Je suis Charlie, c’est sûr ?

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Par Jean-Louis Caccomo Modifié le 17 février 2015 à 9h44
Liberte Expression Charlie Hebdo France

Il est facile de disserter à l'infini dans les salons, sur les plateaux télé ou dans les bibliothèques de la liberté, il est plus dur et courageux de sa battre pour elle.

Et je suis de ceux qui luttent au quotidien pour conserver la mienne au pays des droits de l'homme en 2015.

Disposer de sa liberté

Car, avant de jouir de sa liberté d'expression et de sa liberté de pensée, encore faut-il disposer déjà de sa liberté tout court. Et croyez-moi, ce n'est même pas évident de nos jours en France. J'ai visité des pays ravagés par la guerre ou la tyrannie où se battre pour la liberté était un luxe, pourtant j'y étais reçu en toute amitié et sécurité pour y faire des conférences, mais je n'ai plus les mêmes garanties dans mon propre pays. Tout le monde a été choqué par les attentats contre Charlie Hebdo et je m'associe à ce mouvement.

Le mouvement d'unité nationale a fait du bien à la France

Le mouvement d'union nationale a fait du bien au pays qui se retrouvait derrière nos valeurs fondamentales. J'ai perdu dans ce drame un collègue économiste, avec lequel je ne partageai pas les idées, mais qui était ouvert au débat. Il a payé de sa vie et cela m'attriste car je l'estimais. Mais quand j'ai voulu présenter le concours de l'agrégation en 2014, le même Charlie Hebdo a fait une caricature pour discréditer le jury, parce que ce jury avait le tort d'être composé d'économistes libéraux.

Gare à la pensée unique

Ceux qui revendiquent la liberté d'expression ne supporteraient-ils pas que l'on ne pense pas comme eux ? Il est dangereux de semer les graines du terrorisme intellectuel. Pour ma part, j'ai toujours été attaché à ma liberté de pensée car je suis avant tout un chercheur non inféodé. Ma seule idée fixe : la recherche de la vérité même si c'est un objectif inaccessible mais c'est la seule condition de la progression de la connaissance. Sinon, on sombre dans l'idéologie. Aucun parti, aucune institution ne peuvent me dicter ce que je dois découvrir à l'issue de mes recherches.

Souvent, hélas, les économistes cherchent à flatter les princes dans l'attente de récompense car ils augmentent ainsi les chances d'avancer dans leur carrière. Il est vrai que je n'ai pas emprunté ce chemin et que j'en ai fait les frais durement. Mais c'est par amour de mon métier et respect de ma vocation. On ne se refait pas. Mais je n'aurais pas imaginé à quel point on peut se mettre en danger au milieu de personnes qui ont agit différemment. De ce point de vue, je ne suis pas dans la norme en effet, même si je suis tout-à-fait normal : un homme simple avec les mêmes questions que tout un chacun et à la recherche de son bonheur et son épanouissement personnel. Mais ma vocation d'économiste est un ingrédient de mon épanouissement personnel et on a cherché à l'anéantir.

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Jean-Louis Caccomo est docteur en sciences économiques de l'université de la Méditerranée Maître de conférences - HDR à l'IAE de l'université de Perpignan Via-Domitia. Il est également spécialiste des questions d'innovation et de croissance économique ainsi que chercheur en tourisme international et chroniqueur économique.Il anime enfin, depuis 10 ans, un blog à vocation pédagogique à l'attention de ses étudiants et du grand public.

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