Fin de vie : tout savoir sur le projet de loi à l’étude

L’euthanasie à la française, ce pourrait être pour bientôt. Un projet de loi sur la fin de vie se trouve à l’étude à l’Assemblée nationale pour une promulgation autour de 2025. Que contient-il, et évite-t-il les dérives rencontrées dans les autres pays ?

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 11 avril 2024 à 16h56
fin de vie

Un projet de loi fin de vie qui se veut strict

Avant toute chose, Emmanuel Macron ne veut pas parler d'« euthanasie » ni de « suicide assisté ». Son projet de loi sur la fin de vie, il l'affirme, « ouvre la possibilité de demander une aide à mourir sous certaines conditions strictes ». Ce dernier point laisse cependant certains soignants dubitatifs. Le projet de loi permet de demander l'euthanasie en cas de mort « à court ou moyen terme », ce deuxième critère étant assez flou. D'autant qu'il peut arriver, et c'est même souvent le cas, qu'un patient en fin de vie, condamné par les équipes médicales vive plus longtemps qu'on ne l'aurait pensé.

L'euthanasie ne pourrait être accordée qu'à un patient majeur, capable d'un discernement plein et entier - ce qui exclu notamment les personnes atteintes d'Alzheimer, souffrant d'une maladie incurable et engageant son pronostic vital. Impossible donc, pour le moment, d'euthanasier des enfants ou des personnes souffrant d'anorexie, comme c'est le cas en Belgique, où l'euthanasie est autorisée depuis 2002.

Le projet de loi contient également un volet sur les soins palliatifs, qui permettent de réduire, voire supprimer les douleurs physiques et mentales des patients. Cela leur permet de profiter de leur entourage, de se reposer, et d'aller naturellement au bout de leur vie. Le projet de loi permettrait les soins palliatifs à domicile, très lourds pour les familles, et investirait un milliard d'euros dans ce type de soins. Une somme considérée comme dérisoire par la profession.

Un sujet clivant et risqué

De nombreux militants, notamment l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), oeuvrent depuis de nombreuses années pour que l'euthanasie fasse son entrée dans la loi française. Ils s'appuient notamment sur les Français qui, pour mettre fin à leurs jours, vont en Belgique ou en Suisse, et présentent l'euthanasie comme la seule solution à certaines maladies incurables faisant souffrir ceux qui en sont affectés. C'est ainsi que les sondages, toujours menés sur des Français qui ne sont pour la plupart pas en fin de vie, obtiennent un plébiscite pour une euthanasie qui mettrait un terme à des souffrances insupportables.

Pour résoudre ces souffrances, la France a, en 2016, promulgué la loi Clays-Leonetti, qui devait permettre le déploiement des soins palliatifs. Dix ans plus tard, le bilan est assez mitigé. Alors que les malades qui ont pu en profiter et leur entourage louent les bienfaits de ces soins et le bien qu'ils leur ont apporté pour leurs derniers jours, un département sur cinq ne dispose d'aucune unité de soins palliatifs et 95% des besoins ne sont pas comblés. Les séjours en soins palliatifs sont trop courts, voire inexistants. Dans les unités de soins palliatifs, seuls 0,003% des patients demandent l'euthanasie.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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