Gérard Depardieu condamné à du sursis pour agressions sexuelles

Un acteur de renommée internationale confronté à la justice française, une audience très médiatisée, un verdict désormais connu. La condamnation de Gérard Depardieu soulève des questions bien au-delà du cadre pénal.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 13 mai 2025 11h54
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Le 13 mai 2025, Gérard Depardieu a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à dix-huit mois de prison avec sursis pour des faits d’agressions sexuelles remontant à l’année 2021, sur le tournage du film Les Volets verts. Deux femmes, membres de l’équipe technique, avaient porté plainte. Cette décision marque une étape judiciaire importante, dans une affaire où la stature publique du prévenu et la sensibilité des accusations ont placé la justice sous le feu des projecteurs.

Une décision de justice aux résonances multiples

Le jugement du 13 mai s’est accompagné de plusieurs sanctions : en plus du sursis, l’acteur a été frappé d’une inéligibilité de deux ans et devra figurer sur le fichier national des auteurs d’infractions sexuelles. Par ailleurs, il a été condamné à verser plusieurs milliers d’euros aux plaignantes, incluant des dommages et intérêts pour préjudice moral ainsi qu’une indemnisation spécifique pour ce que la justice qualifie de « victimisation secondaire ».

Le ministère public, dont les réquisitions ont été partiellement suivies, avait insisté sur l’absence de remise en question de l’intéressé. Les juges ont retenu cette posture comme un élément aggravant dans l’appréciation des faits.

Un procès public, une défense offensive, un déni persistant

L’audience, répartie sur quatre jours, s’est tenue dans un climat tendu. Gérard Depardieu a continuellement nié les faits. Sa défense, assurée par Me Jérémie Assous, s’est distinguée par un ton particulièrement offensif, y compris à l’égard des parties civiles. Plusieurs avocates ont dénoncé, durant et après les débats, une atmosphère de confrontation parfois éloignée de l’esprit de sérénité requis en matière de violences sexuelles.

L’absence de l’accusé lors du prononcé du jugement, officiellement justifiée par des obligations professionnelles à l’étranger, a été critiquée. Cette posture, perçue comme un manque de considération pour la procédure, a accentué les tensions déjà présentes.

Une réponse judiciaire qui interroge le traitement des personnalités publiques

Le cas Depardieu illustre les défis rencontrés par la justice lorsqu’elle a affaire à une figure fortement médiatisée. La notoriété ne confère aucun privilège formel devant les tribunaux, mais elle modifie inévitablement la réception publique des décisions. En l’occurrence, la sévérité mesurée de la peine (sursis sans amende pénale) alimente des interrogations sur l’égalité de traitement, même si les juges ont motivé leur décision par des éléments précis, notamment la nature des gestes et les contraintes procédurales liées aux preuves.

L’affaire soulève aussi la question de la responsabilité sociale des artistes.

Appel annoncé : une nouvelle séquence judiciaire en perspective

L’avocat de Gérard Depardieu a confirmé qu’il ferait appel de cette condamnation. Cette annonce prolonge le calendrier judiciaire et reporte toute exécution de peine éventuelle. L’appel permettra de réexaminer l’ensemble des faits et des arguments, dans un cadre contradictoire nouveau.

En parallèle, d’autres procédures judiciaires sont toujours en cours. Parmi elles, l’instruction ouverte depuis décembre 2020 à la suite d’une plainte pour viol déposée par la comédienne Charlotte Arnould. Le parquet de Paris a requis un procès dans ce dossier, qui pourrait aboutir à une nouvelle audience d’ici la fin de l’année.

Un procès emblématique d’un contexte plus large

Le jugement rendu contre Gérard Depardieu s’inscrit dans un climat général de plus grande vigilance judiciaire sur les violences sexuelles. Il reflète une évolution progressive, mais encore controversée, de la jurisprudence et des pratiques dans la prise en compte de la parole des victimes.

Si cette affaire a été suivie pour le nom de l’accusé, elle constitue aussi un exemple parmi d’autres du cheminement complexe entre accusation, défense, et verdict dans les affaires de violences sexuelles. La suite de la procédure, en appel, permettra de déterminer si les premiers éléments établis seront confirmés ou infirmés, mais elle prolonge surtout une réflexion nationale sur l’articulation entre célébrité, justice et responsabilité individuelle.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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