La crise politique actuelle est marquée par une instabilité croissante au sommet de l’État. Michel Barnier risque la censure, Emmanuel Macron la démission, et la situation pousse les Français à s’interroger sur le rôle et l’efficacité du Parlement.
Motion de censure et 49.3 : ce que pensent les citoyens du Parlement
Le Parlement, éloigné des Français ?
Selon l’Observatoire Parlement, une étude réalisée par Toluna Harris Interactive, seulement 44 % des Français estiment que l’Assemblée nationale a la capacité de changer leur vie. Ce chiffre, en baisse par rapport à 2022, reflète un manque de confiance croissant envers cette institution. En revanche, les collectivités territoriales progressent (+4 points), renforçant leur crédibilité auprès des citoyens.
Le sentiment d’efficacité des députés est également en berne. Moins d’un Français sur deux (48 %) se déclare satisfait du travail des groupes parlementaires. Parmi eux, le Rassemblement National (RN) est le seul à afficher une légère progression (+3 points), consolidant son rôle de principale opposition. À l’inverse, les groupes de l’ex-majorité présidentielle (Horizons, Renaissance, Modem) atteignent leur plus bas niveau de confiance.
L’utilisation controversée de l’article 49.3
La récente utilisation de l'article 49.3 par le gouvernement Barnier pour le projet de loi de finances est perçue négativement par 64 % des Français. Une telle procédure, bien que constitutionnelle, est jugée comme une atteinte à la démocratie parlementaire. Cette perception reflète une défiance grandissante envers des pratiques jugées autoritaires et peu ouvertes au dialogue.
Dans un contexte de paralysie institutionnelle, 51 % des sondés estiment que le Président Emmanuel Macron devrait dissoudre l'Assemblée nationale. Cette option, bien que radicale, semble séduire aussi bien les sympathisants de l’opposition que certains membres de la majorité.
Le Parlement face à une crise de légitimité
Le Parlement, souvent décrit comme le cœur du débat démocratique, semble aujourd'hui perdre de son aura. Cette situation découle de plusieurs facteurs. La dissolution de l’Assemblée en 2024 a engendré une composition encore plus divisée, rendant les compromis difficiles. De plus, les Français expriment des attentes claires en matière de réformes sociales et économiques, mais ces dernières peinent à se concrétiser.
Malgré tout, certains acteurs appellent à une posture constructive. La ministre Geneviève Darrieussecq a récemment plaidé pour une coalition autour de « thèmes forts pour les Français », illustrant la nécessité d’un dialogue renforcé entre les forces politiques.
Une dissolution inévitable ?
La perspective d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée l’été prochain semble se profiler. 44 % des Français considèrent cette hypothèse comme plausible, tandis que 51 % la jugent nécessaire pour sortir de l’impasse actuelle. Ce chiffre, jamais atteint depuis 2022, traduit une lassitude croissante face à la situation politique.
En cas d’élections législatives anticipées, les projections montrent une défiance accrue envers le parti présidentiel Renaissance, avec moins de la moitié des électeurs souhaitant lui accorder une majorité absolue. Cette dynamique pourrait ouvrir la voie à une recomposition politique majeure.
Le Rassemblement National tire son épingle du jeu
Parmi les divers groupes parlementaires, le Rassemblement National (RN) se distingue par une satisfaction relative de ses électeurs. Selon l'Observatoire Parlement, le RN est perçu par ses partisans comme l’opposition la plus crédible au gouvernement. Il enregistre une dynamique positive, atteignant son plus haut niveau de satisfaction depuis le début de cette mesure barométrique. Cette perception contraste fortement avec celle des groupes de l’ex-majorité présidentielle, qui peinent à convaincre même leurs propres sympathisants.
Si une nouvelle dissolution devait être prononcée, le RN semble bien positionné pour en tirer parti. Ses électeurs se montrent particulièrement mobilisés, et les sondages indiquent qu’une grande partie d’entre eux voient dans une nouvelle majorité RN une opportunité de changement concret. Jordan Bardella, président du parti, a récemment réaffirmé que le RN était prêt à « assumer des responsabilités de premier plan si une telle opportunité se présentait ».
Le NFP entravé par des guerres intestines
Selon les données de l’Observatoire Parlement, le NFP bénéficie d’une certaine reconnaissance pour sa capacité à fédérer des forces disparates autour de priorités communes. Environ 61 % des sympathisants de la France Insoumise, principal pilier du NFP, estiment que la situation politique actuelle est une opportunité pour renforcer l’influence de cette coalition. Cependant, les divergences internes, notamment sur l’après-Barnier, posent la question de la durabilité de cette alliance.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste (PS), a récemment affirmé : « Le NFP doit incarner une opposition constructive, mais sans céder au dogmatisme ou au blocage systématique. » Cette posture illustre les tensions entre les approches plus protestataires de La France Insoumise et la volonté de compromis d’autres membres du NFP.