RCEA : la RN79 devient A79, pour la sécurité de tous ses usagers

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Par Marc Pelletier Modifié le 17 novembre 2022 à 13h16
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600 millions d'eurosc'est le montant de l'investissement d'Eiffage pour réaliser la nouvelle A79

Il était temps : la Route Centre-Europe Atlantique (RCEA) fait enfin peau neuve ! Très accidentogène, l’ancienne RN79 a fait l’objet de travaux de rénovation en un temps record, sous la direction d’Eiffage, désormais concessionnaire de la nouvelle A79. Retour sur une métamorphose.

Cela fait depuis le début des années 1990 que les usagers attendaient ces travaux : la RN79 a enfin été rénovée. Réputé hier être la route la plus meurtrière de France, l’axe, désormais A79, répond maintenant aux plus hauts standards de sécurité routière.

Cest le groupe Eiffage qui a mené à bien ce projet de modernisation très attendu, dans le cadre d’une nouvelle concession autoroutière, contrat le plus adapté aux contraintes techniques, financières et d’exploitation d’un tel chantier, bouclé en moins de deux ans.

Un projet complexe, mais nécessaire pour la « route de la mort »

Construite dans les années 1970, la RCEA a rapidement pâti dune triste réputation. Avec son taux daccidents graves le plus élevé de France (pas moins de 124 accidents mortels entre 2008 et 2017), cette route qui traverse la France dest en ouest souffrait en effet de deux défauts de conception majeurs : deux voies seulement sur une grande portion et une absence de terre-plein central. Son projet de rénovation, évoqué dès le début des années 1990, s'était heurté à de nombreuses difficultés, notamment l'absence de financement public.

En 2017, l'Etat décide finalement de rénover la portion de la RCEA passant dans l'Allier afin de la mettre aux derniers standards de sécurité routière. « C'est le chantier du siècle pour le département », affirmait à l'époque Claude Riboulet, président du conseil départemental de l'Allier. La transformation de cette route nationale en autoroute est confiée à un opérateur privé par le biais d’une concession autoroutière. L’expérience d’Eiffage en tant que SCA (société concessionnaire d’autoroute), ou encore sa prestation dans l’ambitieux partenariat public-privé de la LGV Bretagne – Pays de la Loire, contribuent à ce que le groupe soit finalement retenu, pour un montant de plus de 600 millions d'euros — coût que lentreprise assume seule.

Le chantier, achevé par la mise en service de l’ensemble des tronçons le 4 novembre, aura finalement été compliqué et inédit : passage à 2 x 2 voies tout en maintenant la circulation, protection de la biodiversité, mise aux normes de sécurité… Un défi grandeur nature pour tous les intervenants.

L’innovation technique au service de l’environnement

Lune des premières difficultés sur laquelle ont planché les équipes dEiffage en amont des travaux, est la préservation de lenvironnement local. « Le projet, sur 88 kilomètres, traverse de nombreux espaces dans une nature plutôt préservée dont des milieux bocagers, et un massif forestier, la forêt de Montbeugny », détaille Thibaut Meskel, responsable environnement chez Eiffage. « Il sagit des premiers travaux autoroutiers de cette ampleur dans une réserve naturelle nationale. La dimension environnementale est donc lun des enjeux phares du chantier ». Lentreprise française a mobilisé plusieurs dizaines dexperts pour préparer le chantier (hydrauliciens, écologues naturalistes…) et a fait appel à plusieurs associations spécialisées, dont la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Un suivi environnemental sera à lavenir réalisé tous les ans en concertation avec les acteurs locaux.

La préservation de lenvironnement bourbonnais a également été loccasion de mettre en place une innovation sur les autoroutes françaises : le péage sans barrière, qui permet de réduire lempreinte carbone du projet grâce à la suppression des portiques. « Lors de chaque arrêt à une barrière de péage, un poids lourd dépense un litre de gazole ordinaire, soit 3,1 kg de CO2 émis », explique Isabelle Lacharme, directrice opérationnelle chez Aliaé, l'entreprise concessionnaire de la nouvelle autoroute.

