La Corée du Nord, nouveau pion clé dans l’arsenal militaire russe ?

La Corée du Nord, dirigée par Kim Jong-un, poursuit son ascension militaire en intensifiant la production de drones explosifs.

Adelaide Motte
Par Adélaïde Motte Publié le 15 novembre 2024 à 8h50
Corée Du Nord
La Corée du Nord, nouveau pion clé dans l’arsenal militaire russe ? - © PolitiqueMatin

Une production accélérée aux visées stratégiques

Kim Jong-un, chef suprême de la Corée du Nord, a récemment ordonné la création d’un système de production de drones capable de fabriquer des engins explosifs en série. Ces drones, dévoilés pour la première fois en août dernier, sont conçus pour des missions précises de destruction, fonctionnant comme des missiles guidés. Lors d’un test récent rapporté par l’agence KCNA, ces drones ont démontré leur efficacité en atteignant des cibles terrestres et maritimes après avoir suivi des trajectoires prédéterminées.

Des experts, dont Yang Moo-jin de l’Université d’études nord-coréennes de Séoul, soulignent que cette technologie renforce la doctrine militaire nord-coréenne. Selon lui, « ces drones pourraient être utilisés non seulement en Asie mais également sur d'autres théâtres d'opération, comme en Ukraine ».

Origines de la technologie et alliances géopolitiques

Des analyses techniques suggèrent que les drones nord-coréens s'inspirent des modèles russes (Lancet-3) et israéliens (Harop). Ces technologies auraient transité via l’Iran avant d’être adaptées par Pyongyang. La Russie, alliée stratégique de la Corée du Nord, joue un rôle clé dans cette dynamique. Depuis la signature d’un traité de défense mutuelle en juin dernier, Moscou et Pyongyang intensifient leur coopération militaire, consolidée par des échanges de ressources humaines et matérielles.

Par ailleurs, l’utilisation de drones lors des conflits modernes, notamment en Ukraine, souligne leur importance stratégique. Leur coût de production relativement faible, conjugué à leur impact destructeur élevé, les rend particulièrement attractifs dans les conflits asymétriques.

Réactions internationales et enjeux sécuritaires

L’annonce nord-coréenne intervient dans un contexte de tensions croissantes dans la péninsule coréenne. Pyongyang a récemment renforcé sa rhétorique hostile envers Séoul, accusant le Sud de violer sa souveraineté par des déploiements de drones de propagande. La Corée du Sud, pour sa part, considère ces développements comme une menace directe à sa sécurité nationale.

À l’échelle internationale, l’expansion militaire nord-coréenne ravive les inquiétudes concernant la prolifération des technologies sensibles. Un analyste de Séoul a déclaré à l’AFP : « La Corée du Nord tente d’amplifier son poids militaire en se positionnant comme un fournisseur potentiel de technologies offensives pour des États hostiles à l’ordre établi ».

Les inquiétants partenaires de la Corée du Nord

La relation entre la Corée du Nord et la Russie est l'une des dynamiques les plus significatives. Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, Pyongyang et Moscou ont renforcé leurs liens à travers des accords militaires stratégiques. En juin 2024, Vladimir Poutine s'est rendu à Pyongyang, marquant une étape clé avec la signature d’un traité de défense mutuelle. Ce pacte prévoit une assistance militaire immédiate entre les deux nations en cas d'agression. Cette alliance s’accompagne d’un soutien logistique et technologique, notamment par le biais d’un échange de drones et d’expertise militaire.

Les liens de la Corée du Nord avec l’Iran ne sont pas non plus négligeables. Téhéran, souvent accusé d'avoir transmis des technologies militaires sensibles, aurait permis à Pyongyang d'accéder à des technologies avancées de drones israéliens et russes. Cette coopération tripartite alimente des inquiétudes sur une prolifération en chaîne des armes asymétriques dans les zones de conflit.

Une hostilité durable avec les États-Unis et leurs alliés

Face à ces alliances, la Corée du Nord maintient une posture de défiance extrême envers ses adversaires historiques. Les relations avec les États-Unis, au point mort depuis l’échec des négociations sur la dénucléarisation en 2019, restent marquées par une rhétorique belliqueuse et des démonstrations de force militaires. Pyongyang considère également la Corée du Sud et le Japon comme des adversaires directs.

En réponse, ces pays renforcent leurs propres coopérations militaires. En août 2023, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont établi un partenariat stratégique trilatéral, avec un accent particulier sur le partage des renseignements et la défense antimissile. Ce bloc régional vise à contrer la montée en puissance militaire de Pyongyang et à limiter l’impact de ses alliances avec Moscou et Téhéran.

Scénarios possibles et implications futures

  1. Intensification des tensions régionales : L'accélération de la production de drones pourrait provoquer des ripostes militaires préventives de la part des États-Unis et de leurs alliés, notamment la Corée du Sud et le Japon.
  2. Prolifération technologique : Les drones nord-coréens pourraient être exportés vers des nations sous embargo, ce qui compliquerait les efforts internationaux de contrôle des armements.
  3. Impact sur la guerre en Ukraine : En soutenant la Russie, Pyongyang pourrait fournir à Moscou des drones utilisables contre des cibles stratégiques ukrainiennes.
Adelaide Motte

Diplômée en géopolitique, Adélaïde a travaillé comme chargée d'études dans un think-tank avant de rejoindre Economie Matin en 2023.

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