Guerre en Ukraine et soutien de la France

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Par Claude Malhuret Modifié le 26 janvier 2023 à 15h44
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Question de Claude MALHURET, Président du Groupe Les Indépendants – République et Territoires,

à Élisabeth Borne, Premier Ministre

Madame la Première ministre,

Chaque jour en Ukraine des femmes et des enfants meurent dans les décombres de leurs immeubles pulvérisés. Chaque jour des soldats tombent parce que manquent les armes pour résister à Wagner et à ses vagues d’assaut de traîne-misère envoyés au massacre.

A Ramstein il y a quelques jours les européens échouaient à s’accorder sur la livraison de chars lourds. Immense déception qui a cédé la place aujourd’hui même à un immense soulagement : l’accord des allemands, pressés par l’Europe de l’est et du nord, pour livrer les Léopards 2.

La France est désormais devant ses responsabilités. Après l’Angleterre, la Pologne, les pays baltes et maintenant l’Allemagne, va-t-elle fournir les armements capables de changer l’issue de la guerre : les chars et une défense sol-air efficace ?

Le Président de la République expliquait que ces armements ne doivent pas être escalatoires. La décision allemande dissipe cet argument peu pertinent.

On ne peut dire aux ukrainiens qu’on les soutiendra jusqu’à la victoire finale et en même temps qu’on ne veut pas d’escalade, parce que par définition la victoire nécessite une escalade. Depuis un an nous laissons à Poutine le monopole de l’escalade. C’est lui qui fixe les lignes rouges et nous qui craignons de les franchir, alors qu’à chaque franchissement ses menaces ne sont suivies d’aucun effet parce que la Russie est déjà au maximum de ses possibilités. Quant au chantage à l’arme atomique, il est balayé depuis qu’à Samarcande, Xi et Modi ont interdit à un Poutine pétrifié de s’en servir. Il ne peut plus être l’excuse de nos indécisions.

Au bout d’un an de guerre nous savons que si le coût du soutien à l’Ukraine est élevé, le coût de ne pas chasser la Russie le serait bien plus. Le but de Poutine n’est pas la seule destruction de l’Ukraine, mais la fin de l’ordre européen démocratique. Il ne s’agit plus d’aider l’Ukraine à se défendre, mais à gagner.

Madame la Première ministre, au-delà des efforts déjà accomplis, le gouvernement français compte-t-il se joindre à nos alliés et livrer l’armement lourd indispensable ? Et quand compte-t-il le faire ? Chaque jour de retard est un jour de deuil en Ukraine.

Réponse de Mme Elisabeth BORNE - Première ministre

Merci Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

Monsieur le Président Claude MALHURET,

Cela fait désormais onze mois que la Russie a lancé une offensive injustifiable, inacceptable et brutale sur le territoire ukrainien. Onze mois de bombardements, de morts et de drames insupportables pour le peuple ukrainien. Onze mois que l’Ukraine résiste de manière héroïque. Onze mois que la France lui apporte un soutien sans faille.

Et comme l’a répété le Président de la République il y a quelques jours, nous serons au rendez-vous pour aider l’Ukraine jusqu’à la victoire.

Depuis bientôt un an, l’Ukraine peut compter sur l’aide militaire internationale. Aux côtés de nos partenaires, la France en prend une part importante. Nous en sommes un des principaux contributeurs par la livraison d’équipements, de munition et la formation de centaines de soldats ukrainiens. Les matériels que nous livrons font la différence sur le terrain ; les Ukrainiens le soulignent eux-mêmes régulièrement. Je pense aux canons caesar, aux systèmes de lance-roquettes unitaires, au système de défense anti-aérienne Crotale livré en fin d’année.

Nous entendons les demandes du Président et du Gouvernement Ukrainien. Rien n’est exclu et nous sommes mobilisés pour les soutenir dans la durée. Nous voulons une action coordonnée avec nos partenaires internationaux et qui réponde au mieux aux besoins de l’Ukraine pour assurer sa défense.

Pour notre aide militaire, nous voulons respecter trois principes :

  • Le premier, comme l’a indiqué le Président de la République, c’est que notre aide ne doit pas provoquer d’escalade ; personne n’y aurait à gagner et surtout pas l’Ukraine ;
  • Le second c’est que notre aide doit être utile et efficace rapidement. Cela implique notamment que les forces ukrainiennes soient en mesure d’être formées pour utiliser les équipements et qu’elles puissent en assurer le maintien en condition opérationnelle ;
  • Enfin, nous ne devons pas et nous ne voulons pas affaiblir significativement nos propres capacités de défense, en particulier les plus critiques.

Je salue la décision de l’Allemagne au sujet des chars lourds. Elle permettra de renforcer les capacités ukrainiennes en matière de combat blindé. Nous avons été particulièrement réactifs aux demandes de l’Ukraine en la matière. Début Janvier, le Président de la République avait initié une dynamique en annonçant la livraison de chars légers AMX-10 RC. La décision allemande renforce et amplifie le soutien engagé.

S’agissant des chars Leclerc, nous poursuivons l’analyse avec le Ministre des Armées. La question de l’aide à l’Ukraine ne se limite pas à tel ou tel équipement. Chaque pays dispose de domaines d’excellence comme la défense aérienne et l’artillerie pour la France. Il est important de bien nous coordonner.

Enfin, j’ajoute que nous avons créé un fonds spécial de soutien de 200 millions d’euros pour permettre à l’Ukraine d’acheter le matériel dont elle a le plus besoin, directement auprès de nos industriels.

Nous sommes également actifs au niveau européen, en prenant toute notre part à la Facilité Européenne pour la Paix (FEP).

Monsieur le Président MALHURET, vous le savez, j’avais eu l’occasion de le rappeler lors du débat qui s’était tenu le 26 Octobre ici même ; notre soutien à l’Ukraine dépasse le seul cadre militaire. C’est aussi un soutien humanitaire, diplomatique, un soutien grâce aux sanctions sans précédent de l’Union européenne contre la Russie et un soutien bien sûr à la reconstruction du pays.

Nous agissons en lien constant avec nos partenaires européens et nos alliés, nous agissons avec détermination et constance. Nous serons aux côtés de l’Ukraine jusqu’au bout, je peux vous l’assurer.

Je vous remercie.

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Sénateur de l'Allier Président du Groupe les Indépendants au Sénat Ancien Ministre Ancien Président de Médecins sans Frontières

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