Syrie : la France prend la tête d’une visite diplomatique conjointe à Damas

Ce vendredi 3 janvier 2025, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères français, a annoncé une visite diplomatique conjointe avec l’Allemagne à Damas. Arrivé quelque temps avant son homologue allemande, cette « visite sous mandat de l’Union européenne » doit se conclure par une rencontre entre les ministres européens et le nouveau dirigeant de la Syrie, Ahmad al-Chareh, plus connu sous son nom de guerre, Mohammed al-Joulani.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 3 janvier 2025 à 14h39
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Cette initiative intervient après la chute de Bachar el-Assad et la prise de pouvoir par Ahmad al-Chareh, chef de la coalition islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ainsi que trois jours après des frappes aériennes françaises sur des positions de groupes de l'État islamique en Syrie.

Un programme chargé avant une rencontre avec le nouveau chef de la Syrie

La visite du ministre des Affaires français, Jean-Noël Barrot à Damas a débuté par une étape symbolique et hautement politique : la prison de Saydnaya, tristement célèbre pour les crimes de masse perpétrés sous le régime de Bachar el-Assad. Un premier déplacement qui vise à réaffirmer l’engagement de la France envers la défense des droits humains et la reconstruction de la Syrie.

Cette visite préliminaire a été suivie d’un entretien avec des dignitaires religieux chrétiens, soucieux de la stabilité et de la protection des minorités après la chute de Bachar al-Assad, le 8 décembre 2024. Le ministre français a tenu à affirmer son vœu que la transition politique syrienne amène à « une Syrie souveraine, stable et apaisée ». « C'est avec cette main tendue, mais aussi avec des attentes claires à l'égard des nouveaux dirigeants, que nous nous rendons aujourd'hui à Damas », a tenu à insister la ministre des Affaires étrangères allemande.

Entre optimisme et scepticisme

Cette visite diplomatique survient seulement trois jours après une série de frappes aériennes françaises contre des positions de groupes liés à l’État islamique en Syrie. Ces opérations, réalisées dans le cadre de l’opération Chammal, ont ciblé deux sites stratégiques utilisés par les combattants jihadistes. Elles visaient expressément à empêcher la reconstitution de cellules terroristes dans le centre du pays et, par voie de conséquence, garantir que le nouveau chef de la Syrie, Ahmad al-Chareh, ne soit pas renversé par des factions islamistes plus radicales et fermées au dialogue. Objectif de cette rencontre diplomatique pour Ahmad al-Chareh : asseoir son image de « modéré », la levée des sanctions contre la Syrie et un soutien politique et économique de la part de la communauté internationale. « Dans les semaines qui viennent, en fonction de l'évolution des conditions de sécurité, nous allons préparer progressivement les modalités de rétablissement de la présence française ici à Damas », a précisé le ministre français, faisant écho à une possible réouverture de l’ambassade française, fermée, comme celle de l'Allemagne, depuis 2012.

La prudence reste néanmoins de mise. « L’espoir est réel, mais c’est un espoir fragile », tient à souligner Jean-Noël Barrot. « Malgré tout le scepticisme qui entoure les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) (...), nous ne devons pas manquer l’occasion de soutenir le peuple syrien à ce carrefour important », partage son homologue allemande Annalena Baerbock. À l’issue de leur rencontre avec Ahmad al-Chareh, une conférence internationale sur la Syrie, prévue à Paris dans les prochains jours, pourrait officialiser le soutien international à la transition syrienne. L’Union européenne, par la voie de cette visite diplomatique inattendue, entend ainsi jouer un rôle clé dans la stabilisation du pays, le but étant de prévenir tout embrasement de la région.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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