Le gouvernement Bayrou peut-il sortir de l’immobilisme ?

Le gouvernement Bayrou semble avoir trouvé son mot d’ordre : sortir de l’immobilisme. C’est ce qu’attendent les Français. Mais est-ce ce que veut le gouvernement ?

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 3 janvier 2025 à 16h05
François Bayrou, retraites

Plusieurs membres du gouvernement, notamment Catherine Vautrin, ministre de la santé, ou Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, appellent à sortir de l'immobilisme. De fait, c'est aussi ce que demandent les Français. Mais au-delà des postures, sortir de l'immobilisme pour rejoindre les attentes des Français est-il possible dans la configuration politique actuelle, et surtout, le gouvernement Bayrou le veut-il vraiment ?

Sortir de l'immobilisme, le nouveau mantra du gouvernement Bayrou

A la radio, à la télévision, ou même en conférence de presse, le gouvernement Bayrou le martèle : il faut sortir de l'immobilisme. Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, affirmait ainsi que « les Français attendent des résultats concrets, pas seulement des annonces ».

Le gouvernement Bayrou aime d'ailleurs signaler que si immobilisme il y a, il est surtout du fait de l'opposition. Sophie Primas dénonce ainsi les « posture et les lignes rouges », invoquées par les différents partis pour refuser certaines propositions de réformes.

La réduction des dépenses publiques, un bouleversement voulu par les Français

Un sondage exclusif publié par Economie Matin le 13 décembre 2024 révèle des attentes claires concernant le budget 2025 et la gestion des finances publiques par le gouvernement Bayrou. Une courte majorité de Français (50 %) soutient une réduction de 20 % des dépenses publiques, soit une économie potentielle de 320 milliards d'euros. 

Si l'on va dans le détail, les jeunes (18-24 ans) sont les plus favorables à cette mesure, avec 57 % d’approbation. Les 35-49 ans suivent avec 54 % de soutien. En revanche, seuls 46 % des retraités soutiennent une telle réduction, par crainte d'impacts sur leurs pensions et les services publics. Les pensions de retraites représentent en effet le tiers des dépenses de l'Etat. Réduire les dépenses risque donc de réduire les pensions, qui sont actuellement deux fois supérieures au montant des cotisations payées en leur temps par les retraités.

Le gouvernement Bayrou veut-il réduire les dépenses ?

La réduction des dépenses publiques est donc voulue par les Français, mais l'est-elle par le gouvernement Bayrou ? Rien n'est moins sûr. Les différents ministres nous ont habitués à supprimer des postes dans les personnels soignants et enseignants lorsqu'il s'agit de réduire les dépenses. Or, cette pratique a surtout pour résultat que de moins en moins de Français demandent de telles mesures, parce qu'ils veulent continuer à être soignés et instruits.

Ainsi, les annonces se multiplient, mais les actes se font attendre. Avec une dette publique dépassant les 3 200 milliards d’euros et des dépenses représentant plus de 60 % du PIB, la marge de manœuvre semble étroite. Pourtant, réduire les dépenses de manière drastique n’est pas une utopie. Plusieurs études estiment qu’une économie de 235 milliards d’euros serait possible.

Réduire les dépenses : ces propositions qui sortent de l'immobilisme

Pour réduire les dépenses publiques, le gouvernement Bayrou a plusieurs possibilités avant de toucher aux postes d'enseignants et d'infirmiers. Prenons les agences de l'Etat : plus de 700 agences recensées, dont certaines redondantes ou inefficaces. Une réduction des deux tiers permettrait d’économiser 50 milliards d’euros. Il peut s'agir par exemple de supprimer l'Ademe ou le CESE.

Le gouvernement Bayrou pourrait aussi freiner les dépenses liées à la transition énergétique. Entre les subventions aux éoliennes (3,2 milliards d’euros) et les aides aux véhicules électriques (1,3 milliard), ce secteur représente 23,5 milliards d’euros d’économies possibles. Des dépenses d'autant moins compréhensibles que la France est dans les champions européens en matière d'émissions de dioxyde de carbone.

Enfin, la lutte contre la fraude est un cheval de bataille important. La fraude aux prestations sociales est estimée entre 10 et 20 milliards d’euros par an. Fusionner la carte d’identité et la carte vitale ou rendre les aides imposables et plafonnées pourraient contribuer à réduire cet impact.

Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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