Ingérence étrangère : Bill Gates appelle l’UE à se protéger contre Musk

Bill Gates, cofondateur de Microsoft et figure incontournable de la Silicon Valley, n’a pas mâché ses mots envers son homologue Elon Musk. Lors d’un entretien accordé au Sunday Times le 25 janvier 2025, il a critiqué les prises de position politiques du patron de Tesla et SpaceX, les qualifiant d’« insensées » et de « folie ».
Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 28 janvier 2025 à 11h32
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Les positions d'Elon Musk dérangent. Celles-ci sont vues par une grande partie de la communauté internationale comme des « agitations populistes », pour reprendre les mots de Bill Gates, et comme « déstabilisatrices » pour les démocraties. Le patron de Microsoft appelle les pays, en particulier ceux de l'Union européenne, à réagir face à ce qu'il considère comme des ingérences étrangères.

Soutien à l’AfD et attaques au Royaume-Uni : les interventions controversées de d'Elon Musk

Les récentes déclarations d’Elon Musk sur son réseau social X (ex-Twitter) déplaisent fortement. Aux yeux d'une partie de la communauté internationale, et de certains hommes d'affaires, Bill Gates en tête, le patron de Tesla et de SpaceX a franchi une ligne rouge en intervenant par le biais d'une visioconférence à l'occasion du meeting du 25 janvier 2025 du parti Alternative für Deutschland (AfD), celui-ci ayant déclaré : « C’est OK d’être fier d’être allemand. Battez-vous pour un avenir radieux pour l’Allemagne. » Pour Bill Gates, Elon Musk agit « de manière insensée » en apportant son soutien explicite à l'AfD – qui recueille désormais 20 % des intentions de vote pour les élections législatives allemandes du 23 février –, connu pour son opposition à l’Union européenne et à l'immigration incontrôlée.

Le patron du réseau social X (ex-Twitter) s'était déjà attiré les foudres des représentants européens après avoir critiqué et accusé Keir Starmer, le Premier ministre britannique, ainsi que l'ensemble de la classe politique, de laxisme face aux réseaux criminels liés aux « grooming gangs ». Mais pour le milliardaire Bill Gates, les positions d'Elon Musk traduisent une volonté de « déstabiliser la situation politique des pays ».

Bill Gates appelle l'UE à riposter

Pour Bill Gates, il est urgent que les pays, en particulier européens, ripostent et adoptent des lois pour limiter les ingérences des grandes fortunes dans les processus électoraux : « Les États devraient adopter des mesures de protection pour garantir que les étrangers très riches ne faussent pas leurs élections. (...) surtout alors que la situation politique dans son ensemble, caractérisée par une polarisation, est très dangereuse.» La Commission européenne n'a d'ailleurs pas attendue cette suggestion du milliardaire pour réagir, celle-ci ayant en effet lancé une enquête à l'encontre du réseaux social X (ex-Twitter) afin d'évaluer ses méthodes de modération de ses contenus. 

Qualifiant les positions d'Elon Musk « d’agitation populiste », le cofondateur de Microsoft s'interroge sur ses intentions : « Pourquoi quelqu’un qui possède une usine automobile en Chine et en Allemagne, dont le secteur des fusées dépend des relations avec les pays souverains, s’obsède-t-il à ce point par la politique d’autres nations ? » Question légitime en somme, mais qui pourrait tout aussi bien se retourner contre lui, notamment dans le domaine de l'intelligence artificielle, Microsoft détenant en effet 49 % des parts d'OpenAI, le créateur de CHATGPT, tandis qu'Elon Musk, conseiller de Donald Trump, détient Grok, une IA générative qui se base sur son réseau social X (ex-Twitter). Croche-patte ou bonnes intentions ?

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas tant la parole d'Elon Musk qui lui attire les foudres, mais ses prises de positions qui gênent. En témoignent les déclarations de Thierry Breton à l'égard du patron de X et SpaceX, qui fut l'un des premiers à vilipender les « ingérences étrangères » d'Elon Musk, alors que lui-même, ancien commissaire européen, vient d'être nommé au conseil consultatif de la Bank of America. La liberté d'expression ne vaut pas pour tout le monde...

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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