Derrière les frappes et les ripostes, le conflit entre Israël et le Hamas redessine les rapports de force au sein des gouvernements et des alliances internationales.
Israël-Hamas : une guerre qui bouleverse l’échiquier politique au Moyen-Orient

Israël frappe le commandement du Hamas
Dans sa stratégie d’affaiblissement de la structure militaire du Hamas, Israël a ciblé et éliminé plusieurs figures clés du mouvement. Rashid Jahjouh, chef de la sécurité interne du Hamas, et Amin Eslaiah, responsable sécuritaire à Khan Younès, ont été tués lors de frappes israéliennes précises.
Selon Tsahal, Jahjouh était un acteur central dans la protection des cadres du Hamas et la gestion du contre-espionnage, tandis qu’Eslaiah jouait un rôle crucial dans l’organisation des forces de sécurité du mouvement. Par ailleurs, un cadre du Jihad islamique palestinien, Ismaïl Abd al-Alal, impliqué dans la contrebande d’armes, a également été éliminé. Israël justifie ces éliminations comme une nécessité stratégique pour désorganiser la chaîne de commandement du Hamas et réduire sa capacité opérationnelle.
Netanyahou face à un dilemme : frapper plus fort ou négocier ?
Depuis la reprise des combats, le gouvernement israélien est confronté à une pression politique intense. D’un côté, Benyamin Netanyahou doit répondre aux attentes de l’aile la plus dure de son gouvernement, qui réclame une destruction totale des infrastructures du Hamas et un élargissement des opérations militaires. De l’autre, il subit des critiques internes, notamment des familles d’otages qui exigent des négociations pour leur libération.
Le Premier ministre israélien joue donc une partie à haut risque. S’il intensifie les opérations militaires, il risque un isolement diplomatique croissant et une aggravation de la crise humanitaire à Gaza, ce qui pourrait ternir l’image d’Israël sur la scène internationale. À l’inverse, une reprise des pourparlers avec des intermédiaires comme l’Égypte ou le Qatar serait perçue comme un aveu de faiblesse par son électorat de droite.
Le Hamas cherche à se repositionner politiquement
Du côté palestinien, le Hamas joue également sa propre survie politique. En lançant des salves de roquettes sur Tel-Aviv, le groupe islamiste veut prouver qu’il reste capable de frapper Israël malgré les pertes qu’il subit. Son objectif est double :
- Conserver sa légitimité auprès de la population gazaouie en apparaissant comme le seul rempart face à Israël.
- Envoyer un message aux autres factions palestiniennes en Cisjordanie, notamment au Fatah, qui reste son principal rival politique.
En parallèle, le Hamas tente de mobiliser l’opinion publique arabe, en mettant en avant les victimes civiles des frappes israéliennes. Cette stratégie vise à maintenir la pression diplomatique sur Israël, notamment auprès des pays du Golfe et de l’ONU.
Washington, Téhéran et les acteurs régionaux : un jeu d’influences complexe
Sur le plan international, le conflit israélo-palestinien est un baromètre des tensions géopolitiques régionales.
- Les États-Unis : L’administration Trump a réaffirmé son soutien total à Israël, tout en exerçant une pression en coulisses pour éviter un embrasement régional. Washington veut éviter une escalade qui obligerait les forces américaines à intervenir directement, notamment face aux attaques des Houthis depuis le Yémen.
- L’Iran : Principal soutien du Hamas et du Hezbollah, Téhéran profite du conflit pour renforcer son influence régionale. Les livraisons d’armes et le soutien logistique à Gaza et au Liban s’inscrivent dans une stratégie de déstabilisation d’Israël à long terme.
- Les pays arabes : L’Égypte et le Qatar tentent de jouer les médiateurs, mais leur marge de manœuvre est limitée. L’Arabie saoudite, qui avait amorcé un rapprochement avec Israël ces dernières années, se retrouve dans une position inconfortable, contrainte de condamner les frappes israéliennes tout en cherchant à éviter une rupture totale avec Tel-Aviv.
Une guerre qui rebat les cartes du Proche-Orient
Au-delà des bombes et des missiles, ce conflit redéfinit les rapports de force au Moyen-Orient. Israël, confronté à des dilemmes stratégiques, doit choisir entre poursuivre son offensive au risque d’un isolement diplomatique, ou ouvrir la voie à une médiation qui pourrait être perçue comme un recul.
De son côté, le Hamas mène une bataille de communication autant qu’un combat militaire, cherchant à capitaliser sur l’émotion suscitée par les bombardements pour renforcer son influence.
Reste une question centrale : cette guerre aboutira-t-elle à un nouveau statu quo, ou entraînera-t-elle une recomposition profonde des alliances et des pouvoirs dans la région ?