Exposition de photos au mémorial de la Shoah : le regard glaçant des bourreaux

Du 23 janvier au 15 mai 2025, le Mémorial de la Shoah présente une exposition inédite : "Comment les nazis ont photographié leurs crimes, Auschwitz 1944". À travers l'album d'Auschwitz et d'autres archives visuelles, cette exposition plonge le visiteur dans les rouages glaçants du génocide perpétré par le régime nazi. Un voyage à la fois historique et émotionnel, permettant de comprendre ce que ces clichés révèlent, mais aussi ce qu’ils cherchent à dissimuler.

L’album d’Auschwitz : un témoignage rare et glaçant

Le centre de l'exposition est l'album photographique d’Auschwitz, un recueil unique de 197 clichés, conservé depuis 1980 au Mémorial Yad Vashem à Jérusalem. Réalisées à l’été 1944, ces images témoignent du déroulement méthodique de la déportation des Juifs de Hongrie, au moment où Auschwitz-Birkenau atteignait le paroxysme de son fonctionnement meurtrier.

Produites par l’Erkennungsdienst, le service photographique SS, ces images visaient à documenter l’efficacité des opérations pour les hauts dignitaires nazis. Mais, paradoxalement, elles révèlent des indices essentiels sur l’organisation des convois, les sélections et les failles du prétendu secret entourant l’extermination. Deux noms émergent : Bernhard Walter et Ernst Hofmann. Ces hommes, sans formation artistique notable, ont documenté méthodiquement la mort et l’asservissement, devenant des témoins actifs du génocide.

L’exposition ne se limite pas à l’album d’Auschwitz. Elle intègre  également l’album Höcker, un témoignage cynique sur la vie des SS pendant les exterminations​ ; les dessins de David Olère, survivant du Sonderkommando, qui a minutieusement illustré l’horreur qu’il a vécue​ ; et enfin des photographies clandestines, prises au péril de leur vie par des membres du Sonderkommando​.

Une mise en scène dérangeante de la Shoah : entre propagande et vérités cachées

L’exposition met en lumière l’aspect scénarisé des photographies. Derrière chaque image se cache une volonté de masquer l’horreur. Toutefois, des détails échappent aux photographes : un regard défiant, un geste de révolte silencieux ou une fumée suspecte à l’arrière-plan.

Ainsi, on découvre, au premier plan d'une photo, une femme qui tire la langue à l’objectif, tandis qu’une autre se couvre le nez pour échapper aux odeurs pestilentielles des crématoires​​. Grâce à une table cartographique lumineuse, les visiteurs peuvent visualiser où ces photos ont été prises, superposées aux vues aériennes alliées du camp​.