depuis 2015, après être passée successivement par Jol Press, et Atlantico.

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