49.3 : maigres chances pour Barnier de survivre à la censure

Pris en tenaille et ne voyant aucune porte de sortie, le Premier ministre Michel a annoncé, après avoir déclenché l’article 49.3 afin de faire adopter en force le budget de 2025, ouvrant ainsi un véritable boulevard au Rassemblement national qui a ainsi le pouvoir de faire tomber le gouvernement en votant la motion de censure déposée par la gauche.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 3 décembre 2024 à 22h51
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Barnier dégaine le 49.3 malgré la menace d'une motion de censure

C'est un aveu qui était pressenti depuis plusieurs jours. Michel Barnier aura tenu promesse de ne pas passer son budget par le biais d'ordonnances. Le Premier ministre a choisi d'avoir recours à l’article 49.3 pour faire passer en force le budget 2025 de la Sécurité sociale (PLFSS) qui passait en dernière lecture devant l'hémicycle de l'Assemblée nationale ce lundi 2 décembre 2024, se mettant ainsi lui-même sur un siège éjectable. « Ce moment de vérité met chacun devant ses responsabilités », a ainsi a insisté le Premier ministre depuis l’hémicycle tout en affirmant que « les Français ne nous pardonneraient pas de préférer les intérêts particuliers à l’avenir de la nation ».

Levée de boucliers. Ni une ni deux, la députée Mathilde Panot, ténor de la France Insoumise (LFI) a dénoncé un « coup de force » ajoutant que « ce gouvernement aura à la fois le déshonneur et la censure. » « Les quatre groupes de gauche à l’Assemblée nationale sont en train de déposer la motion de censure », a ainsi confirmé André Chassaigne, figure du groupe communiste. La réaction fût tout aussi cinglante du côté du Rassemblement national qui n'avait pas manqué d'annoncer la couleur en cas de recours du 49.3 ce matin même sur RTL a réaffirmé son intention, estimant que « ce texte, comme ce gouvernement, mérite la censure ». Un jour à marquer d'une pierre blanche, aucune motion de censure n'ayant abouti depuis 1962, et tant l'alliance entre le RN et la gauche, en particulier la LFI, est contre-nature.

Vers une crise politique à durée indéterminée ?

Que se passera-t-il si le gouvernement Barnier tombe, c'est-à-dire si la majorité requise de 289 députés vote en faveur de la motion de censure d'ici à mercredi ? Plusieurs options s'offrent au président : tout d'abord, celle de nommer un autre Premier ministre, qui formera par la suite un nouveau gouvernement. Mais cela semble quelque peu complexe puisqu'aucun groupe que ce soit Renaissance - LR, le Nouveau Front Populaire, et le Rassemblement national - UDR ne dispose de majorité, et de fait, aucun ne peut avoir la prétention de se mettre en avant plus qu'un autre. Et à voir le sort de Michel Barnier, réputé pour être un homme calme et plutôt de dialogue, il n'y a a priori aucune chance pour qu'une figure plus expansive soit nommée. Emmanuel Macron peut aussi laisser traîner la nomination du prochain locataire de Matignon, laissant ainsi la charge du suivi des affaires courantes à Michel Barnier et son gouvernement démissionnaire. C'est d'ailleurs ce qu'avait fait le Président, prenant ainsi 51 jours pour le nommer comme remplaçant de Gabriel Attal.

Deuxième option : une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale, mais... cela n'est pas possible avant juillet 2025. C'est d'ailleurs le vœu qu'a prononcé Jordan Bardella ce matin au micro de RTL, celui-ci ayant été jusqu'à appeler à reformer le mode de scrutin en faveur d'une proportionnelle, jugée plus représentative du vote des Français. Mais là aussi, entre les images de bourara répétées par la LFI au sein de l'hémicycle ces derniers mois, et les espérances déçues des Français dans le Nouveau Front Populaire et « l’arc républicain », il semble que l’avantage soit au Rassemblement national. Mais finalement, que ce soit à droite ou à gauche de l’échiquier politique, l'opposition a en réalité une chose en vue : la démission d’Emmanuel Macron. Le Président prendra-t-il acte de ce nouveau désaveu et finira-t-il par se retirer comme le fit le général de Gaulle en son temps ? Rien ne le laisse penser, et il n’est pas improbable que celui-ci sorte un dernier lapin de son chapeau.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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