Les Zones à Faibles Émissions (ZFE) ont franchi une nouvelle étape dans le verdissement de leur parc automobile avec l’entrée en vigueur de l’interdiction de circulation pour les véhicules Crit’Air 3 le 1ᵉʳ janvier 2025. Quatre grandes métropoles sont concernées : Paris, Lyon, Montpellier et Grenoble.
ZFE : une interdiction sans sanction pour les véhicules Crit’Air 3 ?
Entre l'élargissement des « territoires de vigilance » à toutes les villes de plus de 150 000 habitants, l'obligation depuis le 1ᵉʳ janvier 2025 d'équiper son véhicule d'une vignette Crit'Air (peu importe sa date de mise en circulation), la baisse des aides publiques à l'achat, et la liberté laissée aux villes tant dans l'application de leurs restrictions que dans leurs dérogations, les critiques fusent contre ces dispositifs perçus comme contraignants, voire injustes.
22 % du parc automobile français classé Crit'Air 3
Environ 8,84 millions de véhicules en France, sur un total de 39 millions, sont classés Crit'Air 3, soit environ 22 % du parc automobile français. Sont concernés tous les véhicules diesel immatriculés avant 2011 et tous les véhicules essence immatriculés avant 2006. Ces voitures sont jugées trop polluantes et sont ainsi officiellement interdites de circulation dans le Grand Paris, Lyon, Grenoble et Montpellier depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, en semaine, soit du lundi au vendredi, de 8 h à 20 h.
Les travailleurs de nuit ou les professionnels pourront encore espérer échapper aux sanctions, du moins, pour la métropole de Lyon. À Paris, il faut être détenteur d'un Pass 24 heures, qui permet à son propriétaire de circuler librement dans la capitale 24 jours par an (en plus des week-ends et des jours fériés). Montpellier et Grenoble seront, a priori, plus souples. En bref, chaque ville est libre de choisir ses restrictions et les conditions de leur levée.
Les ménages modestes en première ligne
La réalité du calendrier de restrictions des ZFE, fixé par la loi Climat et Résilience, est simple : ce sont les plus modestes qui trinquent en premier, à savoir ceux qui roulent avec des voitures anciennes pour aller travailler. Changer de véhicule ? Impossible, ou tout au moins pour une majorité, par manque de moyens, ou encore en raison de la baisse des aides publiques à l'achat, telles que la prime à la conversion. La mise en œuvre des ZFE révèle un fossé grandissant entre ambition écologique et réalité sociale : la voiture, autrefois synonyme de liberté, tend à devenir un luxe de plus en plus inaccessible pour nombre de citoyens. Et l'obligation pour tout automobiliste d'afficher une vignette Crit'Air sur son véhicule renforce le ressentiment envers un contrôle permanent, et des mesures essentiellement punitives.
Aucun contrôle ou sanction ne devrait être appliqué avant plusieurs mois, voire 2026 (pour Paris). Les métropoles appliquant l'interdiction de circulation des Crit'Air 3 (+4 et 5) favorisent une approche pédagogique afin de laisser un petit sursis aux automobilistes concernés, notamment avant l'arrivée des radars automatiques. Une fois cette période passée, les contrevenants risqueront une amende de 68 euros pour les véhicules particuliers et de 135 euros pour les poids lourds.