Eiffage a également misé sur des technologies dernier cri de digitalisation et de guidage 3D pour relever et analyser les données topographiques de la région. De nouveaux outils qui ont permis doptimiser le projet. « On vise entre 10 à 15 % de productivité en plus sur ce chantier », affirme Alejandro Medina, chef de projet chez Eiffage Génie Civil et responsable topographique de lA79.

En plus de ces défis environnementaux et technologiques, le groupe a également dû surmonter d'importants challenges techniques pendant les travaux.

Un défi interdisciplinaire

Les travaux de réaménagement et de transformation de la RN79 étaient loin d’être anecdotiques : élargissement des voies avec installation dun terre-plein central pour renforcer la sécurité, construction de nombreux bâtiments et ouvrages dart (viaducs, ponts, aires de repos) et de nouveaux échangeurs… Des dispositifs particuliers ont aussi été mis en place pour préserver la biodiversité locale, à limage du « passage grande faune » dans la forêt de Montbeugny.

Pour la construction des 88 km de section, des 12 échangeurs et des 149 ouvrages dart, plus de 1300 personnes, 400 machines et un million de tonnes denrobés auront ainsi été mobilisés au total en un laps de temps record — un peu moins de deux ans. Les chantiers ont également impliqué une grande quantité de métiers et de disciplines, comme pour la construction du tout nouveau viaduc de lAllier, où le groupe a conjugué les compétences des filiales Eiffage Génie Civil, Eiffage Infrastructures, et Eiffage Métal pour la conception et la production des charpentes.

Enfin, toujours dans loptique de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et pour limiter au maximum les nuisances, lentreprise a également eu recours aux bandes transporteuses pour l'acheminement des déchets. « Nous avons transporté 2,2 millions de tonnes de matériau par bandes transporteuses », détaille Guillaume Sauvé, président dEiffage Génie Civil. « Cela économise 160 000 trajets de semi-remorques ! ». Une économie qui, argument supplémentaire, permet de réduire limpact sur le trafic routier. Une nécessité pour ce chantier, sachant que la RN79 est une route très fréquentée — 10 000 à 15 000 véhicules l'empruntent chaque jour, dont 40 % de poids-lourds. « Nous avons mis en œuvre un phasage des travaux pour permettre le maintien de la circulation sur lintégralité du tronçon aménagé », commente Frédéric Cuffel, directeur de projet chez Eiffage Infrastructures. « Cela nous a parfois obligés à attendre quune zone soit terminée avant de démarrer la suivante, ce qui exige une plus grande agilité de notre part ». Une agilité dont Eiffage aura globalement fait preuve pour réaliser ce chantier dans les temps.

Une aubaine pour la puissance publique

Le projet a été mené à bien en moins de deux ans, un délai serré mais rendu essentiel par la nécessité de rénover cette route après plusieurs décennies dimmobilisme. « Deux ans pour la conception et les travaux, je pensais initialement que ce n’était pas possible. Pour y parvenir, nous avons dû repenser certains procédés et les industrialiser à lextrême », explique Frédéric Cuffel.

Si les travaux ont pu être réalisés en aussi peu de temps, cest en partie parce que lentreprise sest occupée de tout en interne : conception, ingénierie, études, travaux… Une approche pluridisciplinaire qui est au cœur de la logique de concession retenue par la puissance publique, et qui concerne dorénavant la maintenance et l’exploitation de l’autoroute, pour plusieurs décennies.

Le recours à cette solution aura donc constitué une prise de risque bien faible pour l’État, maître douvrage du projet, puisquEiffage a intégralement financé le chantier. L'entreprise se rémunérera avec les recettes de péage, la concession de l'autoroute lui ayant été octroyée pour une durée de 48 ans. Une belle carte de visite pour le groupe français, qui lui permettra sans doute de faire bonne figure pour les prochains appels d'offres pour lesquels l'entreprise entend se positionner, comme dans limmédiat ceux du Grand Paris Express.

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Marc Pelletier, Consultant, chef de projet en aménagement urbain éco-responsable, chargé de missions de conseil auprès d'aménageurs ou de collectivités locales, avec pour mission d'assister les élus et l'administration dans la définition et la mise en œuvre des politiques de développment durable à l'échelle des agglomérations

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