Ils sont 6 700. Venus des quatre coins du globe. Dans quelques semaines, ils devaient recevoir leur diplôme. Mais l’administration Trump vient de changer les règles du jeu. Harvard est sommée de renvoyer ses étudiants étrangers. Une offensive sans précédent.
L’administration Trump interdit à Harvard d’accueillir des étudiants étrangers

Une décision brutale. Un symbole piétiné. L’université la plus célèbre au monde ciblée par la Maison Blanche. Une bataille politique déguisée en guerre contre l’antisémitisme ? Ce qui se joue va bien au-delà des bancs de Cambridge.
L’université Harvard privée de son visa mondial
Jeudi 22 mai 2025, la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem a signé la révocation immédiate du programme Sevis de Harvard, le système qui permettait à l’université de Cambridge d’accueillir des étudiants étrangers. Résultat ? Interdiction pure et simple d’inscrire de nouveaux étudiants non-américains pour la rentrée 2025-2026. Et ceux déjà présents ? Obligés de quitter les lieux ou de se faire transférer, sous peine de perdre leur visa F ou J.
Les conséquences sont vertigineuses. Près de 27 % des inscrits sont concernés, soit environ 6 700 personnes, de 140 pays différents. Pour une institution où chaque étudiant international représente jusqu’à 87 000 dollars par an, cette sanction n’est pas qu’académique. C’est un coup de hache dans la caisse.
Harvard est une vitrine du modèle universitaire américain. Et pour Donald Trump, un bastion à démolir. Depuis son retour à la Maison Blanche, le président multiplie les attaques contre les universités dites « woke ». Harvard est en ligne de mire depuis des mois. Cette révocation ? Une étape de plus.
Kristi Noem l’écrit noir sur blanc dans sa lettre : « un environnement dangereux, hostile aux étudiants juifs », des « sympathies pro-Hamas » et des politiques de diversité qualifiées de « racistes ».
Un signal envoyé à toute l’Ivy League
Ce bras de fer avec Harvard suit une logique déjà entamée : coupes budgétaires massives, retraits de subventions, menaces fiscales. L’université a déjà perdu 2,6 milliards de dollars d’aides publiques sous Trump, et pourrait bientôt perdre encore 850 millions par an via une réforme de taxation des fondations.
Les autres établissements observent. Columbia, Yale, Princeton. Tous sur la défensive. Mais Harvard ne plie pas. Elle attaque même en justice, dénonçant une « décision illégale » et une tentative de mise sous tutelle politique.
Les étudiants étrangers injectent près de 44 milliards de dollars par an dans l’économie américaine. Ils créent près de 380 000 emplois. Ils ne touchent pas d’aides fédérales et paient souvent le tarif plein. À Harvard, leur contribution aide à financer les bourses des étudiants américains. Sans eux, le système vacille.
Le programme Sevis n’est pas un luxe. C’est une infrastructure vitale pour faire venir les talents du monde entier. Leur exclusion envoie un signal dangereux. L’université l’a dit elle-même : « cette mesure de rétorsion menace notre communauté et notre mission ». Et ce n’est pas qu’un effet d’annonce. Le New York Times et Reuters ont souligné l’impact financier direct sur Harvard. Moins de revenus, plus de pression sur les aides sociales, plus de difficultés à recruter.