Agriculture, la clé et le fondement de tout

Extrait du livre : L’alternative aux fossoyeuses de l’écologie politique, de Jean-Marc Governatori, tête de liste de l’Écologie au centre pour les élections européennes de 2024, éditions La Politique sur le fil, mars 2024.

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Par Jean-Marc Governatori Modifié le 8 avril 2024 à 18h31
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L’ordre naturel des choses est que agriculture et écologie soient complices, fraternelles, unies. Ce n’est pas
 encore le cas à cause des fautes d’EELV, alors que le bien commun requiert cette union. Ce qui intéresse les écologistes centristes que je représente dans ce livre, n’est
 pas « c’est la faute à qui ? », mais résoudre, apporter des solutions.

Analysons.

Aujourd’hui, on a besoin de tous les métiers pour le bien commun, mais deux d’entre eux ont un poids très particulier : le policier et le paysan.

Le premier risque sa vie chaque jour pour nous, le
 second permet qu’on mange.

C’est pourquoi c’est pure folie d’inclure ainsi l’agriculture dans le libre-échange surtout qu’il y a plusieurs agricultures, plusieurs types d’exploitations, de quelques hectares à plus de 500 hectares, des agricultures en système conventionnel, bio, raisonné ou dites 
de Haute Valeur Environnementale.


L’activité agricole nous enseigne le réalisme et la mesure.
« Tout est poison, rien n’est poison » disait Paul Valery,
nous y sommes : dans le monde idéal, agriculteurs et écologistes voudraient zéro chimie de synthèse, qu’on parle d’engrais ou de pesticides. C’est possible si la population 
accepte beaucoup moins d’abondance en rayons alimentaires, des hausses de prix de 10 à 100 % et que beaucoup
 de jeunes choisissent une activité agricole pénible : d’un
 point de vue environnemental et sanitaire, désherber à la main est le plus sain. Mais on comprend aisément que 
ces options soient très compliquées. Les agriculteurs
 sont 100 % d’accord pour se passer de chimie de synthèse,
mais il faut alors soit une molécule de remplacement,
soit des prix à l’unité plus haut pour une production plus 
basse ou nulle dans certains cas. Par conséquent, il faut
 réduire progressivement la chimie de synthèse dans l’agriculture mais s’en passer totalement, tout le temps 
et partout, n’est pas réaliste.

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Évidemment, je respecte 
et apprécie les 100.000 producteurs et transformateurs
qui œuvrent dans l’agriculture biologique en France et les exploitations en agriculture biologique qui représentent
 13 % des exploitations agricoles et près de 10 % des surfaces. Les soutenir est une priorité.

Dans mon livre « Les 4 solutions à la Crise » (2012), j’expliquais mon désir de France rurale. S’il y avait 2,5 millions d’agriculteurs en France en 1955, ils sont moins
de 500.000 aujourd’hui. Comme il y a 22 millions de personnes qui vivent en zone rurale, le tiers de notre population, les agriculteurs sont très minoritaires dans nos territoires. Mais ils subissent comme les ruraux, les défauts de services publics, les déserts médicaux, les transports compliqués...

Des spécialistes rappellent que les changements de
régime politique, et même les changements de civilisation, ont souvent pour cause une crise agricole. Que sans 
famine, il n’y aurait peut-être pas eu de révolution en 1789
en France. Que le problème migratoire est alimenté par des agricultures vivrières en déshérence dans les pays quittés.
Que sans alimentation de qualité, pas de santé durable. 
Que sans agriculteurs sereins, l’avenir est obscur. Que
 sans paysans, c’est la fin de tout.


Les points capitaux liés à l’agriculture, ils sont tous à
traiter, sont : l’attrait du métier, la charge administrative,
la transmission des exploitations, la concurrence déloyale subie, l’impact environnemental, l’impact sanitaire, le recours à la science, le revenu du paysan
et l’autonomie alimentaire de nos territoires.

Il y a différentes sources sur les chiffres de l’agriculture. Selon l’Insee, en 2019, les agriculteurs-exploitants 
ne représentaient plus que 1,5 % de l’emploi total du pays,
soit une proportion divisée par plus de 4 en 40 ans. Selon
les données de Statista, le nombre de fermes agricoles 
en France métropolitaine est passé de 1.587.600 en 1970
 à 390.000 en 2020, soit une diminution d’environ 75 %. 
À leur tête, il reste à peine 500.000 exploitants et co- exploitants... Ça c’est pour l’aspect quantité, mais il y a 
l’aspect « moral des troupes », et là c’est aussi inquiétant :
 les conditions de vie précaires, des problèmes de santé 
liés à l’activité, des critiques pénibles, la concurrence 
accrue et déloyale de pays extérieurs, la réglementation,
les difficultés économiques, les aléas météorologiques, la
 crise climatique, l’instabilité des revenus et la solitude, font
 que le taux de suicide des agriculteurs est au plus haut :
 chaque jour en France, un agriculteur se suicide ou tente
 de mettre fin à ses jours. 
Il est facile de comprendre pourquoi ils manifestent
et ils ont eu raison de le faire. La manifestation massive pacifique et intelligente est un bon moyen pour faire avancer le bien commun.

