Justice Express : émeutiers à la barre

Dans le sillage des récentes émeutes qui ont secoué le pays, la justice a tranché avec une rapidité et une sévérité sans précédent. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 29 août 2023 à 17h21
Condamnations
95%Près de 95% des 2.000 personnes jugées ont été condamnées, et plus de la moitié de ces émeutiers ont été incarcérés.

Condamnations en série

Près de 95% des 2.000 personnes jugées ont été condamnées, et plus de la moitié de ces émeutiers ont été incarcérés. Ces chiffres, bien que révélateurs de l'ampleur des troubles, soulèvent des questions sur la rapidité avec laquelle ces affaires ont été traitées. Les sanctions ne s'arrêtent d'ailleurs pas à l'emprisonnement. Un homme, condamné à 12 mois de prison pour sa participation aux violences, a été expulsé avec sa famille de son logement social, une décision soutenue par le gouvernement. A l'instar de la cagnotte de soutien au policier responsable de la mort de Nahel, qui avait réuni plus d'1,5 million d'euros, les jugements des émeutiers ont concentré le ressentiment des nombreux Français qui ont perdu leur commerce, leurs infrastructures, leur moyen de transport.

De nombreuses peines de prison ferme ont été prononcées, y compris pour des prévenus sans antécédents judiciaires. Cette sévérité ne fait pas l'unanimité. Certains considèrent qu'il s'agit d'une réponse nécessaire à la gravité des troubles et qu'elle permettra d'éviter que de tels événements se reproduisent à l'avenir. A droite, quelques personnalités demandent même des sanctions plus lourdes, comme l'impossibilité d'être naturalisé. D'autres au contraire estiment que ces condamnations rapides sont la marque d'une justice d'urgence, sacrifiant parfois l'individu au profit de la collectivité.

La justice en question

Avec le nombre élevé de condamnations, la question se pose : combien de ces émeutiers purgeront réellement leur peine jusqu'au bout ? La surpopulation carcérale, un problème récurrent en France, pourrait conduire à des libérations anticipées. De plus, certains pourraient bénéficier de remises de peine pour bonne conduite.

Outre la question de l'application réelle des peines, la rapidité avec laquelle ces affaires ont été traitées contraste avec la lenteur habituelle de la justice française. Cette célérité est-elle le signe d'une volonté gouvernementale de communiquer sur sa fermeté face aux troubles ? S'il est évident que des sanctions exemplaires ont leur place dans l'évitement de nouveaux heurts, la rapidité de traitement des dossiers ne suffira pas. Le gouvernement doit également s'atteler à la question des zones de non-droit et de la délinquance impunie.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

Suivez-nous sur Google News PolitiqueMatin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Justice Express : émeutiers à la barre»

Laisser un commentaire

* Champs requis