Réseaux sociaux : les jeunes sont accros dès leurs 11 ans

Instagram, TikTok, Snapchat, les jeunes Français passent des heures entières sur les réseaux sociaux. Une réalité qui inquiète psychologues, parents et politiques. À coups d’algorithmes intelligents et de notifications incessantes, ces plateformes captent l’attention des adolescents jusqu’à les enfermer dans une spirale numérique dont il est difficile de sortir.

Jade Blachier
Par Jade Blachier Publié le 20 février 2025 à 15h57
reseaux-sociaux-les-jeunes-accros-des-11-ans
reseaux-sociaux-les-jeunes-accros-des-11-ans - © PolitiqueMatin

Les réseaux sociaux sont devenus un élément central du quotidien des jeunes. Selon l’étude de l’Institut des Français de l’Étranger, près de 85 % des adolescents interrogés passent plus de trois heures par jour sur les plateformes numériques, et 47 % d’entre eux déclarent éprouver des difficultés à réduire leur consommation malgré une prise de conscience des risques. En France, plusieurs mesures législatives ont été prises pour encadrer ce phénomène, notamment la loi du 7 juillet 2023, qui instaure une majorité numérique à 15 ans pour accéder aux plateformes sociales. Si cette avancée semble aller dans le bon sens, elle reste bien en deçà des initiatives prises à l’étranger.

Les réseaux sociaux, une addiction fabriquée

Le problème ne vient pas des jeunes eux-mêmes, mais de plateformes conçues pour les rendre dépendants. Elles utilisent des mécanismes bien connus, comme la gratification instantanée qui déclenche une décharge de dopamine à chaque "like", la peur de manquer une information (FOMO) qui pousse à vérifier sans cesse son téléphone et des algorithmes personnalisés qui enferment l’utilisateur dans une bulle d’engagement où chaque contenu est optimisé pour maximiser son temps d’écran.

Les résultats sont alarmants. Une corrélation directe a été observée entre l’usage intensif des réseaux sociaux et une hausse des troubles anxieux et dépressifs chez les adolescents. L’Organisation mondiale de la santé estime que 10 % des filles de 11 ans et 14 % des filles de 13 ans en France souffrent d’un usage problématique des réseaux sociaux. L’addiction numérique n’est pas qu’un phénomène de mode, mais bien une réalité qui façonne la jeunesse actuelle.

Des régulations insuffisantes en France

Contrairement à d’autres pays, la France adopte des mesures timides pour encadrer l’usage des réseaux sociaux. En Australie, les moins de 16 ans ne peuvent pas s’inscrire sans autorisation parentale. En Californie, les autorités ont imposé une régulation stricte limitant les notifications intrusives et le ciblage des jeunes utilisateurs. En France, la majorité numérique a été fixée à 15 ans, mais aucune véritable solution technique n’a été mise en place pour vérifier l’âge des inscrits.

Dans les faits, n’importe quel adolescent peut mentir sur sa date de naissance et créer un compte sans restriction. Il n’existe aucun contrôle sérieux pour empêcher un mineur de s’inscrire en ligne. Cette absence de surveillance pose un problème majeur, car elle laisse les plateformes décider elles-mêmes de leur propre régulation, sans aucune contrainte juridique forte. À ce jour, aucun organisme indépendant ne contrôle efficacement les réseaux sociaux en France, laissant les jeunes exposés à leurs dangers sans véritable filet de sécurité.

L’éducation, la clé d’un usage raisonné

Si les plateformes ne sont pas prêtes à se réguler et que l’État tarde à agir, alors l’éducation reste l’ultime recours. Dans certains pays, comme la Corée du Sud, des cours d’hygiène numérique sont dispensés dès l’école primaire. En Espagne, des modules pédagogiques détaillent les stratégies de manipulation des algorithmes et sensibilisent les jeunes aux risques liés à leur usage excessif.

La France, en revanche, reste largement spectatrice. Aucun programme scolaire obligatoire n’informe les jeunes des risques liés aux réseaux sociaux. Les enseignants manquent de formation sur ces questions et les parents sont souvent démunis face à l’ampleur du phénomène. Pourtant, apprendre aux jeunes à utiliser ces outils de manière raisonnée pourrait être une solution bien plus efficace que de simples interdictions qui restent trop faciles à contourner.

Les jeunes ne sont pas les seuls touchés

Si l’addiction aux réseaux sociaux est particulièrement préoccupante chez les adolescents, elle concerne en réalité toute la population. 97 % des Français déclareraient passer trop de temps devant les écrans, un constat qui montre que la dépendance numérique ne se limite pas à la jeunesse. Adultes comme enfants sont happés par la logique addictive des plateformes et des algorithmes, rendant plus difficile encore la mise en place de solutions efficaces.

Il est urgent d’agir en imposant une vérification stricte de l’âge des inscrits sur les réseaux sociaux, en rendant obligatoire l’éducation au numérique dès le primaire et en responsabilisant légalement les plateformes sur les contenus et algorithmes addictifs. Tant que ces mesures ne seront pas appliquées, la dépendance aux réseaux sociaux ne fera que s’aggraver.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

Suivez-nous sur Google News PolitiqueMatin - Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités.

Aucun commentaire à «Réseaux sociaux : les jeunes sont accros dès leurs 11 ans»

Laisser un commentaire

Les Commentaires sont soumis à modération. Seuls les commentaires pertinents et étoffés seront validés. - * Champs requis