 

C’est l’un des métiers où les revenus sont les plus disparates, même si le revenu moyen annuel serait de 30.000 €
pour les salariés agricoles, 23.000 pour les agriculteurs pour 55 h de travail en moyenne par semaine ! Avec son
revenu, l’agriculteur doit vivre et investir et comme c’est insuffisant, il emprunte et par conséquent il est endetté. 
Dans le même temps, le quart des agriculteurs survit sous 
le seuil de pauvreté selon l’INSEE dans un rapport de 2022.
 Si on examine les revenus des exploitants agricoles uniquement, et non des salariés agricoles, les producteurs
 de fruits et légumes, ou les vignerons, touchent en moyenne 2.800 € par mois. Les éleveurs bovins gagnent
eux en moyenne 1.500 € et les éleveurs de moutons ou de 
chèvres moins de 700 €... Les agriculteurs reçoivent des paiements directs au titre des fonds européens agricoles 
mais cela ne compense pas les difficultés du métier. Les vignerons sont généralement ceux qui génèrent le plus de revenus tandis que les éleveurs porcins, bovins et ovins,
ont plus de difficultés financières. C’est pourquoi l’arrêt programmé et organisé de l’élevage industriel est indispensable compte tenu aussi de son impact environnemental
et de la souffrance animale. La Bretagne, et ses algues 
vertes, est la région qui subit le plus l’élevage industriel.
 En France, l’agriculture émet 20 % des gaz à effet de serre
 et pratiquement la totalité des émissions d’ammoniaque 
selon l’ADEME. Ce secteur émet la moitié des émissions
 totales de poussières en suspension ce qui contribue à la pollution de l’air. Le tout évidemment, agresse la santé de l’exploitant et des ouvriers agricoles. Répartir l’élevage sur l’ensemble du territoire avec lien à la terre et non hors-sol,
est bienvenu.

Si notre balance commerciale est encore excédentaire,
la France est passée du deuxième rang au cinquième rang
des exportateurs mondiaux
.

On comprend pourquoi un agriculteur sur dix se dit optimiste et la moitié est pessimiste. D’où l’inquiétude des décideurs politiques quant au non renouvellement de tous 
ces paysans qui seront en âge de partir à la retraite, cela concerne près de la moitié des exploitants d’ici 2030. Les 
lois EGalim n’ont pas tout résolu et elles sont mal respectées. Les agriculteurs bio avaient meilleur moral mais la 
chute de cette consommation et l’importation de produits 
bio à des qualités parfois douteuses, les touchent désormais beaucoup d’autant que les gouvernements Macron 
n’en font pas une priorité. 
Étonnant tout cela : ils font quoi les décideurs politiques ?
 Le politique éclairé a donc compris que faire passer
 avec insistance le message qui explique que cesser les dépenses futiles (acheter un vêtement de marque, des 
produits sucrés ultra-transformés ou changer précocement
 son portable) afin de pouvoir payer son alimentation au
juste prix, est une décision vitale. Et 10 millions de tonnes
 de gaspillages alimentaires en France chaque année, ça 
fait très désordre à un moment où beaucoup de nos paysans
ne s’en sortent pas. La coopérative de consommateurs « C’est qui le Patron ? » est une excellente initiative pour
 aider l’agriculture française.

Il faut aussi mettre en place un programme ambitieux 
pour le développement de l’agroécologie et de l’agri
culture de conservation des sols qui se base sur trois principes fondateurs : le travail minimum du sol (allant
 même jusqu’à l’absence de travail du sol), les rotations 
et associations culturales, et la couverture des sols après 
la moisson par un couvert végétal vivant pendant plusieurs mois. L’initiative internationale « Quatre pour mille » 
vise à mettre en place ces actions concrètes pour augmenter les quantités de carbone stocké dans les sols.
 En cette matière, les territoires ultra-marins jouent un rôle important malgré leur faible superficie (15 % de celle de l’Hexagone) : ils équivalent à 20 % des stocks de carbone
 de la métropole. Cela s’explique essentiellement par la minéralogie originale de ces sols développés sur roche volcanique. Coordonnée par le Cirad en partenariat avec
l’INRAE et l’IRD, l’étude « Quatre pour mille » confirme 
cette particularité pour l’Outre-mer.

Une agriculture avec des produits de meilleure qualité, plutôt qu’une agriculture obsédée par la quantité,
sera meilleure pour les agriculteurs, pour toutes les entreprises qui œuvrent pour elle, pour les consommateurs et pour l’image de notre pays qui doit devenir synonyme de qualité en tous domaines. Les normes,
c’est de la sécurité sanitaire pour tous.


La potabilité de l’eau repose sur 70 critères, ce sont les 
normes propres à l’eau du robinet que nous pouvons boire.
Qui voudrait en supprimer ? Les catastrophes maritimes de
l’Amoco Cadiz, Erika ou Prestige ont été causées par des
normes absentes ou non respectées. D’accord que sur les
 400.000 normes de notre pays tous secteurs confondus,
on peut certainement faire un peu de ménage, mais faire 
de la démagogie sur ce thème, c’est criminel. Les normes environnementales et sanitaires sont indispensables, mais évidemment, on ne met pas en concurrence une agriculture réglementée avec des agricultures ayant pour seules règles la productivité et le bas prix, c’est totalement stupide ! Il faut la clause miroir dans tout commerce et particulièrement dans le domaine agricole. À marché unique,
règles uniques, non ? Un enfant de 10 ans comprend cela.
Nos politiques obligent nos agriculteurs à subir la concurrence de produits issus de l’Union européenne même, qui
 ont parfois des programmes phytosanitaires moins stricts.
Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

L’agriculture est donc incompatible avec ce libre- échange-là.


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Jean-Marc Governatori est tête de liste de l'Écologie au centre pour les élections européennes de 2024. Conseiller métropolitain, président du groupe des élus écologistes de Nice, délégué végé de la liste Jadot aux Européennes 2019, il est aussi auteur de 14 livres dont 3 préfacés par Albert Jacquard, nommé deux fois meilleur gestionnaire de France et détenteur du Trophée de l'Emploi remis par le Ministre des PME.

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